Le député des Yvelines a voulu se démarquer en revendiquant son ancrage à gauche. Les sympathisants l’ont désigné, dimanche, pour les représenter à la présidentielle.
Benoît Hamon sera le candidat du Parti socialiste à l’élection présidentielle. Le député des Yvelines l’a emporté au second tour de la primaire à gauche face à Manuel Valls, dimanche 29 janvier, avec plus de 58% des voix. Après avoir creusé l’écart au premier tour (avec 36,03 % des voix contre 31,48% pour M. Valls), il a réussi à maintenir son avance, dans un contexte d’augmentation de la participation. C’est une revanche pour l’ex-ministre de l’éducation qui avait quitté le gouvernement de Manuel Valls fin août 2014, dans l’ombre d’Arnaud Montebourg.
Dans son discours de victoire, Benoît Hamon a salué une gauche qui « relève la tête, se tourne vers le futur et veut gagner ». Il a surtout appelé au rassemblement, non seulement de « tous les socialistes » mais aussi des candidats d’Europe écologie-Les Verts et de La France insoumise, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon. (…)
L’ANCRAGE À GAUCHE D’UN ANCIEN MILITANT ÉTUDIANT
C’est au sein de SOS-Racisme que Benoît Hamon a commencé sa vie de militant. En 1986, il est partie prenante des manifestations lycéennes et étudiantes contre la loi Devaquet, vaste mouvement qui l’incite un an plus tard à prendre sa carte à l’UNEF, principal syndicat étudiant, duquel il est resté proche. En 1993, il devient le premier président du Mouvement des jeunes socialistes, un poste qu’il conservera jusqu’en 1995.
Délégué national du PS chargé de la jeunesse, le jeune Hamon se rapproche ensuite de Lionel Jospin, dont il sera conseiller pour la jeunesse pendant la campagne présidentielle de 1995. Il sera élu député européen de la circonscription Est entre 2004 et 2009, puis conseiller régional d’Ile-de-France entre 2010 et 2014, en parallèle de sa charge de porte-parole du Parti socialiste, de 2008 à 2012.
Au cours de son ascension au sein du Parti socialiste, Benoît Hamon s’est inscrit dans une tendance réformiste, notamment au sein du Nouveau Parti socialiste, un courant interne au PS qu’il cofonde avec Arnaud Montebourg et Vincent Peillon après le choc du 21 avril 2002, qui a vu la gauche éliminée au premier tour de la présidentielle.
Ministre délégué à l’économie sociale et solidaire (2012-2014), puis de l’éducation nationale (avril-août 2014), l’ex-porte parole du PS compte se démarquer du quinquennat écoulé et revendique son ancrage à gauche. Il disait, dès le 16 août, son désir de rompre avec « les quinquennats [qui] se succèdent », avec « les hommes providentiels aussi ».
Il est l’un des plus prompts à s’être déclarés pour la primaire, prenant de vitesse son plus proche rival, Arnaud Montebourg – l’ancien ministre de l’économie devait annoncer sa candidature quelques jours plus tard. M. Hamon n’avait eu d’autre choix que de quitter le gouvernement le même jour que M. Montebourg, en août 2014 ; lors de la fête de la rose, à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire) les deux hommes avaient milité pour un changement de cap de la politique économique menée par le gouvernement de Manuel Valls.
BILANS CONTRASTÉS À BERCY ET À L’ÉDUCATION NATIONALE
Lors de son passage à Bercy, en tant que ministre délégué chargé de l’économie sociale et solidaire, de mai 2012 à mars 2014, Benoît Hamon a mené quelques chantiers significatifs dont la loi sur l’économie sociale et solidaire (ESS), qui donne un cadre à un secteur – regroupant notamment les mutuelles, les coopératives, les associations… – jusque-là mal défini. Adoptée en juillet 2014, la loi définit, pour la première fois, l’ESS comme un « mode d’entreprendre et de développement économique ».
Son autre grand projet fut la loi sur la consommation, adoptée en mars 2014. Elle propose un panel d’outils pour améliorer la protection des consommateurs comme l’action de groupe, la facilitation de la résiliation du contrat d’assurance, la mise en place d’un registre du crédit ou l’augmentation du délai de rétractation pour le commerce en ligne. Le ministre quitte son poste peu après l’adoption de cette loi pour rejoindre le ministère de l’éducation nationale.
Mais il ne passera que cent quarante-sept jours rue de Grenelle où il a succédé à Vincent Peillon en mars 2014, avant de suivre Arnaud Montebourg et de quitter le gouvernement en août de la même année. Au cours de ses quelques mois comme titulaire de ce portefeuille, M. Hamon n’a pas eu le temps de lancer de chantier majeur et laisse un bilan mitigé. Chargé de déminer le dossier de la réforme des rythmes scolaires, il lâche du lest sans pour autant calmer la fronde.
Source: Le Monde

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