ISRAELVALLEY. EN DIRECT. (DR et équipe). Une tragédie est survenue au mont Méron dans le nord d’Israël entre jeudi et vendredi matin. Ce matin les téléphones portables des morts sonnent encore… Terrible. Les évacuations continuent. LPH : « En raison de la foule immense, les nombreuses ambulances ont eu du mal à se rendre auprès des blessés et à les évacuer vers les hôpitaux de la région. Des équipes du Magen David Adom, de Zaka et du Ihoud Hatzala se sont occupées de blessés sur place. Tsahal a également été mis à contribution. Un hôpital de campagne a été dressé sur place. De très nombreuses personnes sont en état de choc ».
Israël se réveille en deuil. Un véritable choc. Ce matin les israéliens s’appellent les uns les autres pour connaître les noms des morts et blessés. Les noms de ceux qui vont être enterrés avant Shabbat, selon la tradition juive, ne sont pas diffusés à l’heure où nous sommes. Les médias israéliens ont fait circuler très tôt ce matin l’image choc d’une dizaine de corps inertes alignés dans des sacs plastique, entourés de secouristes sur une piste de bitume.
JPost et Le Figaro (extraits) : « Les victimes de la tragédie sont des membres de la secte hassidique Toldot Aharon, basée principalement dans le quartier ultra-orthodoxe de Mea Shéarim, à Jérusalem. Ces haredim se distinguent par leur degré particulier d’observance des pratiques religieuses ».
A SAVOIR. C’est une bousculade géante lors du pèlerinage de Meron, dans le nord d’Israël, qui a fait au moins 44 morts ce vendredi 30 avril. Le Magen David Adom a évoqué au moins 150 blessés dont plus de 20 dans un état critique. Hôpitaux et services de secours sont débordés dans le Nord.
Des images relayées sur les réseaux sociaux montrent une procession qui fend une foule hyper-compacte et s’approche d’une structure métallique où des religieux se tiennent debout aux abords d’un feu.
NETANYAHOU. “Énorme désastre au Mont Méron”, a tweeté en hébreu dans la nuit le Premier ministre israélien, appelant la population à “prier pour sauver les blessés”. “Israël tout entier prie pour la guérison des survivants”, a renchéri le chef de l’opposition Yaïr Lapid, disant suivre avec “anxiété” l’évolution de la situation.
100 000 PERSONNES. Le pèlerinage, qui a lieu à l’occasion de Lag Baomer, se tient à Meron, autour du tombeau de Rabbi Shimon Bar Yochaï, un talmudiste auquel on attribue la rédaction du Zohar, ouvrage central de la mystique juive. Les autorités avaient permis la présence de 10.000 personnes dans l’enceinte du tombeau mais au moins 100.000 personnes étaient sur place dans la nuit.
Le Monde : « En pleine nuit, les gyrophares de dizaines d’ambulances scintillaient à proximité du théâtre de l’accident alors que les secouristes évacuaient des corps et des blessés. Et en matinée, la situation était tendue alors que des pèlerins invectivaient les forces de l’ordre sur place ».
AFP : « Après minuit, des appels d’urgence aux secouristes se sont multipliés, et six hélicoptères ont été déployés afin d’évacuer des blessés dans des hôpitaux de Safed et Nahariya, deux villes du nord du pays. Contactée par l’AFP, l’armée israélienne a confirmé avoir déployé des hélicoptères afin de porter secours aux victimes. Et à Safed, un journaliste de l’AFP a vu des blessés transportés par hélicoptères vers Jérusalem et Tel-Aviv, où des funérailles sont attendues plus tard ce vendredi ».
Des embouteillages monstres sur les routes menant au nord du pays ont été signalés. Le Magen David Adom avait plus tôt état de cas de personnes s’étant évanouies en raison de la chaleur et d’autres brûlées légèrement par des feux de camp allumés rituellement chaque année.
En 2019, un an avant la pandémie qui avait forcé en 2020 l’annulation du pèlerinage, les organisateurs avaient estimé à 250.000 le nombre de pèlerins s’étant rendus sur place.
ISRAELVALLEY SPECIAL.
Lag Baʿomer est une fête d’institution rabbinique. Des réglementations strictes auront lieu cette année dans tout le pays pour éviter des incendies. Les feux de camps essaiment à travers le pays, bien qu’une réglementation de plus en plus stricte tente d’en maîtriser l’impact sur la santé et l’environnement.
Le saviez-vous? Meron est particulièrement connu pour abriter les tombes de Rabbi Shimon bar Yohaï et de son fils, Rabbi Eléazar bar Rabbi Shimon, lieu d’un pèlerinage important à Lag Ba’omer. À cette occasion on porte en procession un très ancien rouleau de Torah, datant de l’expulsion d’Espagne, qui se trouve dans la synagogue d’Abouhav à Safed. C’est également le moment de pratiquer l’Upsherin, la première coupe de cheveux des garçons de 3 ans. Le soir, des centaines de feux sont allumés. C’est le deuxième lieu saint du judaïsme quant à la fréquentation, juste après le Mur des Lamentations. Le Har Meron (mont Meron) se dresse non loin.
On y trouve également les vestiges d’une ancienne synagogue du IIIe siècle qui a subi plusieurs tremblements de terre, ainsi que les tombes de Hillel Hazaken et de Shammaï. Près de cette dernière, au sommet d’une colline, se dresse un gros rocher appelé le « trône du Messie ». Les anciens juifs croyaient que c’est à cet endroit que le Messie apparaîtrait.
LAG BAOMER. La fête est mentionnée pour la première fois dans la littérature rabbinique médiévale qui la rattache à Rabbi Akiva. Une tradition l’associe fortement à Rabbi Shimon bar Yohaï, légendaire auteur du Zohar, tandis que le sionisme y célèbre la vaillance de Shimon bar Kokhba.
Elle a lieu le 18 iyar en Israël comme en diaspora, donnant lieu à des feux de joie et, pour certains, à des pèlerinages sur les tombes des justes, en particulier le mausolée de Rabbi Shimon, au mont Meron.
SIONISME. Lag Baʿomer est l’une des fêtes majeures du calendrier sioniste. Bar Kokhba donne son nom à diverses sociétés estudiantines et sportives. Des institutions majeures sont officiellement fondées à cette date, parmi lesquelles le Palmah, force armée d’élite de la Hagana, et les Gadna, brigades de jeunesse. Toutes deux prennent pour emblème les deux grands symboles de la fête, à savoir les feux et l’arc à flèches respectivement.
Les feux se développent un peu partout et servent de points de rassemblement, symbolisant la vie militaire et la victoire. On y chante des chants nouvellement composés, parmi lesquels Bar Kokhba, qui remplace Bar Yohaï, Missaviv lamedoura de Natan Alterman et Findjan de Haim Hefer (en) et Moshe Wilensky (en). Quant aux sorties en armes dans la nature, elles font revivre les heures glorieuses de la résistance juive (selon une explication sioniste-religieuse, les feux pourraient également faire allusion à la pratique d’allumer des feux pour la néoménie, abrogée par les Romains et rétablie par Bar Kokhba et les sorties en forêt rappelleraient les séances clandestines d’étude de la Torah en pleine nature).
Ces pratiques sont restées populaires en Israël.