Une femme de 96 ans, ancienne secrétaire dans un camp de concentration, était censée comparaître cette semaine devant le tribunal pour répondre des accusations de complicité dans la mort de plus de 11 000 personnes, dans ce qui pourrait être l’un des derniers procès nazis en Allemagne.

Mais au lieu de prendre un taxi pour se rendre de sa maison de retraite située à l’extérieur de Hambourg au tribunal voisin, Irmgard Furchner, qui avait 18 ans lorsqu’elle a commencé à travailler en 1943 dans le camp de concentration de Stutthof, en Pologne, s’est dirigée vers une station de métro proche, selon le tribunal.

On n’a pas su immédiatement où Mme Furchner, qui avait déjà dit aux journalistes et au juge qu’elle ne voulait pas participer au procès, se dirigeait, mais elle a rapidement été appréhendée par la police après que le tribunal a signalé sa disparition. Le tribunal, situé dans la ville d’Itzehoe, a déclaré qu’elle faisait l’objet d’une enquête médicale.

Mme Furchner a été inculpée en février après une enquête de cinq ans sur son travail de secrétaire du commandant du camp de Stutthof, situé près de Gdansk, alors appelé Danzig, entre juin 1943 et avril 1945. L’acte d’accusation s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par les procureurs allemands au cours de la dernière décennie pour obliger les personnes de rang inférieur à répondre de leurs actes pendant l’Holocauste.

Mais ils se sont lancés dans une course contre la montre pour traduire en justice des suspects âgés. L’année dernière, un tribunal de Hambourg a condamné un homme de 93 ans, qui était gardien dans le même camp de concentration, pour 5 230 chefs d’accusation de complicité de meurtre.

Mme Furchner avait écrit au juge pour demander un procès par contumace, ce qui n’est pas autorisé par la loi allemande, et avait été avertie qu’elle risquait des conséquences juridiques si elle ne se présentait pas au tribunal.

Mme Furchner devait entendre les accusations portées contre elle jeudi matin et avoir la possibilité de répondre. Mais le tribunal, qui avait été déplacé dans un entrepôt local pour accueillir davantage de spectateurs et de médias en raison du grand intérêt suscité par l’affaire, a dû attendre avant que le juge n’ordonne à la police de retrouver la femme et de la faire venir.

Le tribunal avait précédemment déterminé que Mme Furchner ne pourrait pas assister à des journées entières de procédures judiciaires en raison de son âge avancé, et avait accepté d’organiser des sessions plus courtes pour elle, bien qu’elle ait été classée comme étant suffisamment apte physiquement pour être jugée.

Le procès porte sur la question de savoir dans quelle mesure Mme Furchner était au courant des meurtres perpétrés dans le camp où elle travaillait. Mme Furchner a témoigné dans des procès nazis dans l’Allemagne d’après-guerre, notamment dans un procès qui a abouti à la condamnation du commandant du camp, Paul-Werner Hoppe, qui était son supérieur direct.

Le Comité international d’Auschwitz, un groupe fondé par des survivants d’Auschwitz, a condamné la fuite de cette femme. Christoph Heubner, vice-président exécutif du groupe, a déclaré : « Cela témoigne d’un incroyable mépris pour l’État de droit et aussi pour les survivants. »

Source : New York Times & Israël Valley

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