Nathalie Hamou (Les Echos – Copyrights). Le rapport 2017 de Startup Genome a intégré pour la première fois Jérusalem à son palmarès mondial des écosystèmes d’innovation. Alors que Tel Aviv, poumon économique israélien, reculait de la deuxième à la sixième place, la ville aux pierres blanches a été désignée parmi les huit étoiles montantes les plus susceptibles de faire leur entrée dans le Top 20, aux côtés de Moscou ou d’Helsinki.
Pour étayer cette prédiction, Startup Genome cite la croissance exponentielle du nombre de jeunes pousses, au nombre de 600 actuellement contre seulement 200 en 2012, la progression en flèche du montant des capitaux levés, qui a été multiplié par cinq, à 260 millions de dollars. Ou encore l’essor des accélérateurs , dont le nombre est passé de un à dix…
Dernier exemple en date : la décision de la célèbre couveuse à but non lucratif de Boston MassChallenge d’ouvrir une antenne à Jérusalem, à quelques encablures des étals colorés de Mahane Yehuda, le grand marché alimentaire ouvert de la ville. L’arrivée du plus grand incubateur de start-up au monde a été obtenue de haute lutte par l’Autorité de développement de Jérusalem, qui a alloué au projet 10 millions de shekels (près de 2,5 millions d’euros) sur cinq ans.
Un essor dans les années 1990
Mais le résultat est là : une première promotion de 48 start-up, dont un tiers fondées par des entrepreneurs de la ville. Et MassChallenge n’est pas le seul à faire ce pari. Le géant russe du secteur de la cybersécurité Kaspersky vient d’ouvrir un centre de R&D tandis que le spécialiste américain du partage de bureaux WeWork doit y inaugurer, au troisième trimestre, ses premiers espaces de co-working dans un immeuble phare du centre-ville.
Du jour au lendemain, des centaines de jeunes entrepreneurs ont déserté les lieux. Et Jérusalem a connu une sorte d’hiver nucléaire
Ce n’est pas la première fois que Jérusalem, l’épicentre spirituel et administratif du pays qui compte près de 1 million d’âmes, tente l’aventure du high-tech. Dans les années 1990, la ville la plus peuplée du pays alignait déjà des entreprises technologiques prometteuses et pas moins de quatre fonds d’investissement, dont le Jerusalem Venture Partners, établi dès 1993 par Erel Margalit, le père spirituel de l’écosystème local. Mais cette dynamique a été stoppée net au cours de l’année 2000 avec l’éclatement de la bulle Internet puis la deuxième Intifada et son cortège d’attentats meurtriers.
« Du jour au lendemain, des centaines de jeunes entrepreneurs ont déserté les lieux. Trois des quatre fonds de capital-risque de la ville ont mis le cap sur Tel Aviv ou Herzliya. Et Jérusalem a connu une sorte d’hiver nucléaire », raconte Elie Wurtman. Ce « serial entrepreneur » d’origine américaine a dû attendre une décennie avant de réinvestir dans sa ville d’adoption en lançant voilà quatre ans le fonds Pico Partners, qui se double d’un espace de co-working, situé à Talpiot, dans le sud de la capitale. (Les Echos – Copyrights)