Spécial Week-End. Question (un peu bizarre!) que se pose des israéliens curieux des pratiques sociales de la France durant la pandémie : la crise a-t-elle définitivement sonné la fin de la bise en France?

Vous l’ignorez probablement. De nombreux israéliens qui travaillent où font des études en France ont toujours été assez ennuyés par cette fameuse bise du matin.

Les israéliens sont paumés avec cette tradition bien française : « Outre le nombre de bisous, il y a aussi l’ordre des joues. Dans la partie nord de la France, on a tendance à tendre la joue droite avant la gauche. Tout l’inverse de l’Alsace et la région niçoise. Des différentes versions de la bise existent donc en fonction des régions ».

Ils sont assez soulagés par cette nouvelle tendance liée au Covid-19.

Selon (1) : « La pandémie de coronavirus a banni les contacts physiques. Beaucoup se disent soulagés de ne plus avoir à ruser pour échapper aux embrassades de collègues et de parfaits inconnus.

S’embrasser pour se dire bonjour était devenu la norme ou presque. Avec le Covid-19, terminé, ces séries de bisous à n’en plus finir, enchaînées aux collègues, le matin au bureau, ou à de parfaits inconnus, en soirée.

Mais est-ce fini pour de bon ? Va-t-on vraiment enterrer la bise de convention en même temps que le coronavirus ? » (Le Figaro)

LE PLUS. (planet.fr). C’est un geste tellement routinier qu’il en devient presque anodin. Pourtant, on ne fait pas la bise de la même manière partout. Dans la Sarthe, par exemple, on se fait la bise quatre fois. Alors que dans le Finistère, un bisou sur la joue suffit, selon le vote des internautes du site Combiendebises.

Pour David Breton, spécialiste d’anthropologie, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. « La bise est l’occasion de montrer son affection, son amitié ou encore son respect », estime-t-il. Tout simplement. Néanmoins, la bise est plus prisée chez les jeunes. « Les enfants sont l’objet d’innombrables baisers de la part de tous », précise le sociologue. Dans le monde adulte, le rituel est moins fréquent. Notamment en raison du monde professionnel : il est plus fréquent de se serrer la main dans les entreprises.

« Je ne te connais pas, mais vivement qu’on se connaisse »

Au caractère sociologique de la question s’ajoute un phénomène physique. Faire la bise, c’est aussi une opportunité rare de toucher le visage d’autrui. « Ce qui est intéressant avec la bise c’est qu’elle prend pour support le visage, généralement peu touché par les interactions entre individus. Et la joue, partie du corps sans grand intérêt, devient le siège visible du sentiment », analyse David Breton.

Difficile de trouver des ondes négatives en faisant la bise. Suzanne Lallemand, anthropologue au CNRS spécialiste des familles, estime que c’est le moyen de faire connaissance, surtout entre adolescents où la socialisation fait parfois peur. « Elle (la bise, ndlr) signifie : ‘Je ne te connais pas, mais vivement qu’on se connaisse »’. Pour ceux qui pensent que la bise est seulement adressée à une femme, détrompez-vous. La tradition grandit de plus en plus entre les hommes, depuis les années 1960-1970 et l’époque dorée des féministes. « Ce sont ces trentenaires qui ont le plus intégré les transformations issues des luttes féministes des années 1960-1970 », indique, dans Le Parisien, la psychosociologue Dominique Picard. « Depuis que les femmes ont obtenu plus d’égalité socioprofessionnelle, les hommes ont moins besoin d’afficher leurs différences. Ils peuvent s’épiler ou se mettre de l’anti-cernes sans tomber de leur trône », poursuit-elle.

Une tradition qui remonterait à la Bible

« Jusqu’à récemment, il ne me serait pas venu à l’esprit d’embrasser mes amis », avoue Gérald Cahen, auteur de Le Baiser – Premières leçons d’amour. « Je ne fais la bise à un ami de 60 ans que depuis quelques années ! On se sentait bêtes avec notre poignée de main désuète », s’amuse l’écrivain dans Le Parisien. La bise ne date pas de la dernière pluie. Cette façon de se saluer remonterait en réalité à la Bible. « Dès que Laban eut entendu parler de Jacob, fils de sa sœur, il courut au-devant de lui, il l’embrassa et le baisa, et il le fit venir dans sa maison », peut-on lire dans La Genèse, chapitre 29 verset 13.

 

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