Pour nos lecteurs israéliens, un excellent article sur l’économie française… qui inquète beaucoup.
Selon (1): « La France devant la zone euro, cela ne c’était plus produit depuis 2013. Cette annonce ne vient pas de Bercy, il pourrait y avoir sinon suspicion, mais des principales institutions internationales qu’il est difficile de suspecter de complaisance avec le gouvernement français. Mais la France en haut de l’affiche, est-ce vraiment une si bonne nouvelle ?
La concurrence va se durcir
D’abord, à y regarder de plus près ce n’est pas la France qui est en haut, mais les autres qui sont en bas. Avec 1,3% de croissance prévue cette année, par la BCE comme par l’OCDE, la performance attendue de l’économie française est à relativiser car cela reste, un, médiocre en valeur absolue, et deux, en retrait par rapport aux 1,5% réalisés en 2018. Quant au reste de la zone euro, la BCE table désormais seulement sur 1% et l’OCDE sur encore moins. Après environ 2% de hausse en 2018, le décrochage est violent.
Il ne faut pas pour autant se réjouir des difficultés de nos plus proches voisins, au premier rang desquels l’Allemagne, ne serait-ce que parce que ce sont aussi nos principaux partenaires commerciaux et que leurs problèmes deviennent les nôtres, tôt ou tard : sur près de 500 milliards d’euros exportés en 2018, plus de 45% ont pris la direction de la zone euro et la barre des 50% est franchie simplement en intégrant le Royaume-Uni à ce groupe. Le resserrement des débouchés européens ne peut évidemment qu’affaiblir le rythme de croissance du pays. C’est en outre la triple peine, car nos principaux clients sont aussi nos principaux fournisseurs.
Or s’ils sont en délicatesse sur leurs marchés domestiques, ils chercheront à se positionner là où il reste un zeste de croissance. En d’autres termes, la concurrence va se durcir à l’intérieur de l’Hexagone et les entreprises françaises ne sont pas forcément les mieux armées pour y faire face. A l’intérieur de nos frontières, mais aussi un peu partout en Europe, c’est-à-dire nos principaux marchés à l’export.
Dégradation des comptes extérieurs et des finances publiques
Cette séquence d’une France à contre-courant n’est finalement qu’un remake. Celui du rôle de l’économie française comme « consommateur en dernier ressort » d’une économie européenne en panne.
Et pour cause, outre les vents contraires venus du grand large, le policy-mix, c’est-à-dire l’articulation entre politique budgétaire et politique monétaire, est globalement restrictif dans la Zone euro. La politique de la BCE est hors de cause, elle reste accommodante, mais la politique budgétaire, elle, est restrictive comme le dévoile l’évolution du solde budgétaire primaire (donc hors paiement des intérêts) sous-jacent (c’est-à-dire ajusté des effets conjoncturels). Cette mesure exprime le caractère restrictif, ou pas, de la politique budgétaire. Pour la zone Euro, le solde est positif traduisant une politique restrictive. De son côté, le soutien de la France à son activité est indéfectible, amortisseur social oblige.
Et du carburant, Emmanuel Macron en a massivement injecté avec tous les déséquilibres que cela entrainent : 10,3 milliards d’euros pour répondre à la crise des gilets jaunes qui s’ajoutent aux mesures déjà prises pour un total de 11,7 milliards cette année, soit l’équivalent de 440 euros par ménages dont l’essentiel sera consommé donc importé.
Les Français ont beau plébisciter, sondages après sondages, le « made in France », le contenu en importations manufacturières de la demande des ménages en produits manufacturés ne cesse de grimper et est passé de 25% en 1980 à 44% en 2017. Ce n’est pas uniquement par manque de patriotisme, mais le révélateur de l’incapacité du système productif industriel à répondre à une hausse de la consommation des ménages. Il faut donc s’attendre à une nouvelle dégradation des comptes extérieurs et des finances publiques d’autant plus que vient s’ajouter le surcoût ponctuel de 20 milliards d’euros lié à la transformation du CICE en baisse de cotisations sociales.
Bref la France en haut de l’affiche dans une Zone euro à l’arrêt, c’est une économie soutenue à bout de bras qui va très vite s’épuiser et qui manquera de ressources si les difficultés européennes se transforment en crise généralisée. Pas de quoi être très un optimiste pour 2020″.
(1) https://www.xerficanal.com/economie/emission/Alexandre-Mirlicourtois-La-croissance-francaise-face-au-decrochage-de-la-zone-euro_3747010.html