Un légionnaire arborant fièrement un tatouage de croix gammée, prenant la pose façon Adolf Hitler face à la tour Eiffel ou incitant des enfants noirs à accomplir le salut nazi : Mediapart a publié une enquête documentée révélant des dérives néonazies dans l’armée française. Le site d’information a recensé une cinquantaine de militaires français affichant ouvertement des convictions néonazies.
La plupart officient dans des régiments de la Légion étrangère mais d’autres bataillons sont concernés « à la marge », selon Mediapart, qui cite le 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (3e RPIMa), le 35e régiment d’infanterie (35e RI) et le 132e régiment d’infanterie cynotechnique (132e RIC).
Le ministère des armées a réagi mercredi, jugeant « très graves » les faits soulevés par le site d’informations, et affirmant qu’ils font « l’objet d’une analyse minutieuse ». Florence Parly a affirmé lors d’une audition au Sénat que ces comportements, « totalement inadmissibles », « sont le fait de dérives individuelles ». « On ne peut absolument pas parler de filière, a ajouté la ministre des armées. Il s’agit de cas très déviants mais isolés, nullement représentatifs des militaires français. »
Le ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, s’est dit « affligé » par les images montrant des enfants faisant le salut nazi en Guyane. « En aucun cas elles ne reflètent le travail remarquable des armées dans les outre-mer pour protéger et secourir nos compatriotes, dans le respect de notre devise : “Liberté, Egalité, Fraternité” », a-t-il ajouté.
« Mediapart » met en doute la sévérité des sanctions
« Toutes les idéologies néfastes, nauséabondes, révisionnistes, extrémistes sont proscrites dans les armées », a assuré le ministère des armées, déclarant qu’il n’existe « aucune tolérance » pour ces faits. Dans son enquête, Mediapart met en doute la sévérité des sanctions prononcées par l’institution dans de tels cas.
« Comme la ministre des armées Florence Parly a eu l’occasion de le dire, il faut bien entendu rester humble car aucun dispositif de détection n’est infaillible », a répondu le ministère, qui souhaite relativiser les dizaines de cas recensés par Mediapart dans les rangs de la défense, qui compte 210 000 militaires.
Assurant avoir déjà « lourdement sanctionné » sept militaires néonazis évoqués par une première enquête de Mediapart en juillet 2020, le ministère affirme que « les quelques profils révélés par le journal et qui sont toujours en activité seront lourdement sanctionnés ». Sur les cinquante cas cités par Mediapart, « sept n’avaient pas été détectés », a précisé Mme Parly au Sénat, appelant à redoubler de vigilance.
Le ministère souligne par ailleurs qu’« une douzaine » des militaires identifiés par le média en ligne dans son dernier article « ne sont plus liés aux armées ». De son côté, Mediapart explique dans son article que les personnes observées dans son enquête étaient « pour la quasi-totalité des militaires incriminés (…) concomitants avec leur période d’engagement ».