Le développement de la réutilisation des eaux usées reste très inégal au niveau mondial. Le Koweït, Israël et Singapour figurent parmi les pays les plus avancés dans le domaine.
Face à une pénurie d’eau mondiale, la réutilisation des eaux usées, aussi appelée « reuse » (issue de l’expression wastewater reuse en anglais) est une voie d’avenir. Une fois traitées, les eaux usées peuvent en effet être destinées à différents usages : l’irrigation des espaces verts ou des cultures, la lutte contre les incendies, le lavage des voiries ou encore la recharge des nappes phréatiques.
Certains pays ou États – comme l’Australie, la Californie, Chypre, l’Espagne, la Floride, Israël, la Jordanie, Malte ou Singapour – ont pour objectif de satisfaire de 10 à 60 % de leurs besoins en eau par la réutilisation des eaux usées épurées.
L’omniprésence des eaux usées permet d’envisager leur traitement sur l’ensemble des territoires à l’inverse du dessalement, autre solution pour pallier le manque en eau, cantonné aux zones côtières et qui se révèle très énergivore.
La France à la traîne
En France, la « reuse » reste peu développée. En cause : un manque de sensibilisation du public et une réglementation très stricte.
Au sein de l’Union européenne, la directive du 21 mai 1991 précise que « les eaux usées seront réutilisées lorsque cela se révèle approprié ». Les pays européens ont donc chacun leur réglementation sur la réutilisation des eaux usées.
La France a ainsi défini des qualités requises pour la réutilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation de cultures ou d’espaces verts.
Les professionnels du secteur militent pour un assouplissement de la loi qui encadre trop strictement la réutilisation d’eaux usées, avant tout pour des raisons sanitaires.
La Commission européenne s’est récemment emparée de ce dossier et a émis en 2018 une proposition de réglementation dédiée à l’irrigation agricole avec pour objectif de faciliter la réutilisation de l’eau usée épurée.
Selon le contexte réglementaire local, la réutilisation des eaux usées connaît donc un développement inégal à l’échelle mondiale.
Certains pays développés soumis à une sécheresse intense se sont tournés depuis quelques dizaines d’années vers la réutilisation des eaux usées : le sud des États-Unis (Californie, Floride, Texas, Arizona, par exemple), l’Australie, Singapour, Israël et les pays du golfe persique.
L’État de Californie, pionnier en matière de réutilisation des eaux usées, a instauré au début du vingtième siècle la première réglementation en ce sens. Depuis, cette réglementation a évolué avec des traitements toujours plus poussés pour garantir une eau de très bonne qualité dont de nombreux pays se sont inspirés.
En Europe, les besoins en eaux différents entre Nord et Sud : les pratiques de réutilisation des eaux usées sont ainsi plus répandues dans les pays du Sud. Dans certains cas cependant, comme en Grèce et en Italie, une réglementation trop stricte freine cet usage, car elle entraîne des coûts trop élevés pour le suivi de la qualité de l’eau (74 paramètres à suivre selon la réglementation grecque). En Espagne, pays européen le plus actif dans ce domaine, plus de 150 projets de reuse ont été implantés ces dernières années.
Une évaluation délicate
Si plus de soixante pays pratiquent la réutilisation des eaux usées à l’échelle mondiale, il est cependant difficile d’identifier lesquels réutilisent les plus gros volumes, en raison d’un manque de données normalisées.
En se basant sur les données disponibles, et si l’on considère les volumes annuels, la Chine, le Mexique et les États-Unis sont les pays qui réutilisent les plus grandes quantités, mais les deux premiers cités produisent des eaux de faible qualité liée à un niveau de traitement insuffisant.
En considérant la quantité d’eau réutilisée par habitant, le Qatar, Israël et le Koweït sont les mieux placés.
Le Koweït, Israël et Singapour se placent aux premiers rangs si le critère considéré concerne le pourcentage d’eau réutilisée par rapport à la quantité d’eau totale utilisée.
Enfin, si l’on considère les avancées technologiques, la Californie, Singapour et le Japon sont probablement les pays les plus novateurs.
La référence Singapour
Le cas de Singapour est mondialement connu et fait référence dans ce domaine. Du fait d’une densité de population très élevée, cette île de 699 km2 a dû faire face à une pénurie en eau accrue et s’est tournée vers la réutilisation des eaux usées après un traitement de pointe associant microfiltration, osmose inverse et rayonnement UV.
Cette eau, dénommée « Newater », est utilisée pour des applications industrielles et dans les tours de refroidissement mais une fraction est aussi mélangée avec de l’eau d’origine naturelle et alimente le réseau d’eau potable. De tels exemples de réutilisation directe pour la potabilisation sont rares, principalement en raison de barrières psychologiques.
La station de traitement des eaux usées de Windhoeck, en Namibie, est ainsi le seul exemple de réutilisation directe pour la potabilisation à grande échelle (21 000 m3/jour).
Des obstacles de taille
On le voit, si la réutilisation des eaux usées est une solution d’avenir, elle souffre d’un problème d’acceptabilité sociale : un récent sondage au Koweït a montré que les deux principales craintes relatives à la « reuse » pour un usage domestique étaient les risques liés à la santé (69 %) et une répugnance vis-à-vis de cet usage (44 %).
En outre, son application pour des usages plus ou moins restrictifs, tels l’irrigation, la recharge de nappe ou la consommation directe, pourrait se trouver limitée du fait de la qualité des eaux en question.
En effet, les inconvénients majeurs de ces eaux sont leur salinité élevée, qui peut nuire à la productivité en agriculture et à la qualité des sols ; il y a aussi la présence de polluants émergents, dits « micropolluants », identifiés comme perturbateurs endocriniens.
Cependant, en France et à l’international, les laboratoires de recherche en traitement des eaux travaillent activement au développement de nouveaux procédés innovants, notamment basés sur le couplage de traitements physiques et chimiques qui permettront d’obtenir une qualité d’eau adaptée aux usages visés.
Certains pays ou États – comme l’Australie, la Californie, Chypre, l’Espagne, la Floride, Israël, la Jordanie, Malte ou Singapour – ont pour objectif de satisfaire de 10 à 60 % de leurs besoins en eau par la réutilisation des eaux usées épurées.
L’omniprésence des eaux usées permet d’envisager leur traitement sur l’ensemble des territoires à l’inverse du dessalement, autre solution pour pallier le manque en eau, cantonné aux zones côtières et qui se révèle très énergivore.
La France à la traîne
En France, la « reuse » reste peu développée. En cause : un manque de sensibilisation du public et une réglementation très stricte.
Au sein de l’Union européenne, la directive du 21 mai 1991 précise que « les eaux usées seront réutilisées lorsque cela se révèle approprié ». Les pays européens ont donc chacun leur réglementation sur la réutilisation des eaux usées.
La France a ainsi défini des qualités requises pour la réutilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation de cultures ou d’espaces verts.
Les professionnels du secteur militent pour un assouplissement de la loi qui encadre trop strictement la réutilisation d’eaux usées, avant tout pour des raisons sanitaires.
La Commission européenne s’est récemment emparée de ce dossier et a émis en 2018 une proposition de réglementation dédiée à l’irrigation agricole avec pour objectif de faciliter la réutilisation de l’eau usée épurée.
Selon le contexte réglementaire local, la réutilisation des eaux usées connaît donc un développement inégal à l’échelle mondiale.
Certains pays développés soumis à une sécheresse intense se sont tournés depuis quelques dizaines d’années vers la réutilisation des eaux usées : le sud des États-Unis (Californie, Floride, Texas, Arizona, par exemple), l’Australie, Singapour, Israël et les pays du golfe persique.
L’État de Californie, pionnier en matière de réutilisation des eaux usées, a instauré au début du vingtième siècle la première réglementation en ce sens. Depuis, cette réglementation a évolué avec des traitements toujours plus poussés pour garantir une eau de très bonne qualité dont de nombreux pays se sont inspirés.
En Europe, les besoins en eaux différents entre Nord et Sud : les pratiques de réutilisation des eaux usées sont ainsi plus répandues dans les pays du Sud. Dans certains cas cependant, comme en Grèce et en Italie, une réglementation trop stricte freine cet usage, car elle entraîne des coûts trop élevés pour le suivi de la qualité de l’eau (74 paramètres à suivre selon la réglementation grecque). En Espagne, pays européen le plus actif dans ce domaine, plus de 150 projets de reuse ont été implantés ces dernières années.
Une évaluation délicate
Si plus de soixante pays pratiquent la réutilisation des eaux usées à l’échelle mondiale, il est cependant difficile d’identifier lesquels réutilisent les plus gros volumes, en raison d’un manque de données normalisées.
En se basant sur les données disponibles, et si l’on considère les volumes annuels, la Chine, le Mexique et les États-Unis sont les pays qui réutilisent les plus grandes quantités, mais les deux premiers cités produisent des eaux de faible qualité liée à un niveau de traitement insuffisant.
En considérant la quantité d’eau réutilisée par habitant, le Qatar, Israël et le Koweït sont les mieux placés.
Le Koweït, Israël et Singapour se placent aux premiers rangs si le critère considéré concerne le pourcentage d’eau réutilisée par rapport à la quantité d’eau totale utilisée.
Enfin, si l’on considère les avancées technologiques, la Californie, Singapour et le Japon sont probablement les pays les plus novateurs.
La référence Singapour
Le cas de Singapour est mondialement connu et fait référence dans ce domaine. Du fait d’une densité de population très élevée, cette île de 699 km2 a dû faire face à une pénurie en eau accrue et s’est tournée vers la réutilisation des eaux usées après un traitement de pointe associant microfiltration, osmose inverse et rayonnement UV.
Cette eau, dénommée « Newater », est utilisée pour des applications industrielles et dans les tours de refroidissement mais une fraction est aussi mélangée avec de l’eau d’origine naturelle et alimente le réseau d’eau potable. De tels exemples de réutilisation directe pour la potabilisation sont rares, principalement en raison de barrières psychologiques.
La station de traitement des eaux usées de Windhoeck, en Namibie, est ainsi le seul exemple de réutilisation directe pour la potabilisation à grande échelle (21 000 m3/jour).
Des obstacles de taille
On le voit, si la réutilisation des eaux usées est une solution d’avenir, elle souffre d’un problème d’acceptabilité sociale : un récent sondage au Koweït a montré que les deux principales craintes relatives à la « reuse » pour un usage domestique étaient les risques liés à la santé (69 %) et une répugnance vis-à-vis de cet usage (44 %).
En outre, son application pour des usages plus ou moins restrictifs, tels l’irrigation, la recharge de nappe ou la consommation directe, pourrait se trouver limitée du fait de la qualité des eaux en question.
En effet, les inconvénients majeurs de ces eaux sont leur salinité élevée, qui peut nuire à la productivité en agriculture et à la qualité des sols ; il y a aussi la présence de polluants émergents, dits « micropolluants », identifiés comme perturbateurs endocriniens.
Cependant, en France et à l’international, les laboratoires de recherche en traitement des eaux travaillent activement au développement de nouveaux procédés innovants, notamment basés sur le couplage de traitements physiques et chimiques qui permettront d’obtenir une qualité d’eau adaptée aux usages visés.
Source Sud Ouest