GILLES LENORMAND. Si les histoires de pirates et de corsaires ont fait rêver des générations d’enfants et de pré-adolescents, le fait que des centaines d’épaves remplies de diamants et de pièces d’or se trouvent sous les mers continue d’intéresser certaines entreprises, qui mobilisent d’énormes moyens pour explorer le fond des océans.
C’est que le scaphandre de Tintin a été remplacé par des robots amphibies qui peuvent plonger à de grandes profondeurs. Ces appareils sont parfois indispensables, car certaines épaves se trouvent à des centaines de mètres de profondeur, dans des eaux qui peuvent être glaciales et remuées par de forts courants.
Il faut aussi prendre en compte que les recherches peuvent prendre aussi de nombreuses années, car au XVIIIème siècle, quand un galion coulait, les marins n’avaient ni GPS, ni balise pour marquer leur position. Ainsi, avant de lancer une opération de recherche, il faut scruter les archives, les mémoires et les cartes, calculer les mouvements des fonds marins, puis affréter un matériel technologiquement très avancé et enfin recruter un équipages composé de spécialistes, tout cela pour un résultat qui n’est ni assuré, ni garanti.
L’exploitation des trésors des mers est très réglementée. Les pièces trouvées doivent être déclarées et seuls les trésors relevés dans les eaux internationales peuvent être conservés, à condition toutefois que les navires repêchés ne battent pas pavillon espagnol, anglais, français ou américain, sinon les droits des butins reviennent alors aux pays concernés. Ainsi, une société américaine avait déclaré avoir trouvé le trésor du bâtiment hollandais «Black swan», alors qu’il s’agissait du « Nuestra Señora de las Mercedes », navire espagnol. Après procès, l’Espagne a pu récupérer les 500.000 pièces d’argent et les centaines d’objets en or retrouvés à cette occasion.
Mais il n’y a pas que l’or, l’argent et les diamants qui peuvent intéresser les chasseurs de trésor. Ainsi, récemment, des centaines de céramiques chinoises ont été extraites au large de Singapour et parfois, ramener à la surface des cargaisons de navires modernes transportant des quantités de minéraux précieux peut être extrêmement rentable.
Ces courses au trésor sont aussi des courses contre la montre. Les gouvernements des pays lancent leurs propres explorations, aidés en cela par des organismes scientifiques. Ceux-ci sont intéressés par les témoignages historiques laissés sous les mers, mais tant les chasseurs de trésors que les états doivent prendre de vitesse les pilleurs des mers qui saccagent les navires, une fois ceux-ci repérés.
Une autre menace plane sur l’une des épaves les plus célèbres du monde, celle du Titanic. Quoique protégée par une loi signée en 1986 par Ronald Reagan qui en fait un mémorial intangible, sa carcasse métallique est rongée par les bactéries et les experts pensent qu’elle aura disparu avant vingt ans, et avec elle les 300 millions de dollars de diamants qui dormiraient dans l’épave, depuis le 14 avril 1912.
Les montants qui gisent ainsi dans cette carcasse sont considérables, mais négligeables par rapport aux 2,2 milliards rapportés par le film de James Cameron, qui n’aura remonté à la surface aucun objet du paquebot mythique. Il a cependant exploité un filon inépuisable : l’attrait du public pour les belles histoires.