« Comment Israël tente de rendre la startup nation plus inclusive. »

Par Giulietta Gamberini  |  

Des femmes et des hommes Haredim – Juifs ultra-orthodoxes, connus pour rejeter partiellement la modernité – réunis autour d’ordinateurs dans un grand open-space tout neuf. Des jeunes Bedouins du désert du Néguev racontant avec passion leurs projets entrepreneuriaux et sociaux… Ce sont quelques-unes des surprises que réserve Israël.

Et ce sont quelques-unes des initiatives de la « startup nation » – qui investit 4,3% de son PIB dans la recherche et le développement –  visant à surmonter l’un de ses principaux défis: devenir plus inclusive.

« Dans le secteur de l’high-tech, 74,2% des effectifs nés entre 1975 et 1985 est constitué d’hommes juifs non ultra-orthodoxes », note en effet Naomi Krieger Carmy, qui dirige le département consacré aux « défis sociaux » de l’Autorité d’innovation israélienne (Israel Innovation Authority, IIA).

Les Juifs ultra-orthodoxes, ainsi que les Arabes israéliens, peinent à y trouver leur place, et les femmes souvent encore plus que leurs homologues masculins. « De nombreuses barrières physiques et culturelles s’opposent à leur insertion professionnelle », explique Amina Jabr, directrice d’un centre d’emploi à Rahat.

Ces populations résident en effet souvent dans des zones périphériques, en dehors de la partie centrale d’Israël, où se concentre l’activité économique.

Les Arabes se sentent en outre politiquement exclus. Les Juifs ultra-orthodoxes ne font pour la plupart pas d’études laïques, et manquent aussi « de soft skills, de culture du travail et des affaires », souligne Eli Dynovisz, qui travaille pour un incubateur de startups, Bizmax. Pour toutes les femmes, le travail domestique et la garde d’enfants souvent nombreux est un obstacle majeur.

Un enjeu sécuritaire et démographique

Pourtant, l’inclusion de ces minorités est un enjeu fondamental dans ce pays en perpétuelle transformation, « aujourd’hui perçu comme bien plus urgent que le défi environnemental », note Momo Mahadav, PDG de l’association d’entreprises Maala, qui promeut la responsabilité sociale et environnementale. Non seulement les inégalités sont une source de pauvreté. Elles aggravent aussi les divisions entre communautés et donc l’insécurité du pays. « L’avenir de mes enfants dépend beaucoup de mes voisins bedouins, un tiers des résidents de la région », relève Matan Yaffe, qui habite dans le Néguev où il a lancé un programme visant à leur insertion, Desert Stars.

« Il s’agit également d’exploiter l’ensemble du capital humain du pays », note Naomi Krieger Carmy. « La société arabe n’est pas seulement part du problème, mais aussi de la solution. Les populations les plus vulnérables recèlent un grand potentiel », abonde Amira Jabr.

Cet enjeu est d’autant plus crucial que ces minorités progressent beaucoup plus vite que le reste de la population. « Dans la communauté ultra-orthodoxe, le taux de fécondité moyen dépasse sept enfants par femme », affirme le rabbin Nechemia Steinberg, directeur des partenariats stratégiques de la fondation Kemach. Dans l’ensemble du pays, la moyenne est plutôt d’un peu plus de trois enfants par femme, selon le Bureau central des statistiques israélien. Les Haredim, qui représentent aujourd’hui 12% des 9 millions d’Israéliens, pourraient donc devenir 32% de la population en 2065. Quant aux Bedouins du Neguev, qui sont aujourd’hui moins de 300.000, leur nombre double tous les 15 ans. Leur âge médian est de 14 ans, contre 30 pour le reste des Israéliens. Et leur terre natale est stratégique, puisqu’elle occupe deux tiers du pays.

https://www.latribune.fr/economie/international/comment-israel-tente-de-rendre-la-startup-nation-plus-inclusive-837805.html

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