INDE. En Israël on s’inquiète de la situation sanitaire très grave en Inde qui pourrait faire chuter Narendra Modi, un ami fidèle d’Israël… et grand acheteur d’armes et technologies de l’Etat Hébreu. Israël a été impliqué dans la dépollution du Gange.
Selon L’Express : « Partenariat discret pendant la guerre froide, les liens entre l’Inde et l’Etat hébreu se sont considérablement renforcés ces dernières années. « L’Inde attache la plus haute importance au développement des relations bilatérales avec Israël, avait déclaré Sushma Swaraj, ministre des Affaires étrangères, depuis Jérusalem. Notre coopération s’est développée dans de nombreux domaines ces deux dernières décennies, mais le potentiel de nos relations va bien au-delà. »
Le rapprochement entre les deux nations s’est accéléré avec l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi. Nommé Premier ministre après la victoire de son parti aux élections générales de mai 2014, il avait déclaré le jour même vouloir « écrire un chapitre doré dans l’histoire des relations indo-israéliennes. » Des liens existaient déjà, notamment en matière de défense, mais Narendra Modi a poussé beaucoup plus loin ce virage de la politique indienne. Et depuis multiplie les appels du pied aux Israéliens ».
Des partenariats économiques se sont noué. La dépollution du Gange avait été l’une des promesses phares de la campagne de Narendra Modi: élu, c’est aux Israéliens qu’il a fait appel. Des entreprises ont été envoyés dans le nord du pays pour mettre à disposition leurs technologies spécialisées dans le traitement des eaux.
Ces entreprises innovantes, symboles de la « nation start-up », sont en première ligne du rapprochement entre les deux pays. Coopération aussi dans la recherche: le géant indien Sun Pharma a choisi le Technion – université renommée d’Haïfa – pour développer un projet commun de traitement contre le cancer.
En 2021 : Bibi Netanyahu a récemment félicité Modi pour « le vaccin indien contre le coronavirus », et avait reçu des éloges analogues pour la campagne de vaccination de masse d’Israël. Les Premiers ministres avaient parlé d’une « coopération dans la production et la fourniture de vaccins à Israël, ainsi que de la reconnaissance mutuelle de la certification des vaccins », selon la déclaration.
Selon Marianne : « À défaut de sondages, quasi-inexistants en Inde, Twitter est un bon indicateur du climat politique au pays du tout-puissant Narendra Modi. Le dirigeant ultranationaliste était convaincu, en début d’année, d’être le sauveur du monde. Il affirmait, jusqu’à la tribune de l’ONU, que son pays était « un modèle » pour la planète entière, dans la guerre contre le coronavirus et dans la campagne de vaccination qui démarrait.
Il faut dire que les contaminations étaient tombées étonnamment bas dans le sous-continent, à 9 000 par jour environ début février, et que la plus grande usine mondiale de vaccins, le Serum Institute du milliardaire Cyrus Poonawalla, exportait des millions de doses de la formule d’AstraZeneca à tour de bras, pour servir l’image divinisée d’un Modi au sommet de sa gloire.
Oui mais voilà, les vents ont tourné et jeudi 22 avril, 332 730 Indiens ont été détectés positifs en une seule journée. Un record mondial portant le nombre officiel total de personnes infectées à 16,2 millions depuis le début de la pandémie, et le nombre de morts à plus de 186 000. La situation est catastrophique dans les hôpitaux et sur les réseaux sociaux. Les hashtags les plus en vogue sont sans ambiguïté : #ResignModi et #ModiResign (« Modi démission »), #ModiGoBack (« Modi rentre chez toi »), #ModiMadeDisaster (« Modi a provoqué un désastre »)…
Allergique à la contradiction
Le leader hindouiste, qui laisse pousser sa barbe blanche depuis l’été 2020, pour apparaître comme un sage guidant son peuple, est désormais hué. Le peuple a peur, parce que le système de santé est aux abois, privé d’oxygène et de lits pour les patients qui arrivent par milliers.
Mais le peuple est aussi en colère. Et Modi le sait. Dans sa dernière apparition à la télévision, mardi 20 avril, il a usé du ton paternaliste qui le caractérise depuis son arrivée au sommet de l’État en 2014, pour appeler à « la discipline nationale ». Signe d’inquiétude sur son avenir politique ?
Expert en monologues et allergique à toute contradiction, Modi est en train de perdre la main. Car il passe pour le responsable des images terrifiantes qui circulent sur les écrans, petits et grands, celles des civières de victimes du Covid-19 faisant la queue à l’entrée des bûchers funéraires, celles de gens se battant autour d’un camion pour obtenir une bouteille d’oxygène, celles, déjà vues au printemps 2020, de hordes de travailleurs migrants à nouveau privés de toute ressource et chassés des grandes villes reconfinées.
Données trompeuses
Il y a encore deux mois, les Indiens pensaient être tirés d’affaire. En milieu rural, c’était bas les masques. La rumeur courait que le coronavirus était « une invention des politiciens » et que le pays était plus fort que les autres, grâce à la jeunesse de sa population et à l’immunité naturelle plus forte qui la caractériserait, du fait des conditions d’hygiène déplorables qui règnent partout.
Avec la deuxième vague de Covid-19 qui s’est abattue en un temps record, le climat social n’est plus du tout le même. Et l’on voit réapparaître dans les journaux les mises en garde qu’égrenaient régulièrement les experts les plus pointus, sans être entendus. Il est pourtant avéré, depuis un an, que les statistiques sanitaires sont loin du compte.
Les contaminations, dans leur immense majorité asymptomatique, pourraient être dix fois plus élevées que ce que le gouvernement Modi prétend, autour de 200 millions de personnes. Les données sont trompeuses : les laboratoires analysent en ce moment plus de 1,6 million de tests par jour mais en réalité, dans un pays aussi densément peuplé, les gens ne sont pas assez testés. Les médecins s’en plaignent, car tous les cas de Covid-19 « probables » ou « suspects » passent à la trappe. En Inde, en effet, on n’est pas comptabilisé comme une personne contaminée tant que l’on n’a pas effectué un test PCR, même si un infirmier ou une aide soignante reconnaît les symptômes, même si un médecin dresse un diagnostic sans grande ambiguïté.
Modi, en apesanteur
Quant aux décès pour cause de Covid-19, on les compte mal, en Inde plus qu’ailleurs. Dans le monde « d’avant », près de trois morts sur quatre n’étaient pas enregistrés dans les campagnes. Alors que dire d’aujourd’hui… Même dans les villes, on les recense au doigt mouillé, faute d’autopsies. Et parce que la religion hindoue impose que l’on brûle les corps dans les vingt-quatre heures. Ceci laisse à penser que près de deux millions d’Indiens sont sans doute morts de l’épidémie, la plupart sans le savoir. Bref, plus personne ne croit les autorités. Le bateau prend l’eau.
« La technique de communication bien rodée de Modi, laissant croire que tout est sous contrôle, est en train de se fissurer », confirme Rajdeep Sardesai, journaliste à The Hindustan Times, le quotidien anglophone le plus lu dans la capitale, New Delhi. « Passé maître dans les effets d’optique tout au long de sa longue carrière politique », le Premier ministre est comme un poisson dans l’eau à l’ère du multimédia, analyse-t-il : « Il est capable d’instrumentaliser la moindre image visuelle, le moindre slogan, la moindre phrase percutante au bon moment. C’est l’arme de son leadership. »