Un article de Guillaume Lenorman pour Israël Valley. Entre Israël et la Palestine, Salam, Palestinien de 30 ans vivant à Jérusalem, travaille comme stagiaire sur le feuilleton populaire palestinien «Tel Aviv on Fire», produit à Ramallah. Chaque jour, pour rejoindre les studios de télévision, Salam doit passer par un check-point israélien plutôt difficile. Il y rencontre le commandant du poste de contrôle, Assi, dont la femme est une grande fan du feuilleton. Afin de lui faire plaisir, Assi met la pression sur Salam pour changer la fin du feuilleton. Salam se rend vite compte que les idées d’Assi pourraient lui valoir une promotion en tant que scénariste. La carrière créative de Salam est soudainement en ébullition, jusqu’à ce qu’Assi et les producteurs et financiers du feuilleton soient en désaccord sur la façon dont il devrait se terminer. Coincé entre un colonel de l’armée et les soutiens arabes, Salam ne peut résoudre ses problèmes qu’avec un coup de maître final.
« Tel Aviv On Fire » excelle dans cette peinture au vitriol du conflit, en évitant de prendre parti et en osant, avec un esprit frondeur divertissant, le pari de dénoncer chacun des deux camps à valeur égale. Et ce, en mettant en lumière l’illusion ancrée dans les générations les plus récentes d’une légitimité de leur combat. L’action fait écho avec le soap-opera montré en parallèle qui, s’il joue le rôle de caricature au début du récit, ne tarde cependant pas à renvoyer aux personnages des vérités qu’ils ne voulaient pas forcément voir.
Faussement léger mais extrêmement drôle, « Tel Aviv On Fire » est un bijou de comédie noire et acide. Le film sort sur les écrans français après une belle carrière dans les festivals où il a été primé, notamment au FIF de Saint-Jean-De-Luz l’an passé.
Le réalisateur du film, Sameh Zoabi est arabe israélien né en 1975 près de Nazareth et installé aux États-Unis. En 2008, il a été lauréat de la Fondation Gan pour le Cinéma pour le long-métrage « Téléphone arabe ».
Source : Ecran Large & Israël Valley