FIGAROVOX/TRIBUNE – Donald Trump fait l’objet de vives critiques depuis le début de la crise sanitaire. On peut bien sûr faire des reproches au président américain, mais de manière argumentée et non hystérique comme c’est trop souvent le cas, observe l’économiste Nicolas Lecaussin.

Par Nicolas Lecaussin
Nicolas Lecaussin est Directeur de l’IREF (Institut de Recherches Economiques et Fiscales). Son dernier livre: Les donneurs de leçons: Pourquoi la France est en vrac! (éd. du Rocher)

Tout le monde l’admet, Trump donne beaucoup de verges pour se faire battre, ne serait-ce que par ses tweets compulsifs et, souvent, contradictoires. Est-ce une raison pour raconter tout et n’importe quoi sur lui? Pour ne jamais revenir sur les «fake news» qui courent à son sujet? Pour passer sous silence quelques faits qui plaident largement en sa faveur et qui prouvent qu’il peut aussi agir correctement?

Fin du mois de février. On commence à comprendre que le coronavirus est très dangereux, que la pandémie enfle rapidement et qu’aucun traitement ne parvient à guérir les malades. Un bruit court et il est repris par des médias très sérieux: le président Trump aurait payé 1 milliard de dollars à un laboratoire allemand, CureVac (Tübingen), pour bénéficier de l’exclusivité (sic) d’un traitement ou d’un vaccin contre le virus. La Maison Blanche et le laboratoire démentent catégoriquement. Depuis, plus de nouvelles de ce milliard et des vaccins…

Début mars, plusieurs médias sont revenus à la charge: la Maison Blanche et le président Trump auraient ordonné la saisie de millions de masques sur plusieurs aéroports européens. Reprise en boucle, «l’info» a fait long feu, c’était faux… Mi-avril, autre info accusatrice: les tests coronavirus aurait pris un énorme retard aux États-Unis à cause de l’administration. En fait, pour aller plus vite, une décentralisation a été opérée: les États ont reçu de la FDA (Food and Drug Administration) le pouvoir de mettre les tests en place chacun sous leur responsabilité en s’appuyant sur les laboratoires locaux, sans autre formalité. Et à l’époque, l’Amérique était le pays qui avait réalisé le plus de tests en chiffres absolus (environ 5 millions)…

Trump n’a pas suggéré de s’injecter un désinfectant ou de l’eau de javel dans le corps.

24 avril. La nouvelle se répand à la vitesse de l’éclair, les médias s’en amusent: le président Trump aurait affirmé en conférence de presse, que «les Américains doivent ou devraient s’injecter de l’eau de Javel et s’exposer aux UV pour se débarrasser du coronavirus». On peut même l’entendre, sur une video d’une vingtaine de secondes mise en ligne pour preuve. Certains scientifiques, certains politiques, aux États-Unis, en Grande-Bretagne et ailleurs, inquiets, ont alors adjuré la population de ne pas boire de l’eau de javel. Très nombreux ont été ceux qui ont foncé tête baissée dans ce qu’ils ont présenté comme les effarantes élucubrations du «docteur Trump». Sans prendre la peine d’aller voir à la source. La source, c’est tout simplement cette conférence de presse de Donald Trump, dans son entièreté, pas seulement les vingt ou trente secondes qui ont circulé. Le directeur de la science et technologie au département de la Sécurité intérieure, Bill Bryan, venait de faire allusion à divers désinfectants capable de tuer le virus en trente secondes sur des surfaces. Trump pose alors une question: serait-il possible de trouver un procédé pour envoyer, introduire dans le corps quelque chose qui médicalement agirait comme un nettoyant? À la fin de la conférence de presse, c’est un journaliste, Jonathan Karl d’ABC News, qui a demandé si l’on pouvait injecter un désinfectant ou de l’eau de javel dans le corps d’un patient contaminé. Bill Bryan et Trump ont sans aucune équivoque écarté l’idée. Mais il était tellement tentant, et facile – il suffit parfois d’une traduction légèrement tendancieuse – de transformer en insanités des propos lancés à la volée.

Il a aussi suggéré l’utilisation d’ultraviolets, selon lui très efficaces pour neutraliser le virus. Comme cet effet est connu, qu’il a été prouvé, d’une manière générale, sur les organismes pathogènes, les moqueries amorcées ont assez vite été remballées. Un directeur de laboratoire (Aytu BioScience) a quand même été censuré sur les médias sociaux parce qu’il a osé confirmer les propos de Trump sur les effets des UV à l’intérieur du corps.

En interdisant dès le 1er février les vols en provenance de Chine, Trump a peut-être sauvé la Californie.

On s’acharne sur Trump, mais la plupart des commentateurs, américains et étrangers -pas tous, il est vrai- se montrent beaucoup plus indulgents à l’égard des démocrates. Qui s’est moqué de Nancy Pelosi, la présidente de Chambre des représentants, quand elle a parcouru Chinatown, à San Francisco, invitant tout le monde à s’y rendre, en affirmant que le virus n’était en rien un problème? Trump a interdit le 1er février les vols en provenance de Chine, ce qui, selon certains, a sauvé la Californie. Le 25 février, les démocrates participaient encore à un débat des primaires en Caroline du Sud sans nullement s’inquiéter du coronavirus. Combien de correspondants étrangers aux Etats-Unis ont mentionné les accusations d’ agression sexuelle à l’encontre du candidat démocrate Joe Biden? En Amérique même ,le New York Times a attendu 19 jours pour en parler.

Rappelez-vous, en septembre 2018, le juge Kavanaugh a partout, et immédiatement, été cloué au pilori lorsque des accusation similaires ont été portées contre lui. Joe Biden avait alors affirmé que «chez une femme, même si elle ne souvient pas de tout, l’essence de ce qu’elle dit ne peut être que vraie». Aujourd’hui, le même ne voit dans les propos de la femme qui l’accuse que des «allégations complètement fantaisistes…». Comme Hillary Clinton qui avait parlé, en septembre 2016 de «la moitié des partisans de Trump» comme devant être placés dans «le panier des pitoyables», Joe Biden vient de partager les électeurs noirs en «bons» (qui votent pour lui) et en «mauvais». On peut parier sans risque que si Trump avait tenu ce propos, le monde des médias s’en serait ému jusqu’à la plus forte indignation. Mais Biden, lui, a juste fait une gaffe, selon les attachés de presse du candidat démocrate, qu’un bon nombre de commentateurs ont obligeamment voulu croire, ajoutant même qu’il s’agissait d’une blague (comme dans le sketch des Inconnus avec le «bon et le mauvais chasseur»?) et que le «vrai raciste» était le président Trump…

En outre, qui a parlé du Cares Act (Coronavirus Aid, Relief and Economic Security)? Qui a signalé les suppressions, par centaines depuis environ deux mois, de normes et de réglementations, afin de faciliter la lutte contre le virus? Que l’administration réponde à une crise grave par de la déréglementation et de la décentralisation est, selon les experts, un phénomène totalement inédit. Trop étrange pour qu’en France on en comprenne la portée?

Chez certains obsessionnels, Trump est une cible unique, ils sont comme les chevaux qui portent des œillères afin de ne pas être distraits par autre chose que leur objectif.

Combien de commentateurs, en outre, ont mentionné les dernières révélations infirmant les fameuses accusations de collusion entre l’équipe de Trump et la Russie lors des élections de 2016 ? Les démocrates savaient qu’elles étaient fausses, on vient de l’apprendre. Ils ont donc menti durant toute cette période. Surtout d’Adam Schiff, le président de la commission du renseignement de la Chambre, qui n’a cessé de soutenir que les 57 dépositions qu’il avait en sa possession étaient accablantes pour le président Trump. Elles ont malheureusement pour lui été rendues publiques le 11 mai dernier: on n’y trouve aucune accusation contre l’équipe du président Trump.

On a également appris, grâce à la publication de plusieurs courriers du FBI, que cette institution et son ancien directeur, James Comey, se sont acharnés contre Michael Flynn, l’ancien conseiller à la sécurité de Trump, alors qu’on savait qu’il était innocent. Mais il fallait le «faire tomber» pour discréditer le nouveau président. On sait aussi, maintenant, que 39 personnalités politiques démocrates et hauts fonctionnaires étaient informées, voire partie prenante, de l’enquête menée par le FBI sur l’équipe de Trump, en particulier sur Flynn. Et cela dès novembre 2016, donc avant le changement d’administration à la Maison Blanche. Parmi ces personnalités figure Joe Biden, l’actuel candidat à la présidentielle. Il est donc très peu probable que l’ancien président Obama n’ait rien su de cette affaire, qui risque de prendre des proportions considérables car il n’y a plus maintenant aucun doute sur la volonté délibérée des démocrates de salir Trump à n’importe quel prix.

On peut, bien entendu, critiquer Trump. Mais de manière solide et argumentée, pas de manière hystérique. Chez certains obsessionnels, c’est une cible unique, ils sont comme les chevaux qui portent des œillères afin de ne pas être distraits par autre chose que leur objectif. Ils sont victimes d’un virus bien pire que le Covid-19: celui de la trumpophobie. Il les empêche non seulement de réfléchir mais aussi tout simplement d’informer. Ce virus est nourri, comme l’écrivait très bien Jean-François Revel dans L’obsession anti-américaine, par un «ressentiment irrationnel» et aussi par un militantisme idéologique.

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