Les médias israéliens, depuis le conflit Hamas-Israël à Gaza, s’intéressent à l’Ambassadeur de France en Israël et découvrent une personnalité exceptionnelle.

Éric Danon est ambassadeur de France en Israël depuis août 2019. Après des études secondaires et en classes préparatoires au Lycée Louis-le-Grand à Paris, Éric Danon intègre l’École normale supérieure de Saint-Cloud (promotion S1977). Il est reçu à l’agrégation de sciences physiques en 1980.

Il obtient une année d’école supplémentaire pour achever sa spécialisation en physique nucléaire puis effectue son service militaire en 1982-83 dans l’Armée de l’air comme « ingénieur scientifique du contingent ». Affecté au LRBA (Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques) à Vernon, il y travaille pendant un an sur les systèmes d’emport des charges nucléaires à bord des missiles stratégiques.

Dans le même temps, il est reçu en 1979 à Sciences Po Paris dont il sort diplômé en 1983 (section Service public) ; il intègre ensuite l’École Nationale d’Administration (1984-1986, promotion Denis-Diderot).

Éric Danon a consacré l’essentiel de sa carrière, dans le secteur public comme dans le secteur privé, aux questions stratégiques, à la lutte contre les menaces criminelles contemporaines et à la coopération avec les pays en développement.

Prospective et questions stratégiques

Il entre au Ministère des Affaires étrangères à sa sortie de l’ÉNA en 1986 où, après un an à la direction d’Amérique (relations économiques avec l’Amérique du Nord), il devient rédacteur, à la direction politique, pour les négociations sur l’interdiction des armes chimiques ainsi que sur la non militarisation de l’espace extra-atmosphérique.

En 1988, il intègre le cabinet du ministre des Affaires Étrangères comme conseiller technique sur les questions « Est-Ouest » de sécurité et de désarmement. Il est à l’origine de la proposition française à l’ONU, en 1989, d’Agence de traitement des images satellitaires (ATIS) et de Centre international de trajectographie intégré au Secrétariat des Nations unies. Chargé du suivi de l’évolution des pays d’Europe centrale et orientale, il est l’un des rares diplomates français à participer, durant l’année 1990, à l’intégralité de la négociation dite « 2+4 » sur l’unification de l’Allemagne.

En 1991, Éric Danon est détaché à la division « Espace et Défense » de l’Aérospatiale (devenue Airbus), d’abord à la direction des satellites puis à la direction de la stratégie comme chef de la cellule de stratégie industrielle des engins spatiaux. Il y dirige notamment les négociations exploratoires avec l’Ukraine pour la création de joint ventures dans le domaine des petits lanceurs spatiaux.

Après un premier poste d’ambassadeur de France en Principauté de Monaco, Éric Danon devient, de mars 2008 à février 2012, ambassadeur, représentant permanent de la France à la Conférence du désarmement à Genève. Il représente alors la France à la Première Commission des Nations unies12,13 et dirige la délégation française dans un ensemble de négociations internationales relatives au désarmement et à la maîtrise des armements, notamment lors de la Conférence d’examen du Traité de Non Prolifération nucléaire (TNP) à New York, en mai 2010. Il est, dans le même temps, membre de la Commission présidée par François Roussely sur l’avenir de la filière nucléaire française.

Travaillant en parallèle sur les questions d’anticipation et de prospective, il est retenu pour devenir l’un des huit membres cooptés du « Groupe de décèlement précoce » qui se réunira de 2008 à 2012 une fois par mois à l’Élysée sous l’autorité du Secrétaire général de la Présidence de la République, pour passer en revue tous les sujets considérés comme « stratégiques » pour le pays. Il devient ensuite, de mars 2013 à septembre 2016, Directeur Général du Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégiques (CSFRS), Groupement d’Intérêt Public sous la tutelle du Premier Ministre, chargé de dynamiser et financer la recherche stratégique. Il organise notamment à ce titre les Assises Nationales de la Recherche Stratégique. Celles-ci ont porté en 2013 sur les « Risques et menaces de l’hypermodernité », en 2014 sur « Mondialisation, Politique et Religion – affrontements et perspectives » et, en 2015, sur « Qui est l’ennemi ? » Il assure aussi la production et la réalisation du premier CLOM / MOOC (Massive Open Online Course) sur les questions stratégiques diffusé, en septembre 2015, en partenariat avec le CNAM sur la plateforme France université numérique, auprès de 14 000 inscrits en ligne.

De septembre 2016 à septembre 2019, il occupe le poste de directeur général adjoint pour les Affaires politiques et de sécurité au Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères où il assure notamment la coordination des revues Sahel et Levant et, par délégation, la supervision du programme « 105 » de l’action extérieure de l’État (1,9 Mds d’euros). Dans le même temps, il intervient à l’École de guerre, alors dirigée par l’Amiral Loïc Finaz, sur les interactions entre action militaire et environnement diplomatique et y anime régulièrement le séminaire « Penser Autrement » sur le thème « Approche anticipatrice et prospective en contexte de forte incertitude ».

Menaces criminelles contemporaines

Éric Danon commence à étudier les questions de terrorisme en 1977, dans le cadre du séminaire au Collège de France « Sécurité, territoire, population » de Michel Foucault.  Il y suit notamment, à la demande de celui-ci, les développements de la coopération judiciaire franco-allemande mise en place pour lutter contre la Fraction Armée Rouge et les autres groupes terroristes de l’époque. En 1997, il est nommé sous-directeur de la Sécurité au Quai d’Orsay, chargé des « menaces transversales », responsable des aspects diplomatiques de la lutte contre le terrorisme, les trafics internationaux de toute nature et le blanchiment d’argent.

De cette sous-direction naîtront alors, en 1998 et 1999, de nombreuses contributions, dont le projet de Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme, adoptée en moins d’un an de négociation par l’ONU. Il est nommé chef de la délégation française pour la négociation de la convention contre le crime transnational organisé (dite convention de Palerme) ainsi qu’au Groupe de Lyon pour la lutte contre le crime organisé dans le cadre du G7/P8. Il devient, dans le même temps, chef-adjoint de la délégation au Groupe d’Action Financière contre le blanchiment des capitaux (GAFI) et chef de délégation au GAFIC (GAFI Zone Caraïbes).

En 2000, il travaille à la rédaction d’un projet de résolution de l’Assemblée générale de l’ONU permettant de définir les « Diamants de conflits », aussi appelés « Diamants du sang » et qui sera adoptée en fin d’année (Résolution AGNU n° 55/56). Il est nommé chef de la délégation française pour le « Processus de Kimberley » relatif à la mise en œuvre d’un système de certification international de l’origine des diamants. Il s’implique alors fortement dans ce dossier lors de la réunion organisée à Windhoek (Namibie) du 13 au 16 février 2001 qui fixe la feuille de route des négociations ; puis à la réunion de Moscou (2-5 juillet 2001) où la Commission Européenne propose les contours d’un système de certification complet ; et enfin à la réunion de Twickenham (Royaume-Uni), du 11 au 13 septembre 2001, où les participants s’affrontent sur la question du « contrôle versus libre circulation » des diamants venus des pays en guerre. L’attentat du 11 septembre 2001 le fait rappeler précipitamment à Paris pour travailler sur les conséquences géopolitiques de celui-ci.

Il dirige de 2002 à 2005 la société cotée Elva SA qui développe des systèmes d’interface crypto-acoustique destinés à sécuriser les transmissions de données sur Internet ; l’entreprise gagne en septembre 2004 le prix IST de la Commission Européenne pour le projet VocalID d’interface au format carte.

En juillet 2010, alors Ambassadeur à Genève pour le désarmement, il devient le premier chef de la délégation française pour la négociation à New York du Traité sur le Commerce des Armes (Arms Trade Treaty) débutées à l’ONU. Avec son homologue britannique John Duncan et l’ambassadeur argentin Roberto García Moritán qui dirige la négociation, il contribue à établir l’architecture du traité et, malgré les réticences de nombreuses délégations, parvient à y faire inscrire la nécessité de lutter contre la corruption liée aux ventes d’armes.

A son retour de Genève en 2012, il est nommé conseiller diplomatique d’Interpol dans le cadre du Programme de lutte contre les Trafics de Marchandises Illicites. Il supervise le plan stratégique d’Interpol pour la lutte contre ces trafics et les contrefaçons et devient Conseiller spécial du Secrétaire Général pour le lancement de l’Interpol Foundation for a safer world.

Conférencier au CNAM, il enseigne durant l’année universitaire 2018-19, à un public composé principalement de magistrats, d’officiers de police et de gendarmerie ainsi que de spécialistes du renseignement, les méthodologies d’analyse des menaces criminelles contemporaines (« Evolutions, mutations, ruptures dans le monde de l’illicite ») dans le cadre du Master II « Criminologie, Renseignement, Radicalisation, Terrorisme ».

Coopération développement

En 1994, Éric Danon intègre l’entreprise Agralex comme Directeur du développement et parcourt alors pendant deux ans l’Afrique francophone afin de développer les sources d’approvisionnement pour l’industrie agro-alimentaire européenne.

En février 1999, il devient Directeur de cabinet du ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie, Charles Josselin, et chargé de mission au cabinet du ministre des Affaires Étrangères, Hubert Védrine, fonctions qu’il quitte dix huit mois plus tard, une fois achevée la fusion du Ministère des Affaires étrangères et du Ministère de la Coopération, entamée le 1er janvier 1999.

Fin 2001, il crée et dirige deux sociétés de conseil. La première, Africa Steps, effectue des études juridiques d’amélioration de la gouvernance et de projets d’infrastructure dans les pays en développement ; elle jouera notamment un rôle déterminant dans la relance du projet d’un Pont entre Kinshasa et Brazzaville, finalement adopté en 2014 par les deux capitales dans le cadre du NEPAD. La seconde société, IMEDA (International Médical Alliance), travaille à la mise à niveau des systèmes de santé et d’assurance maladie ; elle établira les nouvelles bases du système de sécurité sociale au Gabon, de même que la réhabilitation de plusieurs hôpitaux d’Afrique centrale. Il travaille sur ces projets de santé avec Bernard Kouchner, comme le souligne le livre de Pierre Péan, Le monde selon K.

En 2012, Éric Danon est chargé par le Quai d’Orsay d’une mission relative à l’étude et la mise en place d’un « label France » pour la production et la diffusion des connaissances ainsi que d’une mission sur l’amélioration de la sécurité financière de l’Agence Française de Développement. Il développe notamment dans son rapport la nécessité de beaucoup mieux protéger les lanceurs d’alerte qui dénoncent les abus et la corruption liés aux contrats conclus avec les pays en développement.

Éric Danon est colonel de la réserve citoyenne de l’Armée de l’Air et, à ce titre, membre du réseau ADER. Il a été distingué en 2013 VIP Member of Worldwide Who’s Who for Excellence in International Policy. Il est membre fondateur du cercle de réflexion K2 et de la fondation The House of the Rising Stars. Membre du comité de rédaction de la revue Sécurité globale, il participe à de nombreux débats et est régulièrement interviewé à la radio et à la télévision sur les questions internationales, touchant au nucléaire militaire, aux ventes d’armes et aux attentats terroristes récents.

Ambassadeur en Israël

Le 21 juin 2019, Éric Danon est nommé, par le président Emmanuel Macron, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française auprès de l’État d’Israël. Lors de deux émissions télévisées que lui consacre la chaîne i24news, il fait part de la conception de son rôle et de son travail d’ambassadeur en Israël.

A la radio nationale Kan, le 14 juillet 2020, Éric Danon revient pour la première fois sur son parcours et les circonstances de sa nomination. Il est en effet le premier ambassadeur de France en Israël d’origine juive. Ses parents, Maxime (Mardoche) Danon (1926-2003) et Hilda Rouah (1928-2005), sont tous deux nés à Alexandrie, en Égypte.

Ils y ont le statut de « sujets locaux » car originaires de familles juives apatrides (leurs parents sont nés respectivement à Istanbul et Rhodes, Le Caire et Beyrouth). Brillants élèves du Lycée de l’Union Juive et du Lycée français, ils quittent l’Égypte pour arriver en France après la 2ème guerre mondiale, son père en 1946 avec un passeport italien et sa mère en 1951 avec un passeport britannique. Militants politiques profondément laïcs, ils sont interdits de séjour en Égypte en 1956 et naturalisés Français en 1965.

En janvier 2020, soit quatre mois après la prise de poste d’Éric Danon, Emmanuel Macron effectue sa première visite en Israël en tant que président de la République, y accomplissant plusieurs actes symboliques marquants (cérémonies à Yad Vashem, au Mémorial de la déportation des Juifs de France à Roglit, ainsi qu’au Mur des Lamentations).

Vie privée

Eric Danon est marié à Marie-Christine Dupuis-Danon et père de cinq enfants. Ancien instructeur de voile au Centre Nautique des Glénans, il est passionné de nautisme (traversée transatlantique en 2003 et du passage de Drake en 2007) et pilote d’avions légers. Grand amateur de cinéma et d’audiovisuel, il a créé la société de production Héliotrope et, sous le pseudonyme d’Éric Rouah, a assuré la production exécutive de la série pour enfants « Les Enquêtes de Geleuil et Lebon » diffusée par TF1.

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