HISTOIRE DU JOUR DE GILLES FRANK. Libre écriture sur le thème de la prison… et de la liberté.
Qui dit prison dit tentative d’évasion, c’est dans l’ordre des choses, et on attribue à un ministre de l’intérieur la phrase « En cherchant à s’évader, le prisonnier fait son métier ».
Des prisons de Nantes au pénitencier d’Alcatraz en passant par le château d’If, beaucoup de détenus se sont enfuis au cours des siècles, des murs entre lesquels ils étaient enfermés. Mais creuser un tunnel ou élaborer une corde avec des draps ne suffit plus et si pour réussir une tentative d’évasion, il faut du courage, de l’imagination, de l’énergie, de la santé et de la chance, avec les temps modernes, les techniques de surveillance rendent les évasions difficiles.
Et quand elles sont couronnées de succès, on en parle peu, tout ayant déjà été tenté.
Pour se distinguer de nos jours, il faut soit de grands moyens, soit une technologie de pointe ou soit une échappée en nombre. Mais là encore, d’illustres exemples du passé mettent la barre très haute à dépasser. Ainsi, en février 1944, ce sont 24 avions anglais qui furent envoyés à Amiens pour abattre les murs de la maison d’arrêt pour libérer des résistants.
Et une fois évadé, que faire ? Si certains cherchent à se faire oublier, d’autres veulent médiatiser leur exploit avec succès. Une évasion bien menée peut rendre célèbre, à condition d’être bien être mise en valeur (#Prisonbreak).
C’est ce qui est arrivé à Jean Danry, dit Maser de Latude, petit escroc mythomane, prisonnier « professionnel » spécialiste de l’évasion, qui vécut toute sa vie de cet état et même assura ainsi sa retraite.
En 1747, il inventa un faux complot contre la marquise de Pompadour pour être le premier à le signaler, afin de gagner ses bonnes grâces. Une enquête révéla la supercherie, ce qui entraina une détention de 35 ans, celle-ci étant entrecoupée de 3 évasions, dont une de la Bastille. A la fin de l’ancien Régime, il réussit à se faire passer pour une victime de l’absolutisme, arrivant même à obtenir une pension de l’Assemblée Nationale.
Ses mémoires, bourrées d’inexactitudes et d’exagérations eurent un énorme succès durant la Révolution.
Autre cas, celui d’Henri Charrière, surnommé « Papillon » qui a fait publier un livre de « souvenirs » 23 ans après s’être évadé du bagne de Cayenne. La date de prescription de sa peine étant passé, il put profiter en France du succès de son ouvrage qui s’est vendu à plus de 12 millions d’exemplaires dans les années 70. Quelques enquêteurs révélèrent ensuite que tout ce qui était raconté dans ses prétendues mémoires n’était qu’un mélange d’exploits vécus par d’autres détenus et que Charrière s’était appropriés … mais gracié en 1970, par le président de la République, riche et devenu une célébrité médiatique, il mourut avant de voir ses pseudos aventures interprétées par Steve McQueen, grand spécialiste des rôles d’évadé.
Comme quoi, la prison mène à tout, mais à condition d’en sortir.