Donald Trump a signé jeudi un décret autorisant les États-Unis à empêcher les employés de la Cour pénale internationale d’entrer dans le pays ainsi qu’à les pénaliser financièrement. L’administration Trump, qui critique depuis des mois la CPI, s’oppose à l’ouverture d’une enquête pour crimes de guerre en Afghanistan. De son côté Israël, qui ne commente pas trop cette décision, est plus que satisfait de l’action de Trump. Israël est très souvent dans le collimateur de la Cour Pénale internationale.
Selon Courrier International qui reprend la presse internationale : « Benyamin Nétanyahou “a fait l’éloge” de Donald Trump pour son action, rapporte le Times of Israel. Le dirigeant a qualifié jeudi la CPI de “cour politisée”, “corrompue”, “partisane” et “obsédée par des chasses aux sorcières contre Israël, les États-Unis et d’autres démocraties qui respectent les droits de l’homme”. Comme Washington, Tel-Aviv est dans le viseur de la procureure Fatou Bensouda pour de potentiels crimes de guerre contre des Palestiniens. Il faut dire que, selon Axios, l’initiative de l’administration Trump a été “coordonnée” avec Israël. Il s’agirait même de “l’une des principales raisons” de la visite de Mike Pompeo à Jérusalem le mois dernier.
Politico note que le 45e président américain a également déclaré une urgence nationale face à la “menace” que poserait selon lui la CPI. “Une action qui pose les bases légales pour de futures sanctions”, commente le site.
Le secrétaire d’État Mike Pompeo, le ministre de la Défense Mark Esper et le ministre de la Justice Bill Barr ont justifié lors d’une conférence de presse commune cette décision “dans une démonstration sans précédent de la puissance de feu de l’administration”, constate le Washington Post.
“Nous ne pouvons pas et ne resterons pas sans rien faire quand nos concitoyens sont menacés par un tribunal fantoche”, a prévenu M. Pompeo. M. Esper, cité par The Hill, a rappelé que son pays “pouvait mener les actions appropriées comme nous l’avons régulièrement fait dans le passé”, suggérant qu’un tribunal international n’était pas nécessaire pour condamner des actes répréhensibles commis par un Américain. La BBC souligne toutefois que le président Trump a “pardonné des soldats poursuivis aux États-Unis pour des crimes de guerre en Afghanistan”.
De son côté, M. Barr a reproché à la CPI “une longue histoire de corruption au plus haut niveau”, assurant avoir reçu des “informations crédibles”. Le ministre de la Justice n’a toutefois pas donné de détails sur ces allégations, relève The Hill. Il a également affirmé que des puissances étrangères manipulaient la cour, mettant en cause la Russie. Moscou, signale Politico, s’est désengagé du tribunal en 2016 après un rapport qualifiant son intervention en Crimée d’occupation.
Des organisations de défense de droits de l’homme ont “rapidement critiqué” le décret, insiste la BBC. “Les pays soutenant la justice internationale devraient publiquement s’opposer à cette tentative manifeste d’obstruction”, dénonce Humans Rights Watch. L’Union américaine pour les libertés civiles (Aclu) estime que le chef d’État américain “emploie des méthodes de régimes autoritaires en intimidant juges et procureurs”.
El País voit là un exemple supplémentaire du rejet du multilatéralisme démontré par Donald Trump et son gouvernement depuis janvier 2017. Le quotidien espagnol évoque notamment le retrait des accords de Paris sur le climat, de l’accord nucléaire iranien ou plus récemment la fin des subventions américaines à l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Alors que des millions d’Américains manifestent à travers le pays contre les violences policières, l’initiative du locataire de la Maison-Blanche a incité Slate à ironiser : “Après des semaines de tourmente nationale et d’introspection, l’administration Trump agit enfin pour contrôler des figures d’autorité hors de contrôle, accusant ces officiels d’utiliser leurs vastes pouvoirs de manière capricieuse et discriminatoire, à l’abri de toute responsabilité, forçant des citoyens américains innocents à vivre dans la peur.”
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