On les appelle Neturei Karta, les « gardiens de la Cité » en araméen. Une secte de haredim (juifs ultraorthodoxes) pour qui Israël représente « ce qu’il y a de plus pécheur ». La cause de leur antisionisme : la création d’un État juif avant l’apparition du Messie.En Israël les autorités ont un mal fou à les géréer durant la pandémie. Ils ne respectent pas les directives du Ministère de la santé israélien.
Selon (1) : « Ils entretiennent une relation privilégiée avec le président iranien, qui appelle ouvertement à « rayer Israël de la carte ». Le 31 décembre, ils défilaient dans Jérusalem en arborant l’étoile jaune et l’uniforme des déportés (photo), car ils s’estiment aujourd’hui eux-mêmes persécutés par « l’entité sioniste ». Certains d’entre eux se sont récemment distingués par leur militantisme en faveur de la ségrégation entre hommes et femmes dans les bus. Nous avons rencontré leur porte-parole, le rabbin Israël Hirsch.
Le Point : Que reprochez-vous aux sionistes ?
Israël Hirsch : Notre mouvement a émergé au XIXe siècle par opposition au sionisme. Aujourd’hui, nous sommes une organisation sans statut officiel, que toute personne luttant contre le sionisme peut rejoindre. Nous pensons qu’il n’y a pas plus pécheur que l’État d’Israël, car c’est une falsification à des fins politiques du nom le plus saint, « Israël », donné par Dieu à Jacob. Le sionisme a coupé le peuple juif de la Torah et de la Doctrine du mont Sinaï. Par ailleurs, nous estimons que c’est le sionisme qui, depuis sa création, a provoqué une haine des Juifs qui n’existait pas auparavant.
Pourquoi vivre en Israël si le concept d’État juif est impur à vos yeux ?
Ma famille vit ici depuis 150 ans, voilà pourquoi. À l’origine, nous venons de Lituanie, mais nous voulions être plus proches de Dieu. Nous sommes venus ici pour prier, pas pour fonder un État. Nous étions là avant 1948, et nous serons là si Dieu le veut après l’annulation de l’État d’Israël.
Touchez-vous des subventions de l’État hébreu ?
Nous vivons de donations qui viennent en grande partie des États-Unis, car nous ne travaillons pas. Notre vie, notre quotidien, est dédié à l’étude de la Torah. Nous sommes totalement déconnectés de l’entité sioniste et des organismes sociaux. Quand nos enfants naissent, nous ne les enregistrons pas, et nous ne disposons pas de la carte d’identité israélienne. Je possède, pour ma part, la nationalité américaine. Notez que la plupart des haredim ne s’engagent pas non plus dans l’armée sioniste.
Yaël Krois, porte-parole de Toldot Aharon – l’une des communautés haredim les plus extrémistes -, déclarait récemment qu’il préférait être rattaché à une future nation palestinienne qu’à Israël. Qu’en pensez-vous ?
Je partage l’opinion de Yaël Krois. Nous soutenons le projet des Palestiniens depuis la création de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) en 1964. Ce pays doit être dirigé par une autorité palestinienne, de la mer Méditerranée jusqu’au Jourdain. Nous ne soutenons pas l’idée de deux peuples pour deux États. Il devrait y avoir un État palestinien pour deux peuples. C’est la raison pour laquelle, lors de la demande d’adhésion à l’ONU des Palestiniens, je me suis rendu à Naplouse pour soutenir la création d’un État palestinien à la place d’Israël ».
(1) www.lepoint.fr