La CCIF a invité au célèbre café Bialik une chanteuse remarquable. Son répertoire est unique. Elle chante Barbara avec simplicité, un talent unique et une chaleur communicative. Léa Mimoun interprète sur scène les chansons françaises et israéliennes chères à son cœur, avec une passion particulière pour Barbara. Une chanson sera réservée à Notre Dame de Paris. Le 8 Mai 2019, Léa chantera en hébreu « Göttingen ». Inoubliable moment…
Résa: https://bit.ly/2UDdabza
LE PLUS. LE JOURNAL LIBERATION PARLE DE GOTTINGEN. « Le 24 novembre 1997, Barbara disparaissait. Pour célébrer ce triste anniversaire et remettre la longue dame brune au présent, « l’Obs » retrace son parcours en chansons.
Elle hésite avant d’accepter cette invitation à aller chanter en Allemagne. La guerre, c’était hier. Barbara en garde des souvenirs de fuites, et cette peur panique chaque fois que l’on toque à sa porte. « Ne dis jamais à personne que tu es juive », entendait-elle souvent durant ces années où la famille se cachait dans le village de Saint-Marcellin, dans l’Isère.
Elle hésite avant de se rendre à Göttingen, la cité estudiantine située entre Bonn et Berlin. Nous sommes au mois de juillet 1964, peu avant la sortie de l’album « Barbara chante Barbara ». Avant sa naissance artistique sur la scène de Bobino, en première partie de Georges Brassens. Avant le succès tardif. Gunther Klein dirige le Junges Theater où elle arrive, à l’évidence tendue, sinon pourquoi aurait-elle fait ce caprice de star, elle qui n’en est pas une ? La chanteuse refuse de jouer sur le piano droit à disposition, menaçant de tout annuler et de rebrousser chemin si on ne lui apporte pas un piano à queue digne de ce nom – digne d’elle.
Quelques heures plus tard, les étudiants en dénichent un chez une vieille dame et le transportent sur la scène où, avec un peu de retard, Barbara se déploie. A sa grande surprise, elle triomphe. Forcément émue par cet accueil, le dernier jour, elle s’installe dans le jardin contigu au théâtre et écrit une première version de « Göttingen », qu’elle chante le soir même. Elle la peaufinera à son retour à Paris. Dans ses mémoires inachevées, elle écrira : « Je dois donc cette chanson à l’insistance têtue de Gunther Klein, à dix étudiants, à une vieille dame compatissante, à la blondeur des petits enfants de Göttingen, à un profond désir de réconciliation, mais non d’oubli. »
La chanson deviendra l’hymne de réconciliation franco-allemande, les ennemis héréditaires. A peine deux ans après sa création, elle enregistrera « Göttingen » en allemand pour l’album « Barbara singt Barbara ». Les studios Philips de Hambourg sont témoins de sa difficulté à chanter dans cette langue rugueuse, qu’elle ne maîtrise pas.
Pour l’heure, « Göttingen » constitue l’un des moments importants de l’album qui sort à l’automne 1965, toujours sous la direction artistique de Claude Dejacques. Barbara est accompagnée par Joss Baselli à l’accordéon, Michel Portal au saxophone et Pierre Nicolas à la basse. Le disque est porté par « le Mal de vivre », « Une petite cantate », « la Solitude », et donc « Göttingen », qui arrive avec le vingtième anniversaire de la Libération. Denise Glaser, qui révélait chaque semaine des auteurs-compositeurs dans son programme télévisé « Discorama », demeure l’un de ses plus fervents soutiens. Et France-Inter organise une journée Barbara, avant que le rideau de Bobino ne s’ouvre, ce 15 septembre 1965, sur une artiste qui se ressemble de plus en plus ». Sophie Delassein