Le marché du vrac est en plein boom. Et si le produit est biologique, il y a carton plein. Au cœur de cette mouvance, Franck Bonfils a créé Juste Bio dans le Vaucluse, une affaire devenue leader en un temps record.

Ce provençal né en 1975 s’amuse plutôt bien alors qu’il est étudiant à Aix-en-Provence. Vice champion de France de BMX, il déborde d’idées parfois farfelues, comme cette façon de griller des cacahuètes dans la cuisine pour les revendre aux cafés des alentours. Une blague ? Non, puisque ses petites cacahuètes et chouchous séduisent alors même des supermarchés !

Des débuts en famille

Le jeune Franck, devenu marchand de fruits secs et de graines, se transforme alors en créateur d’entreprise à 25 ans. L’appui familial joue un rôle important dans cette première étape ; les parents de Franck évoluent dans la logistique, et facilitent les débuts. « Un Air d’Ici », le nom de sa petite entreprise, démarre avec une marque : « La Maison des Bistrots », apposée sur les emballages de graines salées apéritives, d’aides culinaires et autres graines biologiques.

Le bio en avant toute

A partir de 2009, Franck Bonfils prend le virage du biologique, suivi de celui du vrac bio. Face au succès, la troisième phase s’enclenche automatiquement en 2017 avec le lancement de « Juste Bio » qui s’attaque directement au vrac dans la grande distribution en proposant la prise en charge de la gestion du mobilier prévu spécifiquement pour vendre les produits de l’entreprise. Car le vrai succès de l’entreprise, son essor, date vraiment du moment où Franck Bonfils a vendu plus qu’un produit, mais un vrai service complet incluant un savoir-faire qui facilite la tâche des équipes de ses clients.

Leader du 100% bio en vrac

« Un Air d’Ici » devient leader sur les fruits et légumes secs 100% bio en vrac en livrant plus de 3000 points de vente en France. Depuis l’an dernier, de nouveaux chantiers sont mis en route, tels que l’export, les réseaux de restauration sans oublier la voie du biodégradable, sans oublier de nouveaux produits tels que pâtes à tartiner et purées bio dérivées de fruits secs. « Une manière de consommer », c’est ainsi que Franck Bonfils décrit le vrac. Pendant longtemps, il était réservé aux purs et durs du bio. Aujourd’hui, c’est la préoccupation environnementale qui fait revenir ce type de marchandises au premier plan. Peu ou pas d’emballage, des portions sur mesure pour ne pas gaspiller, donc moins de déchets. Le vrac semble avoir tout bon.

20 ans d’esprit start-up

« Ça ne fonctionnera jamais », voici les commentaires qui ont accueilli les premières propositions vrac de Franck Bonfils. Heureusement, l’entrepreneur ne se laisse pas facilement décourager. Dans le monde alimentaire, l’esprit start-up n’est pas vraiment répandu, mais les 90 collaborateurs de l’entreprise témoignent d’un bel esprit de solidarité et d’écoute, l’un des secrets de sa réussite. A tel point qu’on le surnomme le « cool boss » Son autre recette tient certainement à sa façon de coller au plus près du marché, n’hésitant pas à adapter son offre en fonction des évolutions et des attentes des clients. Il rappelle d’ailleurs qu’il n’est pas « né » dans le bio, mais qu’il est ce qu’il appelle un « bioconverti », adepte du petit geste quotidien et du zéro déchet, ce qui l’a mené à diriger la première entreprise à proposer des produits 100% durables.

Le choc de la simplification

Il n’existe pas que pour l’administration. Selon Franck Bonfils, cette démarche doit exister partout, y compris dans la démarche alimentaire. Quant au bio, il doit pouvoir être non seulement proposé à tous, mais surtout accessible à tous. Pendant le confinement de printemps, l’entreprise a marqué des points auprès de ses clients, en rendant ses équipes disponibles pour remplir les rayons de vrac pour les magasins qui le souhaitaient. Un coup de main apprécié alors que les équipes de grande distribution étaient débordées. En complément, « Un Air d’Ici » a développé une signalétique pour expliquer la façon de se servir sans risque.

Une actualité qui fait du bien

En ces temps compliqués sur le plan économique, une construction d’usine est bonne à prendre, d’autant qu’elle s’assortit de nouveaux recrutements. Carpentras a donc vu en juin la naissance de la « première usine zéro plastique » en Europe selon les dires du fondateur, qui abritera également les bureaux du siège social. 10 000 m2 pour fabriquer des produits non polluants grâce à un travail de recherche qui a duré deux ans en partenariat avec une start-up israélienne et un fabricant d’emballage français. Le résultat ? La conception et la production de 58 références à marque « Juste Bio » et « Louis & P’tit Jules ». Le tout en sachets 100% biodégradables et compostables permettant une durée de vie des produits de neuf mois.

Une prise de risque non négligeable, car elle représente un investissement de 15 millions d’euros, la moitié pour l’immobilier, le reste pour les équipements industriels. Si l’on ajoute à cela une soixantaine de personnes embauchées sur les deux dernières années, voilà de quoi conforter l’optimisme de Franck Bonfils, un créateur passé « de graine de champion au champion de la graine » !

V.D.

/www.entreprendre.fr/
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