Parmi les sociétés israéliennes qui ont le plus séduit le Fonds de Capital du Vatican (fonds de capital-risque américain dans lequel le Vatican est très présent, Impact VC). FruitSpec, un système intelligent destiné aux agriculteurs qui leur permet d’estimer avec précision, bien avant la fin de la récolte, la quantité de fruits ou de légumes attendus.
Agro Tech Hargul, qui développe des solutions de lutte contre la famine dans le monde, entre autre une méthode qui permet de cultiver à l’échelle commerciale des sauterelles riches en protéines.
LE PLUS. Le Vatican, ville-État située au cœur de Rome (Italie), est le siège de l’Église catholique romaine et la résidence du pape. Il abrite de nombreuses œuvres d’art et d’architecture emblématiques. Les Musées du Vatican renferment des sculptures romaines antiques telles que le célèbre « Groupe du Laocoon », ainsi que des fresques Renaissance dans les chambres de Raphaël et la chapelle Sixtine, connue pour son plafond réalisé par Michel-Ange.
LE PLUS. LES ECHOS. « Inspirés par l’encyclique du pape François, Eric Harr et son complice Steven Forte, deux serial entrepreneurs américains, ont lancé, au Vatican, le Laudato Si’ Challenge, un accélérateur de start-up engagées pour l’environnement et la justice sociale. Un mix entre les voies du Seigneur et le pragmatisme entrepreneurial, la philanthropie et l’impact investing.
L’idée naît en novembre 2016 lors d’une conférence sur les vertus de l’impact investing organisée à l’Académie pontificale des sciences. Puis, en avril 2017, une vidéo enregistrée dans la cité papale, intitulée « La raison pour laquelle le seul futur qui mérite d’être conçu inclut tout le monde », agit comme un détonateur. Diffusée lors d’un TEDx, elle est vue par plus de 2,3 millions de personnes. Le speaker? Le pape François lui-même. Ses premiers mots : « La vie n’existe que dans nos relations avec les autres ». En dix-sept minutes, le souverain pontife y exhorte chacun à l’engagement pour dépasser cette « culture du déchet » qui ne s’applique pas qu’aux biens de consommation, mais aussi aux hommes. « Comme ça serait merveilleux si l’innovation scientifique et technologique créait plus d’égalité et de cohésion sociale! Les bonnes intentions ne suffisent pas. »Le pape reprenait dans cette vidéo le message qu’il développait dès mai 2015 dans sa seconde encyclique intitulée « Laudato si’- La sauvegarde de la maison commune », six mois avant les cent-cinquante chefs d'[CODE_C]?tat réunis à Paris pour la Cop21. Il y enjoignait publiquement l’humanité à respecter et protéger notre « mère et soeur la Terre », à « renoncer à transformer la réalité en pur objet d’usage et de domination », à passer « de l’avidité à la générosité et du gaspillage à la capacité de partager (…)
Nous savons que les choses peuvent changer (…) Je souhaite saluer, encourager et remercier tous ceux qui, dans les secteurs les plus variés, travaillent pour assurer la sauvegarde de la maison que nous partageons. Ceux qui luttent pour affronter les conséquences dramatiques de la dégradation de l’environnement sur la vie des plus pauvres méritent une gratitude spéciale. Les jeunes se demandent comment il est possible de prétendre construire un avenir meilleur sans penser à la crise de l’environnement et aux souffrances des exclus. (…) Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental et ses racines humaines, nous concernent tous. » Et le pape d’insister sur « la grandeur, l’urgence et la beauté » de ce défi, réitérant « l’invitation à chercher d’autres façons de comprendre l’économie et le progrès ».Message reçu cinq sur cinq par les deux entrepreneurs, Stephen Forte, bien décidé « en tant que citoyen du monde et père de jeunes enfants, à répondre au défi lancé par le pape », et Eric Harr, qui prend la tête du projet. Début juin 2017, ils mettent sur pied en un temps record, à Rome et au Vatican, le « Laudato Si’ Challenge » (du nom de l’encyclique) soit un « accélérateur de start-up à but lucratif et dotées d’une mission ». Pour eux, « les crises que nous subissons peuvent être transformées en opportunités de changement ». Le Laudato Si’ Challenge entend « réveiller les consciences sur le fait qu’il est urgent et important d’investir dans des entreprises qui visent le profit en servant des causes plus grandes qu’elles-mêmes ». Traduction : « Charité bien ordonnée commence par soi-même », « Aime ton prochain comme toi-même ».
Faire de l’argent et faire le bien n’est pas incompatible. Les jeunes entreprises ne doivent plus être forcées de choisir entre le profit pour attirer des investisseurs ou maintenir leur vocation sociale et continuer à dépendre des ONG et des fondations pour leur financement.Trois-cents start-up du monde entier ont candidaté pour intégrer l’accélérateur et ont concouru dans sept catégories : l’énergie, l’alimentation, l’eau, la ville, le potentiel humain, la sauvegarde de l’environnement et l’ingénierie financière. Neuf jeunes entreprises -déjà actives mais en recherche de fonds- ont été retenues. Pendant deux mois à Rome, elles ont été mentorées par dix-huit hommes et femmes d’affaires internationaux, issus de l’Internet, des nouvelles technologies, de la finance, du marketing, du droit des affaires pour les guider dans leur développement (produits, marchés, communication, capital…). Dix-huit investisseurs ont acquis entre 6 et 8 % du capital de ces jeunes pousses qui ont reçu chacune 100000 dollars. Prenons l’exemple de trois d’entre elles. Aqus a inventé un filtre à eau portable, capable de capter 99,9999 % de tous les pathogènes. « L’accès à l’eau potable est un problème pour cinq milliards d’habitants », avance Kevin Kassell, le créateur d’Aqus, un Californien de 22 ans. « Notre filtre, qui fonctionne sans électricité ni pompe, est une alternative pratique à la corvée de faire bouillir l’eau, également moins chère et plus durable que l’eau en bouteille qui reste inaccessible pour beaucoup.
Il permet de purifier un litre par minute (1440 par 24 heures) et a une durée de vie de trois ans. Cet équipement permet aussi de devenir soi-même un micro-entrepreneur en filtrant et embouteillant l’eau pour autrui. » Il est aussi utile dans des situations d’urgence, lors de séismes, par exemple, quand les réseaux en fonctionnent plus.À Brooklyn, l’équipe multi-ethnique d’ingénieurs de Rise Products transforme les déchets céréaliers des brasseries artisanales new-yorkaises en une farine riche en protéines et en fibres, pauvre en carbone et sans cholestérol. Quatre-mille litres de grains usagés donnent deux-cents kilos de farine. Le plan de développement de Rise Products prévoit de recycler la pulpe d’agrume, le marc de raisin, les résidus de soja. Le but : revaloriser les déchets de l’agriculture en les recyclant permet de réduire les surfaces cultivées (au profit de la reforestation par exemple) ainsi que la consommation d’eau.Au Mexique, trente-six millions de personnes vivent dans des zones urbaines défavorisées où les rebuts ne sont pas ou peu traités (procurant dans ce cas un revenu misérable aux collecteurs). L’idée de Protrash, créée par quatre jeunes diplômées en architecture, communication et médias digitaux, est de garantir un revenu complémentaire sous la forme d’une carte créditée pour des achats d’aliments, de médicaments, de soins et de produits de première nécessité. Un cercle vertueux où coexistent le service à la communauté, l’éducation à l’environnement et l’emploi.
Le 4 décembre dernier, au Vatican, à l’issue de leur boot camp suivi de deux mois de mentorat à distance, les neuf start-up ont été présentées à un parterre d’investisseurs pesant trente milliards de dollars. Tout s’est enchaîné incroyablement vite, avec une apparente facilité. Si simple que ça, vraiment? Eric Harr, à l’heure de clore dans un grand hôtel romain, près de la Villa Borghese, cette première édition du Laudato Si’ Challenge, nous confie : « Je me considère comme un leader-serviteur et le pape Fançois est un modèle. Trump divise quand François, lui, rassemble. Servir les gens est une responsabilité que vous devez assumer entièrement et parfaitement. Nous devons donner les moyens à une nouvelle génération d’entrepreneurs de trouver des solutions audacieuses et durables. Il y a urgence mais il n’est jamais trop tard », martèle Eric Harr, habité par sa mission. « Investir pour le seul profit de l’entreprise est dépassé. Il s’agit de créer du profit pour tous. Le business doit comprendre que les millennials, s’ils ont le choix entre deux produits, achètent celui qui est respectueux. » Il en parle d’expérience : sa propre fille (qui a prononcé le discours de clôture du Laudato Si’ Challenge mais ne concourait pas) avait tout juste 8 ans lorsqu’elle a lancé avec succès sa limonade « lemon-aid » sous la marque Make a stand! (Protestez!) après avoir vu un reportage sur les enfants esclaves. Le choix du lieu -le Vatican- et du nom -Laudato Si’ Challenge- n’est évidemment pas un hasard. « Ce challenge est notre hommage au pape donc nous nous devions de le concrétiser ici. » Le Vatican ou la puissance du symbole. La seconde édition est déjà en route. La foi ne déplace-t-elle pas les montagnes ? »