L’Allemagne, grand partenaire d’Israël en Europe, devrait dévoiler mercredi une croissance 2019 en nette perte de vitesse, marquant la fin d’une décennie faste et relançant le débat sur l’emploi de ses marges de manoeuvre budgétaires pour dynamiser l’économie. Aujourd’hui, l’Allemagne est le partenaire européen le plus important d’Israël. « Les diplomates allemands se concertent énormément avec leurs collègues israéliens », souligne un expert à la fondation Sciences et politique (SWP). Les élus du Bundestag ont approuvé récemment une résolution définissant comme antisémites les arguments et les méthodes de BDS, mouvement d’origine palestinienne qui en appelle au boycottage d’Israël pour l’inciter à respecter le droit international.
Selon RFI : « Après +2,5% en 2017 puis +1,5% en 2018, la progression du produit intérieur brut allemand devrait retomber à +0,5% en 2019, a estimé courant décembre la Banque fédérale allemande.
Cette estimation dévoilée à 09H00 GMT – susceptible d’être révisée – devrait donner aux économistes une première idée du PIB du quatrième trimestre, avant sa publication officielle le 14 février.
A elle seule, la chute de la production automobile l’an dernier, retombée au plus bas depuis 1997, a coûté 0,75 point de PIB à l’Allemagne, calcule l’institut IFO.
– Perspectives sombres –
Mais ce n’est pas tout: l’attractivité de l’Allemagne « décroît aux yeux des investisseurs » en l’absence d’une « politique économique propice à la localisation d’activités », déplore M. Schmieding.
De fait, l’Allemagne a attiré 152 projets d’implantations ou d’extensions de sites industriels en 2018, soit 11 de moins qu’en 2017, pendant que la France en accueillait 339, contre 323 en 2017, selon une récente enquête du cabinet EY.
Si l’économie allemande a évité d’un cheveu la récession technique, préservant 0,1% de croissance au troisième trimestre après un recul de 0,2% du PIB au deuxième, ses perspectives restent « très sombres », selon l’assureur Allianz.
Malgré la signature prévue ce mercredi d’un premier accord entre Washington et Pékin, l’Allemagne va « rester sous pression » et son économie « ne devrait redécoller qu’en 2021″, d’après Allianz.
La demande interne, tirée par la consommation et la construction, devrait demeurer le premier pilier de la croissance cette année et l’an prochain, précise l’assureur, qui voit le PIB allemand augmenter de 0,6% en 2020 puis d’1,1% en 2021.
Ce serait bien en-deçà de la moyenne proche de 1,9% connue entre 2010 et 2018, selon un chiffre communiqué par l’Office fédéral des statistiques Destatis.
– Débat budgétaire –
L’Office statistique fera par ailleurs connaître mercredi une estimation du solde des comptes publics pour 2019. La banque Berenberg table sur un surplus d’1,6% du PIB, notamment parce que l’Etat emprunteur profite des taux négatifs.
L’Etat fédéral a déjà annoncé lundi avoir dégagé un excédent budgétaire record de 13,5 milliards d’euros en 2019, de nature à gonfler encore la cagnotte amassée depuis 2014.
Or Berlin est pressé depuis des années, par ses partenaires internationaux comme par une partie de ses économistes, d’assouplir le dogme d’un budget fédéral au moins à l’équilibre.
Le débat risque de s’enflammer à nouveau puisque la droite allemande appelle à des baisses d’impôts tandis que le ministre des finances social-démocrate, Olaf Scholz, évoque davantage d’investissements publics à venir, dans les écoles, les hôpitaux, les infrastructures mais aussi pour lutter contre le réchauffement climatique.
Si l’argent ne manque pas, les freins sont multiples, fait cependant observer Berenberg: outre les délais requis pour planifier des projets publics, ils se heurtent souvent à des recours judiciaires et au manque de personnel qualifié, énumère la banque ». © 2020 AFP