« Je veux partager avec vous ce que j’ai fait cette semaine, une liste partielle car je ne peux pas tout vous dire » a déclaré hier Benjamin Netanyahu dans sa traditionnelle vidéo où il énumère ses actes de la semaine.
A-t-il laissé entendre qu’Israël est l’auteur de l’élimination de Muhsin Fahrizadeh, un scientifique de haut rang iranien tué dans sa voiture vendredi près de Téhéran ?
C’est tout à fait tangible. En Israël on le surnomme le père de la bombe iranienne. Le scientifique en chef du régime iranien a vécu ces 30 dernières années dans l’ombre. Il n’a pas prononcé de discours, n’a été que très rarement photographié, mais a consacré toute sa vie au programme nucléaire iranien. Et aussi au développement de missiles et de bombes en tout genre. Pendant des années, les Iraniens ont empêché les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique de le rencontrer, à chaque fois sous un prétexte différent. De peur qu’il ne fasse des révélations sans le vouloir.
Déjà en 2018, Benjamin Netanyahu dévoile sa photo et son nom au moment où il présente les archives nucléaires ramenées par le Mossad depuis Téhéran en Israël. « C’est lui le responsable du programme nucléaire iranien, souvenez-vous de son nom ». A cette époque Muhsin Fahrizadeh, qui est aussi commandant des Gardiens de la Révolution Islamique, est dans le collimateur du Mossad. Finalement Israël décide sans doute qu’il est préférable de le laisser en vie afin de suivre ces activités. Mais avec l’arrivée de Joe Biden à la maison blanche, qui devrait être plus souple que Trump à l’égard de Téhéran, Jérusalem a sans doute voulu envoyer un message très clair aux Mollahs iraniens. « Nous ne vous laisserons en aucun cas parvenir à la bombe ».
Israël redoute bien sûr une vengeance. Le niveau de vigilance a été renforcé sur le front Nord où l’on craint des tirs de missiles du Hezbollah ou des tentatives d’infiltration. Niveau d’alerte relevé aussi dans les ambassades, missions israéliennes et communautés juives dans le monde.
Jérusalem ne s’attend pas à ce que la mort de Muhsin Fahrizadeh affecte significativement le programme nucléaire iranien. Il continuera de progresser même sans Fakhrizada. Des milliers d’ingénieurs et de techniciens qui furent ses élèves perpétueront son travail.
L’Etat hébreu aurait juste voulu envoyer un message avant l’arrivée à la Maison Blanche de Joe Biden qui devrait être plus souple que Trump à l’égard du régime iranien. « Nous ne vous laisserons pas parvenir à la bombe ».
Pour protester contre cette élimnation, Téhéran pourrait être tenté de franchir une étape significative et surtout de le faire savoir. Comme augmenter le niveau d’enrichissement d’uranium ou en abolissant l’adhésion de l’Iran au « Protocole additionnel » à la Convention sur la non-prolifération des armes nucléaires. En tout cas même si l’élimination du scientifique iranien ne devrait par le remettre en cause, il est indéniable qu’il s’agit d’un autre coup très dur pour le programme nucléaire de Téhéran. Après explosion survenue début juillet sur le site nucléaire iranien de Natanz dans laquelle plusieurs dizaines de centrifugeuses avancées d’enrichissement d’uranium avaient été détruites.