Du fait de la situation liée au Coronavirus, Moshe Bar Siman Tov, directeur général du ministère de la Santé, est devenu le grand communiquant de l’épidémie du coronavirus, et est désormais omniprésent sur les chaînes de télévision et les stations de radio. Sa mission est d’annoncer les mauvaises nouvelles, tel le durcissement du confinement, ce qui ne l’empêche pas d’être très populaire parmi les Israéliens.
Économiste, il a commencé sa carrière au département du Budget, l’équivalent français de l’énarque passé par l’inspection des finances, avant de devenir le premier non-médecin, désigné avec le soutien de Benyamin Nétanyahou. Cette promotion ne s’est pas faite sans mal et un appel à la Cour suprême contre sa nomination s’est fait en 2015, en raison de son manque de compétence médicale, puis, ces derniers jours, à une pétition de médecins et professeurs d’hôpitaux, lesquels exigent des « professionnels de la Santé » à la tête des opérations contre une épidémie qui touche près de 4 000 malades et a fait 17 morts. Cette campagne est d’autant plus virulente que le ministre de la Santé, Yaakov Litzman, un ultra-orthodoxe, n’est pas non plus médecin.
Dans l’autre camp, celui des économistes, Moshe Bar Siman Tov se retrouve aussi la cible d’attaques sur le thème : « Les remèdes imposés contre le virus provoquent une quasi-paralysie de l’économie dont les effets risquent d’être encore plus graves que la maladie . »
Moshe Bar Siman Tov n’en a cure. Pour lui, il ne fait aucun doute que « si la santé publique s’effondre, l’économie s’effondrera aussi » . Une conviction qui l’a poussé à prendre un pari risqué pour sa carrière. « À moins d’un miracle, je suis pratiquement certain que cette épidémie va provoquer de nombreux décès. J’espère me tromper, et que l’an prochain à la même époque, je passerai pour un comique ridiculisé pour son alarmisme et ses prédictions apocalyptiques » , a-t-il confié. Mais ce n’est pas pour ce langage de vérité qu’il est surtout attaqué. L’épidémie a révélé de très sérieuses pénuries pour les masques, les kits de diagnostic et les respirateurs qui font cruellement défaut.
Le hasard du calendrier a voulu qu’un rapport du Contrôleur de l’État, l’équivalent de la Cour des comptes en France, rédigé avant le déclenchement de l’épidémie et rendu public ces derniers jours, dénonce l’état d’impréparation des hôpitaux, le manque d’équipement et de personnel de santé pour faire face à une catastrophe sanitaire. Le très influent ministère de la Défense, qui aspire à prendre en main la guerre contre le virus, ne ménage pas non plus ses attaques contre la gestion du ministère de la Santé et de son directeur général.
Pour Moshe Bar Siman Tov, la bataille ne fait que s’engager. Il y a de fortes chances pour que, comme c’est souvent le cas en Israël après un événement traumatique, une commission d’enquête officielle se lance à la recherche de coupables ou de boucs émissaires.
Source : Le Figaro & Israël Valley