L’entretien à la résidence présidentielle de Botcharov Routcheï s’est déroulé d’abord en tête-à-tête, puis dans un format élargi. Du côté russe étaient présents le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le conseiller du président Iouri Ouchakov et le vice-premier ministre Arkadi Dvorkovitch. Du côté israélien, hormis le chef du renseignement, était présent le président du Conseil de sécurité nationale Meir Ben Shabbat.Benjamin Netanyahu a immédiatement «pris le taureau par les cornes» en déclarant que le renforcement des positions de l’Iran en Syrie était une menace pour Israël, le Moyen-Orient et le monde entier. Selon lui, l’Iran contrôle le Liban et «se trouve également à un stade avancé d’influence sur l’Irak et le Yémen». Netanyahu s’est dit d’accord avec Poutine concernant le fait que des efforts conjoints étaient primordiaux pour vaincre l’organisation terroriste Daech. «Mais le fait est que là où Daech est vaincu et d’où le terrorisme disparaît, l’Iran arrive, a déclaré le premier ministre israélien. Nous ne devons jamais oublier que l’Iran continue de menacer chaque jour l’État d’Israël…»
Netanyahu a expliqué à Poutine pourquoi Israël rejetait l’accord sur le cessez-le-feu et les zones de désescalade en Syrie conclu entre les présidents de la Russie et des USA en marge du sommet du G20 à Hambourg. Il est entré en vigueur le 9 juillet et s’étend sur les provinces de Deraa, Quneitra et Soueïda, y compris les territoires attenants à la frontière israélienne et jordanienne. D’après Tel Aviv, l’accord ne prend pas suffisamment en compte les intérêts de sécurité d’Israël ni le facteur iranien, compte tenu de l’influence qu’aura Téhéran sur la situation en Syrie après la fin de la guerre civile. Il ne s’agit pas seulement, pour le premier ministre israélien, de faire reconnaître le caractère inadmissible de la présence du Corps des gardiens de la révolution islamique, de la milice chiite et du Hezbollah libanais à proximité immédiate des frontières israéliennes, mais également de garantir l’absence des forces iraniennes sur tout le territoire syrien — qui permettraient à Téhéran, selon lui, de promouvoir son programme nucléaire en Syrie.A la question de savoir pourquoi Netanyahu a fait participer le chef du Mossad à la réunion, le politologue israélien Benny Briskin répond: «Yossi Cohen devait assister à la réunion de Sotchi parce que c’est un professionnel du domaine de la sécurité qui connaît mieux que quiconque la situation dans la région. Netanyahu voulait que Poutine entende de sa part les craintes d’Israël. Cohen a partagé avec le président russe des renseignements confidentiels qui indiquent qu’Israël ne tire pas la sonnette d’alarme sans raison…»
Benny Briskin doute que les détails des pourparlers de Sotchi fuiteront dans la presse. Or Israël est conscient que les pays ne peuvent pas s’entendre à 100% sur toutes les questions à l’ordre du jour. Mais le fait même qu’une coordination permanente entre Israël et la Russie a été établie est important.
L’expert suppose qu’Israël pourrait jouer le rôle de canal de liaison supplémentaire entre le Kremlin et la Maison blanche compte tenu de la crise dans les relations russo-américaines. «Une délégation américaine se rendra prochainement en Israël avec le conseiller et le gendre du président, Jared Kushner, et le représentant spécial de Donald Trump pour les négociations internationales Jason Greenblatt. L’entretien de Sotchi et la visite des émissaires de Trump se déroule dans un intervalle de temps si réduit qu’on pourrait penser qu’un message a été transmis indirectement.»D’ailleurs, une délégation israélienne s’est rendue à Washington la semaine dernière avec Cohen et Hertzi Halevi, chef du renseignement militaire. Benny Briskin a noté que ce n’était pas une délégation de politiciens mais de professionnels. «C’est la coopération au niveau professionnel qui est importante avec les USA, car le système américain de freins et de contrepoids ne permet pas au président américain de mettre en œuvre tout ce qu’il voudrait. Netanyahu n’avait pas besoin de persuader Trump de ce dont le président américain est déjà convaincu: le risque que représente l’Iran. La mission des agents israéliens consistait à en convaincre leurs collègues américains», conclut l’expert.
Source : https://fr.sputniknews.com