Blue Flag, la diplomatie aérienne d’Israël.

Tous les deux ans, Israël invite des armées alliées à participer à l’exercice aérien Blue Flag. L’édition 2021 est la cinquième et la plus importante jamais organisée. Six pays y participent : les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Italie, l’Inde, la Grèce et la France. Chacun aligne une escadrille. La France avec ses Rafale, les aviations britannique et allemande avec des Eurofighters, l’Inde avec des Mirage, les Grecs et les Américains avec des F-16 et les Italiens avec des F-35.

La semaine dernière, la chasse allemande en formation avec des appareils israéliens avaient même survolé Jérusalem, pour la première fois depuis la Première guerre mondiale. De même que la Royal Air Force n’était pas revenue dans le ciel d’Israël depuis 1948. Au-delà des aspects symboliques, l’exercice organisé par l’aviation israélienne est l’un des plus prisés des armées de l’air.

De même que Tsahal de son côté a l’occasion de se familiariser avec d’autres techniques de vol. Sans compter les pays qui ont seulement le statut d’observateur, plus d’une demi-douzaine, dont l’Australie, la Corée du Sud et le Japon, pour cet exercice qui doit durer deux semaines. Ce qui en fait le plus important en nombre de pays invités et qui regroupe une quarantaine d’appareils et plus de 1.500 personnes sur la base aérienne d’Ovda, dans le sud du Néguev.

Cette année, c’était aussi l’occasion d’une rencontre du club très fermé des onze armées dotées des chasseurs bombardiers F-35 qu’Israël a été le premier pays à pouvoir acheter aux Américains. Et c’est ce qui a particulièrement intéressé le commandant de l’armée de l’air des Emirats Arabes Unis, pour la première fois invité en Israël. Le général Ibrahim Nasser al Alaoui a été reçu par son homologue israélien. Le général Amiram Norkin a souligné que le Proche-Orient était une zone complexe, qui change en permanence. Les défis ne font qu’augmenter ce qui nous oblige à avoir toujours un coup d’avance.

Les menaces sur Israël viennent de plusieurs directions, depuis Gaza jusqu’à l’Iran, en passant par la Syrie et le Liban. Cet exercice nous permet de mieux nous préparer pour remplir notre mission » a expliqué le commandant de l’aviation de Tsahal.

Les Israéliens forment l’équipe rouge et sont opposés à l’équipe bleue, composée des pilotes étrangers et simulent des opérations incluant combat aérien, tirs de missiles, et autres interventions de drones, toute la gamme des scénarios auxquels doivent répondre aujourd’hui les aviations militaires. Et cela permet aux équipes invitées et observatrices comme aux pilotes israéliens d’améliorer leur coordination et leur communication.

Si l’Iran est donc toujours en arrière-plan, il n’est jamais expressément évoqué dans les exercices conduits avec les aviations qui participent à Blue Flag. Mais il est clair pour tous, et en particulier pour le commandant de l’armée de l’air émiratie que c’est bien l’Iran qui est au cœur des considérations stratégiques d’Israël, une menace qui concerne également les Emirats, qui doivent d’ailleurs acquérir à leur tour des chasseurs F35.

Dans les messages qu’Israël adresse à l’Iran, l’un des plus récents est justement la préparation de l’aviation de Tsahal qui va acquérir de nouveaux armements et équipements pour être en mesure de frapper en Iran, si cela devenait nécessaire. Nul doute que le succès de Blue Flag suscite aussi de l’intérêt du côté de Téhéran.

Pascale Zonszain. Radio J (Copyrights).

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