L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dénonce les entraves posées par les autorités iraniennes à l’accès aux données concernant sa filière nucléaire.

C’est un bâton de plus dans la roue des négociations sur la limitation du nucléaire iranien, dont les rouages ont toutes les chances de gripper. Selon deux rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) rendus publics, l’Iran comptabilise désormais une quantité d’uranium faiblement enrichi 16 fois supérieure à la limite autorisée par l’accord de 2015 (JCPoA). L’accumulation de matière fissile nécessaire à la fabrication d’une bombe nucléaire est une affaire de quelques mois à peine au vu des quantités enregistrées.

Une information qui tombe à pic, en plein cycle de négociations entre les signataires de l’accord, dont les États-Unis et la France, réunis à Vienne pour tenter de le sauver. Depuis 2018 et le rétablissement des sanctions américaines ordonné par Donald Trump, Téhéran s’en est peu à peu affranchi, violant, sans s’en cacher, ses obligations  en termes de recherche et développement, de quantité d’uranium enrichi et de centrifugeuses en action.

Ces derniers mois, l’Iran est passé en termes d’enrichissement de l’uranium de 20% à plus de 60%, se rapprochant ainsi des 90% nécessaires à une utilisation militaire. Une manière de dénoncer les sanctions qui pèsent sur un pays exsangue économiquement, et de mettre la pression sur les chancelleries occidentales pour la suite des pourparlers sur la suite.

Trois types d’uranium sont évoqués dans les rapports de l’AIEA. L’uranium faiblement enrichi accumulé par l’Iran atteint 3.241 kilos alors que le plafond fixé par l’accord était de 202,8 kilos (contre 2.967,8 kilos en février). La cadence s’est toutefois ralentie par rapport aux trois mois précédents, alors que le complexe nucléaire de Natanz a été victime le 11 avril d’une explosion imputée par Téhéran à Israël. Le stock à 20% s’élève à 62,8 kg. Et, enfin, celui à 60% est de seulement 2,4 kg pour le moment. L’AIEA n’a cependant pas pu vérifier ces chiffres en raison des restrictions d’accès décrétées par Téhéran depuis la mi-février.

L’organisation onusienne se plaint, dans son rapport, de ne pas avoir eu accès aux données nécessaires pour surveiller l’évolution du programme nucléaire développé par l’Iran depuis le 23 février dernier, au mépris des accords internationaux qui obligent Téhéran à fournir de telles informations. Trois sites nucléaires au total sont dans son viseur de l’organisation, qui en mentionne un quatrième, pour lequel « l’Iran n’a pas répondu aux questions ».

« Le directeur général (Rafael Grossi) est préoccupé par le fait que les discussions techniques entre l’Iran et l’Agence n’ont pas produit les résultats escomptés », écrit l’AIEA port au sujet de réunions débutées en avril pour tenter de « sortir de l’impasse », et de clarifier la présence de matières nucléaires en plusieurs endroits.

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