Les exportations suisses de matériel de guerre se portent bien. Elles se sont chiffrées à 509 millions de francs l’an dernier. Le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) n’estime pas qu’on peut parler à ce stade de reversement de tendance.

Les ventes d’armes ont connu un creux en 2016 (411,9 millions) après un pic à 872,7 millions en 2011. L’an dernier, les exportations ont augmenté de 63 millions par rapport à 2017. Mais la nouvelle statistique comprend désormais aussi les réparations et les exportations temporaires.

Selon le responsable du secteur Politique de maîtrise des armements, Simon Plüss, qui s’exprimait mardi devant la presse, il n’est pas possible de dire quelle part de la hausse est effectivement liée aux nouvelles bases de calcul. Les prochaines années permettront de dégager une tendance. «La situation de l’industrie de défense s’est améliorée mais elle reste tendue».

Au top 5 de pays d’exportations, on retrouve l’Allemagne (118 millions), suivie du Danemark (73,5 millions), des États-Unis (51,9 millions), de la Roumanie (22,5 millions) et de l’Italie (19,6 millions). La Suisse a aussi vendu du matériel de guerre au Pakistan (10,9 millions) aux Emirats arabes unis (9,8 millions), à Oman 6,3 millions et au Bahreïn (3 millions).

Dans des proportions moindres, des armes ont également été exportées vers l’Arabie Saoudite (2,2 millions), l’Inde (1,7 million), le Koweit et le Qatar (183 000 francs chacun), la Turquie (96 000 francs), Israël (34’000 francs) et la Jordanie (11 000 francs).

Des ventes contestées vers l’Arabie Saoudite

Pour l’Arabie Saoudite, il s’agit essentiellement de matériel de conduite de tir (pièces de rechange pour des systèmes de défense antiarienne). Il s’agit d’exportations autorisées avant le récent tour de vis.

Les ventes vers Riyad sont fortement critiquées du fait de l’implication saoudienne dans le conflit au Yémen ainsi que dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi. L’an dernier, la Suisse a décidé de ne plus livrer jusqu’à nouvel ordre de pièces de rechange à Riyad.

Depuis 2009, Berne n’autorisait plus les exportations de matériel de guerre vers l’Arabie Saoudite, à l’exception des pièces de rechange, des munitions et des armes à feu à usage privé. A partir de 2016, les demandes pour du matériel présentant un risque élevé d’utilisation au Yémen sont rejetées.

Munitions et blindés

Réparties en catégories de matériel, 34 % des livraisons effectuées en 2018 concernaient des munitions et de leurs composants pour armes de tout calibre. Les principaux clients sont le Danemark, l’Allemagne et l’Autriche. Un quart des ventes (24,5%) concerne de véhicules blindés, 10,4% des composants pour avions de combat, 10,1% des armes de tout calibre et 6,8 % du matériel de conduite de tir.

Les armes à épauler et de poing forment l’essentiel des ventes vers l’Inde, la Jordanie, le Koweït et le Qatar. Les autres armes de tout calibre ont intéressé Oman et le Pakistan. Ce dernier a aussi reçu du matériel de conduite de tir. Cette catégorie représente l’essentiel des exportations vers la Turquie. Les Emirats arabes unis ont principalement acheté des munitions, le Bahreïn des aéronefs et Israël des véhicules.

Biens spécifiques

Quelque 80% des exportations ont été vers des pays qui ont adhéré aux quatre régimes internationaux de contrôle à l’exportation de biens stratégiques sensibles, contre 53% en 2017, souligne le SECO. Le Secrétariat d’Etat publie également une statistique des biens militaires spécifiques (perturbateurs, protection balistique, systèmes de vision nocturne, simulateurs).

La valeur totale des permis individuels accordés s’est élevée à 25 millions de francs, contre 71 millions en 2017. On est loin du milliard de 2015. La baisse est due aux demandes qui ne sont plus déposées concernant les avions d’entraînement.

Parmi les pays de destination, on retrouve l’Egypte, la Chine, l’Inde, Israël, le Koweït, le Maroc, Oman, l’Arabie Saoudite ou les Etats arabes uni. Selon le SECO, il n’est pas possible de tirer des informations sur les marchandises effectivement exportées. Une même opération d’exportation peut apparaître plusieurs fois dans la statistique car la durée des permis est limitée à deux ans.

Des contrôles mis en question par le Contrôle fédéral des finances

Le Secrétariat d’Etat s’est fait récemment tirer les oreilles par le Contrôle fédéral des finances sur la qualité de ses contrôles. L’an dernier, le SECO est allé vérifier en Indonésie, au Kazakhstan, au Qatar, au Liban, en Lituanie, au Pakistan et en Afrique du Sud si la déclaration de non-réexportation est respectée.

Toutes les preuves n’ont pas pu être apportées. Sur cette base, la Suisse vient de stopper les ventes vers le Liban jusqu’à nouvel avis.

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