« L’extrême droite n’a pas le monopole de l’antisémitisme » : comment les législatives 2024 sont vues par la communauté française en Israël.

La question de l’antisémitisme et du soutien à Israël animent les discussions chez les franco-israéliens qui vont voter pour ces législatives de 2024. Pour nombre d’entre eux, l’extrême droite n’apparaît plus comme un repoussoir notamment depuis le 7 octobre.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Un drapeau israélien sur un balcon à Jérusalem. Photo d'illustration. (BEATA ZAWRZEL / NURPHOTO / VIA AFP)

Bien que loin de Paris, le débat autour de la situation politique en France est vif. Après la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron et avant les élections législatives anticipées, la forte communauté française en Israël – qui représente 100 000 personnes dans le pays – s’interroge. Une question revient sans cesse :  extrême droite ou l’extrême gauche, quel est le véritable ennemi des juifs et d’Israël ?

Dans ce pays en guerre contre le Hamas, dirigé par le gouvernement le plus extrême de son histoire, où la gauche n’a pas été au pouvoir depuis plus de 20 ans, les manifestations pour la Palestine d’une partie de la gauche ont profondément marqué les esprits. « Cette haine contre le peuple juif, je n’ai jamais vu ça ! », dénonce Albert qui est coiffeur à Jérusalem depuis 25 ans.

« Le RN va d’abord s’occuper de bien remettre la France en marche ».

Comme beaucoup de juifs franco-israéliens, il vote pour l’extrême droite. Si les Européennes n’ont attiré que 8% des votants en Israël, plus de la moitié d’entre eux ont voté pour l’extrême droite. « Ils vont d’abord s’occuper de bien remettre la France en marche, estime Albert. Avant de s’occuper des juifs, il y a du boulot. »

Des arguments difficiles à entendre pour Yaëlle, qui, elle, considère le Rassemblement national comme un parti clairement antisémite : « Marine Le Pen est la fille de Jean-Marie Le Pen. C’est le même parti ripoliné pour donner l’impression d’un parti républicain. » 

Un parti républicain en apparence pour Yaëlle, qui fait régulièrement des appels du pied à l’électorat juif. « Est-ce que le Rassemblement national d’aujourd’hui est le Front national des années 1980 ? Je ne le pense pas, affirme Emmanuel Navon, professeur de relations internationales à l’université de Tel Aviv. L’extrême droite n’a pas le monopole de l’antisémitisme, loin de là. »

« Les cartes sont très brouillées et cela donne effectivement à repenser la relation qui doit être celle d’Israël vis-à-vis de ces partis et vis-à-vis d’une éventuelle victoire du RN en France. »

Emmanuel Navon

à franceinfo

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