Nicolas Lerner, 43 ans, est à la tête de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) depuis 2018. Désigné chef de file de la lutte antiterroriste, le service de renseignement comprend aujourd’hui 4.700 agents, contre 3.200 à sa création en 2014. En Israël, seuls les grands patrons israéliens du renseignement le connaissent. Couvert par le Secret Défense , les relations France-Israël sont bien plus importantes que ce que l’on imagine. (DR)
Le JDD : La cour d’assises s’apprête à juger à partir du 7 septembre les attentats islamistes de novembre 2015. Six ans après, quel est le niveau de la menace visant la France?
N.L. La menace reste très élevée. Au cours des dix-huit derniers mois, le territoire national a ainsi été touché à sept reprises par une attaque terroriste. Sur la même période, l’action de la DGSI a permis de déjouer cinq projets d’attentat. Plus de 7.500 personnes continuent de faire l’objet d’un suivi actif de la part des services de renseignement.
Cela veut-il dire qu’un scénario du type novembre 2015 est encore possible?
Si un tel scénario est toujours possible, ce n’est pas le plus probable. Grâce notamment à l’action de la coalition militaire, qui a abouti à la chute du califat proclamé par le groupe État islamique (EI), et aux nombreuses actions d’entrave conduites à l’intérieur de nos frontières, la menace d’une attaque projetée a considérablement diminué par rapport à 2015.
De même, le risque de subir une action soutenue depuis la zone syro-irakienne, comme celles que nous avons connues ou déjouées entre 2015 et 2017 sous l’effet de l’influence directe de djihadistes comme Rachid Kassim, est désormais contenu. Pour autant, si la propagande diffusée par les organisations terroristes n’est heureusement plus aussi accessible qu’il y a quelques années, grâce à l’action des pouvoirs publics et des plateformes du numérique, les incitations à la haine et à la violence visant notre pays n’ont pas disparu. Ces discours continuent de nourrir une menace « inspirée », une menace renforcée ces derniers temps par les propos de tous ceux qui, de manière parfois insidieuse mais toujours présente.
LE PLUS. Nicolas Lerner est directeur général de la Sécurité intérieure depuis le . Lerner est licencié en droit. Il étudie à l’Institut d’études politiques de Paris, dont il est diplômé en 1999. Il est admis en 2002 à l’École nationale d’administration (promotion Léopold-Sédar-Senghor).
Il en sort en 2004 comme administrateur civil. Il est affecté au secrétariat général du ministère de l’Intérieur.
Il rejoint la préfectorale. Il est directeur de cabinet du préfet de l’Hérault puis est nommé sous-préfet de Béziers en 2014.
En 2015, il devient directeur de la sécurité générale en Corse-du-Sud.
En 2018, alors directeur adjoint au ministère de l’Intérieur, il est nommé à la tête de la direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI). Il devient alors le plus jeune patron du renseignement intérieur français, à 40 ans.