Selon le dernier rapport sur les exportations d’armes de IHS Markit, cabinet qui scrute 40.000 programmes d’armement dans 65 pays, la France fait son entrée sur le podium mondial des ventes d’armes en 2017. Avec 5,2 milliards de dollars de livraisons, la France, troisième, n’est devancée que par le leader mondial incontesté, les Etats-Unis (26,9 milliards de dollars), et par la Russie (7,2 milliards).
Elle termine en revanche devant l’Allemagne (4,3 milliards), le Royaume-Uni (4 milliards), Israël (2,1 milliards) et le Canada (1,9 milliard). Paris gagne ainsi une place par rapport à 2016, année où l’Allemagne l’avait devancée de peu (4,36 contre 4,3 milliards de dollars).
Qu’on s’en félicite ou qu’on le déplore, l’industrie française récolte ainsi les fruits des excellentes prises de commandes des années 2012-2017, marquées par les trois contrats Rafale (84 avions vendus à l’Egypte, le Qatar et l’Inde) ou encore la vente d’une frégate FREMM à l’Egypte. Porté par un carnet de commandes bien garni (54 milliards dollars fin 2016 selon IHS), Paris pourrait même passer devant Moscou dès 2018, un scénario évoqué par IHS mi-2016. Ce qui serait une première dans l’histoire récente des ventes d’armes. Les Etats-Unis, eux, resteront intouchables, du fait notamment le montée en puissance des livraisons du chasseur F-35.
Vers une baisse du marché en 2018
L’autre leçon de l’étude 2017 d’IHS, c’est que même dans le secteur des ventes d’armes, les arbres ne montent pas au ciel. « Pour la première fois, nous prévoyons une baisse des exportations mondiales d’armement », indique Ben Moores, analyste senior chez IHS, qui cite plusieurs raisons: la baisse du prix de l’énergie, une production domestique en hausse et tout simplement le besoin du marché de faire une pause après une longue période de hausses. Le retournement pourrait se matérialiser dès 2018, par des livraisons d’armement en baisse, ce qui serait une première depuis 2009.
De quoi menacer l’attractivité du marché de l’armement? IHS répond clairement par la négative. Même en baisse, le marché reste gigantesque. Le Moyen-Orient, porté par l’Arabie Saoudite, va continuer d’importer de l’ordre de 22 milliards de dollars d’équipements par an ces quatre prochaines années, avant un retournement prévu au début de la décennie 2020. Sur les dix prochaines années, les opportunités de ventes d’armes sont estimées à 27 milliards de dollars en Arabie Saoudite, 22 milliards en Inde, 14 milliards aux Emirats Arabes Unis. L’Indonésie et l’Algérie s’annoncent aussi comme des prospects solides, avec 9 milliards de dollars de commandes potentielles chacun.