Un article de Guillaume Lenorman pour Israël Valley. A la mosquée el-Jazzar d’Acre, dans le nord d’Israël, cela faisait presque 15 ans qu’Ibrahim Masri appelait les musulmans à la prière matin et soir et la voix s’élevant de l’une des plus belles mosquées d’Israël passait elle-même pour l’une des plus belles du pays. Mais il vient d’être notifié de son licenciement en raison de sa pratique du culturisme
Ibrahim Masri, 46 ans et 105 kilos, soulève des poids depuis son adolescence. Autour de la mosquée, dans la vieille ville portuaire fortifiée inscrite au patrimoine mondial de l’humanité, il est aussi connu pour la largeur de ses épaules et le tour de ses biceps que pour sa voix unique se répandant à travers les haut-parleurs sur l’ancienne cité. Il n’a jamais vu là la moindre contradiction, mais les ennuis sont apparus après qu’il eut remporté les championnats d’Israël de bodybuilding en 2017. Quelques mois après, il s’est retrouvé convoqué devant une commission de personnalités religieuses.
A l’issue de la procédure d’enquête, le ministère de l’Intérieur l’a informé qu’il perdrait son poste fin janvier, mais son renvoi a causé des remous à Acre, qui abrite une minorité arabe significative.
« Comment peut-on priver Ibrahim de son emploi uniquement parce qu’il a participé à une compétition », s’indigne Wissam Zalafi, un garde de la mosquée. « Aucun muezzin n’a une aussi belle voix dans tout Acre », dit-il.
Cheikh Mohammed Kiwan, le chef des imams de la mosquée a déclaré qu’ »Il ne lui est pas permis de montrer son intimité devant des hommes, des femmes et des enfants ».
Ibrahim Masri pourra toujours se consacrer davantage au club qu’il a contribué à ouvrir pour de jeunes culturistes à Acre. L’un de ces jeunes, Amal Khatib, assure que la structure l’a aidé à se stabiliser et à trouver un emploi.
Ibrahim Masri a encore un appel en suspens, qui doit être examiné dans les prochains jours. Une pétition de soutien a été lancée.
Source : La Croix & Israël Valley