Au cours de l’année écoulée, l’Iran a consacré pas moins de sept milliards de dollars au financement du terrorisme contre Israël. C’est ce que révélait, le 22 janvier dernier, l’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, lors d’une réunion du Conseil de Sécurité.

« L’obsession anti-israélienne de l’Iran n’est pas seulement publique, elle est aussi coûteuse », a expliqué Danny Danon, détaillant les destinations de ces fonds, « consacrés à d’incessantes tentatives de détruire Israël. Suivez cette filière sanglante qui sort de Téhéran et vous arriverez aux tunnels terroristes du Liban et de Gaza, aux cargaisons d’armes de Syrie et désormais aussi au cœur de la Judée Samarie », a affirmé le diplomate israélien.
Selon les chiffres collectés par les différents services israéliens sur les mouvements de fonds iraniens vers les zones de conflit du Moyen-Orient, la République islamique a fourni l’an dernier 4 milliards de dollars au régime de Bashar al Assad en Syrie et un milliard au Hezbollah. Sur le front palestinien, le régime de Téhéran a versé 50 millions de dollars au Hamas et 70 millions au Jihad islamique à Gaza. Auxquels il faut encore ajouter 100 millions de dollars aux milices chiites en Irak et plusieurs dizaines de millions aux rebelles Houtis au Yémen. Israël continue d’ailleurs de réclamer que le Hamas et le Hezbollah soient classés par les Nations unies comme organisations terroristes, qui pourraient ainsi faire l’objet de sanctions économiques internationales.   « L’affaiblissement de ces organisations serait un premier coup pour le centre du terrorisme mondial qui siège à Téhéran », a estimé Danny Danon.
L’Iran a fourni l’an dernier 4 milliards de dollars au régime de Bachar al Assad
Israël dénonce aussi la responsabilité de l’Autorité Palestinienne qui, si elle ne finance pas directement le terrorisme, n’hésite pas à le récompenser. En 2018, elle a versé un total de 137 millions de dollars à des terroristes palestiniens condamnés par Israël, qu’ils soient en train ou qu’ils aient fini de purger leur peine de prison. Ces chiffres sont d’autant plus intéressants qu’ils émanent de l’Autorité Palestinienne elle-même et qu’ils ont été publiés par son ministère chargé des prisonniers, qui a fourni le détail de son budget de fonctionnement. Cela recoupe d’ailleurs en grande partie les évaluations de l’ONG israélienne Palestinian Media Watch, qui a aussi constaté l’existence d’un barème, qui alloue des subventions de plus en plus élevées aux terroristes qui ont fait l’objet des condamnations les plus lourdes. Ainsi, les deux « doyens » terroristes, détenus en Israël depuis le début des années 80 pour le meurtre d’un soldat de Tsahal, perçoivent un « salaire » mensuel de près de 3 300 dollars. Toujours sur la base de chiffres publiés par l’Autorité Palestinienne, l’ONG estime que 18 000 personnes environ bénéficient de ces subsides, dont les familles de terroristes qui ont péri dans leur attaque-suicide ou qui ont été abattus par les forces de sécurité israéliennes.
Daesh sait également exploiter les filières de la criminalité organisée
Si Israël est évidemment en première ligne, il est loin d’être le seul à lutter contre le terrorisme et son financement. La traque de l’argent terroriste concerne aujourd’hui de plus en plus de pays, principalement occidentaux. Mais, contrairement aux organisations terroristes, les Etats ont encore du mal à coopérer efficacement pour enrayer un fléau qui traverse les frontières. Une organisation comme le Hezbollah maîtrise parfaitement les systèmes financiers et sait faire transiter ses fonds par l’Afrique, l’Europe et l’Amérique latine pour contourner les sanctions ou le contrôle sur les ventes d’armements. On se souvient aussi des spéculations boursières d’Oussama Ben Laden, lors des attentats d’Al Qaeda en 2001 contre les Etats-Unis. Daech sait également exploiter les filières de la criminalité organisée ou se payer sur le trafic humain des migrants vers l’Europe pour remplir ses caisses.
Les pratiques mafieuses ont toujours été un outil utilisé par les organisations terroristes au Moyen-Orient comme en Europe. L’ETA au Pays basque, n’hésitait pas à recourir au racket pour financer ses activités terroristes, ni à accepter les subsides de régimes comme la Libye de Kadhafi, qui pouvait ainsi déstabiliser l’Espagne de l’extérieur.
Au cours des dernières années, la lutte contre le terrorisme est devenue une entreprise internationale. Les mécanismes de lutte contre le blanchiment, les normes plus sévèrement contrôlées de transparence des transactions ont certainement contribué à rendre plus difficiles les mouvements d’argent des groupes terroristes. Pourtant, au-delà des dispositions techniques, l’efficacité du combat se heurte encore à des obstacles politiques. Les Etats fonctionnent d’abord en fonction de leurs intérêts stratégiques propres, qui les dissuadent parfois d’aller jusqu’au bout. Ainsi, reconnaître l’Iran comme Etat financier du terrorisme reste une ligne rouge que trop peu sont prêts à franchir.
Par Pascale Zonszain Le 30/01/2019
http://www.actuj.com/2019-01/moyen-orient-monde/7594-le-cout-du-terrorisme
 
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