Une nouvelle religiosité féminine est apparue en Israël dans la seconde moitié des années 2000, qui consiste à se voiler le visage. Cette tendance a émergé au sein d’un groupe de haredim, d’abord dans la ville de Bet Shemesh puis à Jérusalem dans le quartier religieux de Mea Shearim.
Le voile intégral chez les Juives, couvrant le corps et le visage sur le modèle du niqab saoudien, est appelé frumka. Ce mot-valise est composé du terme yiddish frum, qui qualifie une personne religieuse, et du suffixe – ka, diminutif féminin yiddish jouant sur l’assonance avec le mot burka. Ce costume est aussi désigné par le mot shal (châle, shwal en anglais) et qualifié d’extrême tsniout (pudeur).
Il s’agit d’une nouvelle manifestation de piété féminine dans le judaïsme, même si la pratique du visage voilé est attestée dans l’histoire des Juives du Yémen, d’Afghanistan et d’Irak.
Les femmes qui dissimulent leur visage, neshot ha shalim (expression tirée de leur usage du shal), sont des « born again ». Issues de familles peu pratiquantes, elles se sont engagées dans un processus de techouva (retour à la religion) à l’âge adulte. Elles incarnent la figure de la religiosité extrême qui renvoie aujourd’hui à l’islam radical, d’où le surnom qui leur est fréquemment attribué de « femmes talibanes » par certains Israéliens.
Ces harediot (féminin de haredim) revendiquent un retour aux origines bibliques en prétendant imiter les matriarches Sarah, Rébecca, Léa et Rachel (épouses des patriarches Abraham, Isaac et Jacob) qui, selon la tradition juive, portaient un voile facial. C’est ainsi que s’explique la substitution de Rachel par Léa par le beau-père de Jacob le jour de son mariage. Elles expriment publiquement leur nouvelle religiosité visible par ce vêtement rigoriste qui paraît traditionnel mais procède en réalité d’une réinvention propre à la modernité.
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