Le redressement de la bande côtière palestinienne, dévastée pendant la guerre du mois de mai dernier, est entravé par les réglementations kafkaïennes imposées par Israël.
Selon lemonde.fr :
« Des fenêtres de son bureau, juché sur la corniche de Gaza, Jawdat Khoudary contemple la mer étale et les ruines d’une villa, propriété d’un homme d’affaires soupçonné de travailler pour le compte du Hamas, réduite en miettes durant la dernière guerre, en mai, par l’aviation israélienne. M. Khoudary soupire. Si cela ne tenait qu’à lui, il prendrait sa retraite.
Cet ingénieur formé au Caire, patron de l’une des plus grandes entreprises du bâtiment gazaouies, appréhende la phase de reconstruction qui s’ouvre. A près de 70 ans et trois conflits passés (2008-2009, 2012, 2014), il est aussi las de reconstruire l’enclave palestinienne que les donateurs internationaux avec lesquels il travaille.
M. Khoudary aimerait se consacrer au musée qu’il a aménagé dans le hall de l’hôtel où il reçoit : une collection de chapiteaux de l’Antiquité grecque à feuilles d’acanthe et de figurines, dont une jolie petite Vénus en terre cuite, d’épées européennes rouillées, de faïences islamiques à entrelacs floraux. Ces vestiges, pêchés au large de Gaza ou déterrés dans cette bande de sable sous blocus israélo-égyptien depuis 2007, il les préserve pour l’avenir.
Le fait est que la quatrième reconstruction de Gaza s’annonce mal. « A part les Egyptiens, qui améliorent un tronçon de route en bord de mer, vers la frontière israélienne, je n’ai pas vu un seul projet commencer. Il n’y a pas d’argent, pas d’appels d’offres… Et il n’y aura pas de conférence internationale des donateurs, comme en 2014 », prédit M. Khoudary, un brin défaitiste. L’Egypte et le Qatar ont tous deux promis 500 millions de dollars (432 millions d’euros), pour des projets d’infrastructures qui restent à déterminer.
« Les souffrances n’ont cessé de s’accumuler ».
Déjà des ouvriers, des ingénieurs de la compagnie égyptienne Abnaa Sinai (Fils du Sinaï), s’activent sur près de 5 km de route côtière, entre Gaza-ville et la frontière Nord, que les bombes israéliennes ont trouée à la recherche de tunnels du Hamas. A la mi-octobre, 35 millions d’euros des Qataris seront investis dans la réfection d’habitations détruites durant la guerre.
En juin, la Banque mondiale a estimé que le conflit avait causé, outre 260 morts palestiniens et 13 côté israélien, quelque 330 millions d’euros de dégâts matériels, et 164 millions d’euros de pertes d’activité. C’est peu en comparaison de la guerre de 2014, durant laquelle l’infanterie israélienne avait semé le chaos dans Gaza. Mais s’arrêter à ce constat, c’est méconnaître l’économie particulière de l’enclave. « Certes, il y a moins de destructions cette fois-ci, mais les souffrances n’ont cessé de s’accumuler durant quatorze ans de siège. C’est cela qu’il faut compenser », plaide M. Khoudary. En clair, Gaza est en train de passer à côté du seul pic de croissance qui lui soit accessible ».
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