Des expérimentations ont été lancées à l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA), dans le Val-de-Marne, ainsi qu’en Corse pour entraîner des canidés à reconnaître les personnes contaminées par le nouveau coronavirus.

Ainsi, Oslo, un berger belge malinois de 18 mois, est capable de distinguer celui de quatre supports métalliques contenant chacun un échantillon de sueur humaine, recueillie sous les aisselles à l’aide de compresses le seul provenant d’un malade testé positif au SARS-CoV-2.

« Cela fait des années qu’on entraîne des chiens à la détection médicale précoce de certaines pathologies, comme le cancer du colon ou la maladie de Parkinson, avec des résultats très probants », a expliqué Dominique Grandjean, professeur à l’ENVA et chef du service vétérinaire de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris qui a réuni des chercheurs vétérinaires, des équipes cynophiles et des pompiers pour conduire une expérimentation sur la détection du Covid-19.

A ce stade précoce de l’expérimentation, menée avec une vingtaine de canidés, qui ont réalisé environ 400 exercices, Dominique Grandjean l’assure : les malades du Covid-19 ont une odeur spécifique que les chiens peuvent détecter. « On a 95 % de résultats positifs. Et quand il y a des erreurs, il s’agit plutôt de faux positifs que de faux négatifs, ce qui signifie qu’on ne passe pas à côté de malades. »

Aymeric Bernard, vétérinaire : « Le chien a des capacités olfactives exceptionnelles, qu’on est loin d’imaginer. Il est possible qu’il détecte des traces infimes qui ne seraient pas identifiables en laboratoire. »

A ce stade pourtant, nul ne sait ce que détectent précisément les canidés dans le cas du Covid-19. « Avec ce protocole, les chiens ne détectent pas le virus, mais ce qui résulte de l’action du virus en bout de course », précise Dominique Grandjean. Des tests virologiques, dits PCR, ont été pratiqués sur la sueur de personnes malades, et les résultats sont tous revenus négatifs. Un point qui a facilité les recherches : « La sueur est non contaminante, cela veut dire qu’il n’y a pas de risque à manipuler les échantillons », rassure le docteur Grandjean.

Les capacités de détection olfactive des chiens suscitent l’intérêt de plusieurs pays. L’université Saint-Joseph à Beyrouth, au Liban, a initié une expérimentation semblable à celle de l’ENVA et, au Royaume-Uni, la London School of Hygiene & Tropical Medicine a reçu 500 000 livres (556 000 euros) de subventions pour lancer une étude avec l’organisation Medical Detection Dogs et l’université de Durham.

Si les études en phase 2 confirment l’efficacité du dépistage par les canidés, ces derniers pourraient se montrer utiles dans des usages complémentaires des tests virologiques et sérologiques. Dans des aéroports, sur des paquebots de croisière, à l’entrée de stades de football…, partout où il faut dépister massivement et rapidement, les chiens pourraient se révéler de précieux alliés.

« On ne se prononce pas sur les conditions d’application, c’est aux autorités de le faire, glisse Dominique Grandjean. Mais former des chiens ne prend que quelques jours, et cela ne coûte pas cher. Une fois entraînés, ils peuvent faire des centaines de détections par jour. » Et grâce au principe du filtre, la détection peut se faire à distance, sans que les chiens approchent les personnes. De quoi rassurer les cynophobes.

Source : Le Monde & Israël Valley

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