Face à la propagation du Covid-19, Israël s’apprête à dégainer la grosse artillerie technologique et a annoncé la mise en place d’un système surnommé « Oméga » capable de réaliser des scanners génétiques.
Parmi les autres mesures mises en place, l’État hébreu va aussi muscler la lutte contre la fraude aux faux tests négatifs.
L’objectif consiste également à accroître la couverture vaccinale chez les deux catégories de population les plus pauvres et les plus réticentes à la vaccination : les Arabes israéliens et les juifs ultra-orthodoxes.
« Il s’agira d’une sorte de radar à virus ». C’est par ces quelques mots, pour le moins flous, que le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, a décrit la nouvelle arme anti-Covid que l’État hébreu s’apprête à dégainer.
Surnommé « Oméga », ce scanner génétique sera installé à l’aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv, principale porte d’entrée du pays, et tous les passagers en provenance de l’étranger devront se soumettre à cet examen.
« Il s’agit avant tout de barrer la route à un nouveau variant en Israël » a renchéri la ministre pour l’Égalité sociale, Meirav Cohen, afin de calmer les inquiétudes qu’une telle machine ne manque pas de faire naître.
L’annonce de l’arrivée d’Oméga a donc été noyée dans une série d’autres mesures déployées contre une épidémie qui dépasse désormais les 7 000 cas quotidiens. Parmi elles, l’introduction pour les tests effectués sur les élèves d’un code-barres censé empêcher les fraudes.
Certains parents déclarent en effet que leurs enfants ne sont pas infectés afin de s’éviter un confinement.
Commerce de faux négatifs.
Près de la moitié des infections de ces derniers jours concerne de fait des écoliers. Quelque 150 000 d’entre eux sont bloqués à la maison, condamnés aux cours en distanciel.
De leur côté, les enseignants qui ne veulent pas se faire vacciner, doivent désormais présenter régulièrement et à leur frais un test négatif.
Toutes ces mesures traduisent la nervosité des autorités. « Notre patience est à bout » a tonné Naftali Bennett. « Refuser de se faire vacciner provoque la mort » a surenchéri Nitzan Horowitz, le ministre de la Santé. L’immense majorité des malades dans un état grave ou dont le diagnostic vital est engagé n’ont reçu aucune dose de vaccin.
Et pour tenter de passer au travers des contrôles et limitations imposés aux non-vaccinés, certains sont prêts à utiliser tous les moyens pour tricher. Un exemple récent a frappé l’opinion publique. Au début de la semaine environ 25 000 juifs, ultra-orthodoxes pour la plupart, sont revenus du traditionnel pèlerinage organisé à l’occasion du Nouvel An juif sur la tombe du rabbin Nahman de Bratslav dans la ville d’Ouman en Ukraine. Parmi eux, 1 400 cas de Covid-19 ont été recensés.
Orthodoxes et Arabes israéliens en première ligne
Pire encore, alertée par Check Point, une des plus importantes compagnies israéliennes spécialisée dans la cybersécurité, la police israélienne a détecté plus de 200 faux tests négatifs présentés par des participants à cet événement alors qu’ils se savaient contaminés. Ces documents forgés de toutes pièces étaient disponibles sur des sites Internet pour la modique somme de 25 euros l’unité. Selon les médias israéliens, le nombre de fraudeurs pourrait en fait être plus important.
Cette histoire reflète aussi la sociologie du pays. La plupart de ceux qui refusent le vaccin se recrutent au sein des deux populations les plus pauvres : d’un côté les ultra-orthodoxes juifs qui représentent 10 % de la population et 21 % des cas de Covid. De l’autre, les Arabes israéliens, une communauté regroupant un cinquième de la population. Au sein de ces deux communautés, des rumeurs et informations erronées sur la dangerosité prêtée aux vaccins se sont propagées, alimentant une méfiance viscérale vis-à-vis des autorités. En revanche, seule une petite minorité de juifs laïcs refusent pour des raisons idéologiques ou au nom de la liberté de se soumettre à toute mesure qu’ils jugent contraignante.
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