En quelques mois, l’image des États-Unis dans le monde s’est dégradée, en corollaire du discrédit de Donald Trump auprès des opinions publiques internationales. C’est l’enseignement dominant d’une enquête commanditée dans 37 pays par le Pew Research Center, un think-tank indépendant à Washington.
Il n’a pas fallu quatre mois à Donald Trump pour que son étoile présidentielle palisse: 74% des 40.447 personnes interrogées sur les cinq continents entre le 16 février et le 8 mai ne lui font «pas confiance pour prendre les bonnes décisions sur la scène mondiale». La défiance atteint 92% en Espagne, 86% en France, 87% en Allemagne, 93% au Mexique, 75% au Canada… Seuls font exception la Russie (53% de confiance en Trump), Israël (56%) et trois pays africains.
Le Pew Research Center, qui mène cette enquête chaque année depuis 2002, observe qu’il s’agit des «niveaux les plus bas mesurés à travers la planète en une décennie et demie». Le déficit de confiance de Donald Trump par rapport à Barack Obama est particulièrement frappant en Suède (un écart de 83 points!), en Allemagne (-75%) ou en France (-70%). En Europe d’une manière générale, Trump débute là où George W. Bush avait fini. À nouveau, seule la Russie est à contre-courant (+42%) ainsi que, dans une moindre mesure, Israël (+7%).

Plus impopulaire que Xi Jinping et Vladimir Poutine

En moyenne, Obama avait achevé son mandat avec l’opinion favorable de 64% des sondés dans le monde, et l’image des Etats-Unis bénéficiait d’une cote équivalente. Depuis l’arrivée de son successeur, le pays a vu son taux d’avis positifs tomber à 49% (46% en Europe). Toutefois, les Américains restent appréciés par 58% de l’opinion mondiale (73% en France) et leur culture populaire (musicale, cinématographique et télévisuelle) est plébiscitée par 65% des consommateurs étrangers. La version américaine de la démocratie, en revanche, ne recueille que 46% d’opinions favorables (à peine 34% en France et 37% en Allemagne).
Le fort sentiment négatif se concentre sur la personnalité et les politiques de Donald Trump. Avec son score de 74%, il bat en impopularité le Chinois Xi Jinping (53%) et le Russe Vladimir Poutine (59%). Les qualificatifs qui recueillent le plus de suffrages le concernant sont: arrogant (75%), intolérant (65%) et dangereux (62%). En même temps, 55% le voient comme un dirigeant fort et 39% lui trouvent du charisme. Mais 26% seulement le jugent qualifié et à peine 23% pensent qu’il se soucie des gens ordinaires.

Les hommes plus favorables que les femmes

Ses propositions politiques font presque l’unanimité contre elles: pratiquement aucune n’est approuvée par la majorité dans les 37 pays sondés (à l’exception de sa posture envers l’Iran en Israël et en Jordanie). Le mur sur la frontière mexicaine est rejeté à 76% – 94% au Mexique, 89% en France et même 44% (contre 42%) en… Israël. Le retrait de l’Accord de Paris sur le climat est dénoncé par 71% des personnes interrogées (90% en France). Sont aussi vus négativement la dénonciation des accords de libre-échange (à 72%), la suspension des visas aux ressortissants de pays musulmans (à 62%) et la dénonciation de l’accord nucléaire avec Téhéran (à 49%, contre 34%).
Les hommes ont tendance à être plus favorables à Trump que les femmes. De même, plus les électeurs votent à droite, plus ils sont susceptibles d’apprécier le président américain. En France, 39% des supporteurs du Front national le soutiennent, contre 6% de ceux qui rejettent le FN. La même tendance se retrouve chez les sympathisants de l’UKIP au Royaume-Uni, de la Lega Nord en Italie et de l’AfD en Allemagne. Mais, même dans cette frange de l’opinion, Trump ne franchit jamais la majorité absolue.
Malgré ce tableau globalement négatif, auquel répond un taux d’approbation historiquement bas de 36% aux Etats-Unis, selon le baromètre Gallup, la plupart des sondés (41%) estiment que les relations entre leur pays et les Etats-Unis ne subiront pas de bouleversement majeur durant le mandat de Trump ; 32% s’attendent à ce qu’elles empirent, 15% à ce qu’elles s’améliorent. En France, ils sont respectivement 56%, 38% et 6%. Israël détient le record d’optimisme, avec 65% des sondés convaincus que les choses iront mieux, suivi par la Russie (53%).
(Le Figaro – Copyrights)

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