Un vol New York-Tel Aviv décisif.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le train de vie du couple Nétanyahou est pointé du doigt. En 2013, son budget crème glacée (2200 euros par an pour des glaces à la pistache) avait défrayé la chronique au moment même où le leader du Likoud (droite) essayait d’imposer un plan d’austérité, précise Libération. Trois mois plus tard, c’était le «Bedgate» : la mise en place d’une chambre, avec lit double, dans le Boeing qui les emmenait, lui et Sara, aux obsèques de Margaret Thatcher. Un vol qui aura coûté la bagatelle de 127.000 dollars (l’équivalent de 113.000 euros) à la présidence du Conseil israélien.
Née à Kiryat Tivon, dans le nord d’Israël, en 1958, Sara Ben-Artzi est issue d’une famille d’intellectuels spécialistes de la Bible. Son père est écrivain, poète et éducateur. Une fois son service militaire achevé, la jeune femme étudie la psychologie et travaille auprès d’enfants surdoués. Avant de devenir un temps hôtesse de l’air pour la compagnie aérienne israélienne El Al. Divorcée, elle rencontre «Bibi» lors d’un vol New York-Tel Aviv. Le début d’une histoire d’amour qui dure. Le mariage a lieu en 1991. Les enfants suivent dans la foulée : Yair, né en juillet 1991, et Avner, né en octobre 1994.
Une patronne tyrannique
Depuis son apparition dans la sphère publique en 1996, les Israéliens prennent l’habitude de voir cette femme aux cheveux blond platine, les paupières toujours fardées, au côté de son mari. Perçue comme une figure influente, Sara Nétanyahou participerait à la plupart de ses prises de décision, de la nomination d’un nouveau directeur du Mossad au choix des colistiers de son époux pour les élections législatives. Comme l’indique L’Obs, Ben Caspit, journaliste politique israélien et auteur d’une biographie assassine sur Benyamin Nétanyahou, note même : «Sara est la personne la plus puissante d’Israël, encore plus que son époux. Imaginez qu’il est obligé de se cacher dans la salle de bains pour avoir au téléphone les personnes qu’elle a prises en grippe.» Pourtant, le premier ministre le rappelle, sa femme n’a pas son mot à dire sur les affaires publiques. Le chef du gouvernement préfère rejeter la faute sur les médias, responsables d’une «chasse aux sorcières».
Chez elle, la femme de 60 ans, qui travaille aujourd’hui à mi-temps comme psychologue scolaire pour la mairie de Jérusalem, se révèlerait tyrannique. Son personnel est le premier à en faire les frais. En témoignent les plaintes à répétition d’anciens employés. «Hurlements, insultes, sarcasmes et ordres contradictoires» font partie du quotidien, confiait l’un d’entre eux, Emmanuel Sela, en décembre 2014 devant un tribunal de Jérusalem. En 2015, L’Obs rapporte une scène édifiante : un ancien garde du corps promu intendant de la résidence officielle, Manny Naftali, avait été réveillé en pleine nuit par un appel de sa patronne furieuse. La faute de l’intendant ? Avoir acheté du lait emballé dans du plastique plutôt que dans du carton.
« L’héroïne » de Bibi.
Dimanche 16 juin, nouveau rebondissement. Après avoir négocié un accord avec le tribunal, Sara Nétanyahou a été reconnue coupable d’avoir fait passer indûment des dépenses de repas aux frais du contribuable. Elle s’en sort avec une amende de 10.000 shekels (2500 euros) ainsi qu’un remboursement à hauteur de 45.000 shekels (11.000 euros) à l’État. La veille, son mari la défendait. Une fois de plus. «Les faits et la vérité n’ont pas d’importance. Sara est depuis longtemps un punching-ball pour les médias», a-t-il dénoncé dans un post Facebook, tout en louant son travail aux côtés des «enfants malades du cancer», des «survivants de l’Holocauste et beaucoup d’autres dans le besoin». Puis de conclure : «Mon épouse bien-aimée, tu es une réelle héroïne».