Le Parlement israélien organise, dimanche 13 juin, le vote de confiance au nouveau gouvernement, dernière étape avant l’installation au pouvoir de la coalition qui permettra ainsi d’évincer le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à la tête du gouvernement depuis 12 ans sans discontinuer.
Israël s’apprête, dimanche13 juin, à ouvrir une nouvelle page de son histoire avec un vote attendu du Parlement pour entériner une « coalition du changement » devant mettre un terme au règne de Benjamin Netanyahu, le plus long de l’histoire du pays.
La Knesset se réunit en session spéciale à partir de 16H00 locales (13H00 GMT) afin de permettre au centriste et dirigeant de l’opposition Yaïr Lapid et au chef de la droite radicale Naftali Bennett de présenter leur équipe qui fera l’objet en soirée d’un vote.
Cette coalition hétéroclite -réunissant deux partis de gauche, deux de centre, trois de droite et une formation arabe- a réuni la majorité nécessaire de 61 députés sur les 120 au Parlement.
Et à moins d’un revirement de dernière minute, elle devrait obtenir la bénédiction des élus, qui permettra ainsi d’évincer du pouvoir Benjamin Netanyahu, à la tête du gouvernement depuis 12 ans sans discontinuer.
Confronté depuis un an à un procès pour corruption, Benjamin Netanyahu, 71 ans, a été encore samedi soir la cible d’une nouvelle manifestation de protestation.
Devant sa résidence officielle à Jérusalem, des manifestants n’ont pas attendu le vote pour célébrer la « chute » du « roi Bibi », surnom de M. Netanyahu qui a été le visage d’Israël depuis son retour au pouvoir en 2009, après trois ans à la tête du gouvernement de 1996 à 1999.
« Netanyahu n’a cherché qu’à nous diviser, une partie de la société contre l’autre, mais demain nous serons unis, droite, gauche, juifs, arabes », a déclaré Ofir Robinsky, un manifestant.
« C’est bon, c’est fini, il s’en va », a lancé de son côté Gali Israel Tal, une manifestante de 62 ans.
« Transition pacifique »
La nouvelle coalition sera dirigée par Naftali Bennett, le chef du parti de droite Yamina, pendant les deux premières années, puis par Yaïr Lapid pour une période équivalente.
Après le vote prévu à la Knesset, une passation de pouvoir formelle doit avoir lieu lundi au bureau du Premier ministre.
Ces derniers jours, des députés de Yamina ont été la cible d’une intense campagne visant à les décourager de voter pour le nouveau gouvernement.
Quoi qu’il en soit, le Likoud de M. Netanyahu a promis un « transfert de pouvoir pacifique » après plus de deux ans de crise politique marquée par quatre scrutins qui ont débouché soit sur une incapacité à former un gouvernement, soit sur un gouvernement d’union n’ayant duré que quelques mois.
Après les dernières législatives de mars, l’opposition s’est soudée contre M. Netanyahu et -fait rarissime- a réussi à rallier le parti arabe israélien Raam de l’islamiste modéré Mansour Abbas.
« Le gouvernement oeuvrera pour toute la population -les religieux, les laïcs, les ultra-orthodoxes, les Arabes – et ce, sans exception », a promis Naftali Bennett, ex-proche de M. Netanyahu.
« La population mérite un gouvernement responsable, efficace, qui place le bien du pays à la tête de ses priorités », a renchéri Yaïr Lapid, qui devrait être chef de la diplomatie sous M. Bennett.
Au-delà de ces déclarations, la coalition s’est engagée à mener une enquête sur la bousculade du Mont Méron (45 orthodoxes décédés), à réduire la « criminalité » dans les villes arabes, à défendre les droits des personnes LGBT mais aussi à renforcer la présence israélienne en zone dite C en Cisjordanie, c’est-à-dire la zone sur laquelle Israël a un contrôle militaire et civil entier et qui représente environ 60% de ce territoire palestinien occupé depuis 1967.
Défis
Dès son entrée en fonction, le nouveau gouvernement serait confronté à des défis pressants comme la marche prévue mardi de l’extrême droite israélienne à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël.
Le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza, une enclave palestinienne sous blocus israélien, a menacé de représailles en cas de tenue de cette marche près de l’esplanade des Mosquées, sur fond de vives tensions à propos de la colonisation israélienne à Jérusalem-Est.
Le 10 mai, le Hamas avait lancé des salves de roquettes vers Israël en « solidarité » avec des Palestiniens blessés lors de heurts avec la police israélienne à Jérusalem, ce qui avait mené à une guerre de 11 jours avec l’armée israélienne.
Un cessez-le-feu favorisé par l’Egypte a mis fin au conflit, mais, et ce sera un autre défi pour le gouvernement, des pourparlers en vue d’une trêve durable n’ont pas abouti.
Quant au Premier ministre sortant, il pourrait devoir aussi affronter, selon la presse locale, une vague de contestation au sein du Likoud, des élus cherchant à tourner, en interne, la page Netanyahu.
Avec AFP