Le chiffre : 577 personnes ont été contaminées en France. Le passage au stade 3 de la crise du coronavirus Covid-19, celui de l’épidémie, sera atteint en France « dans quelques jours, une ou deux semaines maximum », a déclaré le professeur Jean-François Delfraissy, à la sortie d’une réunion avec le président Emmanuel Macron à l’Elysée, ce jeudi soir.
« On est tous persuadés qu’on va arriver au stade 3 en France », a précisé le professeur, qui dirige le réseau REACTing, coordonnateur de la recherche sur le coronavirus. Jeudi, pendant plus de deux heures, Emmanuel Macron a reçu une vingtaine des meilleurs spécialistes français, pour faire le point sur les outils de diagnostic et de lutte contre la maladie, qui a déjà fait sept morts en France.
Un « crash test » pour le système de santé
Les scientifiques ont débattu des « enjeux du passage à la phase 3 », en particulier pour déterminer « si le système hospitalier, fatigué depuis plusieurs mois, est prêt à encaisser ce choc que va être un certain nombre de malades graves », a expliqué le Pr Delfraissy. « On a eu des éléments pour, mais aussi des éléments qui posent questionnements aux équipes hospitalières », a-t-il relevé.
« Certains cliniciens ont évoqué des difficultés pour récupérer certains matériels et motiver les équipes », surtout « si on s’inscrit dans la durée », avec « des questions sur la capacité du système à être mis en tension pour une période longue », ce qui sera probablement le cas de la phase 3. Le chef de l’Etat, a par ailleurs rapporté le professeur Delfraissy, a demandé aux experts « ce qui manque aux équipes de recherche » en financement ou en moyens humains et souhaité « profiter de cette crise pour rebondir sur certains aspects de l’organisation des soins » car « cette crise est une forme de crash test » pour le système de santé.
Pas de vaccin avant plusieurs mois
Emmanuel Macron a aussi décidé que 8 millions d’euros allaient être débloqués pour la recherche, a indiqué le spécialiste. Le professeur Delfraissy a enfin précisé qu’un essai thérapeutique allait être mené dans les quinze prochains jours, en France et au niveau européen, notamment avec un produit du laboratoire américain Gilead actif contre le VIH. Cet antiviral jugé prometteur a déjà été utilisé pour soigner deux patients, un aux Etats-Unis et un en France.
« Certains laboratoires travaillent aussi sur de vieilles molécules qui peuvent agir contre ce virus », a-t-il dit. En revanche, « il n’y aura pas de données sur un vaccin avant de très nombreux mois. Nous n’aurons pas de vaccin tout de suite sur le coronavirus », a conclu le chercheur.
https://www.20minutes.fr