L’ancien Premier ministre a mis en exergue les nombreux points communs entre l’Hexagone et l’Etat hébreu, notamment la lutte contre le terrorisme islamiste.
« Ere d’hyper-terrorisme » en Europe, mais aussi en IsraëlManuel Valls affirme que le 11 septembre 2001 a marqué le début d’un siècle nouveau, un changement profond. L’homme politique remarque que, depuis les attentats de Madrid en 2004 et ceux de Londres en 2005, nous sommes entrés dans une nouvelle ère que « nous avons eu du mal à cerner ».
« Depuis 15 ans nous sommes entrés dans une ère d’hyper-terrorisme, c’est-à-dire l’importation de technologies de guerre avec pour but de faire un maximum de victimes, en frappant les esprits et en bénéficiant d’une réelle exposition médiatique, par la télévision et les réseaux sociaux », lance celui qui a aussi été ministre de l’Intérieur de 2012 à 2014.
Manuel Valls souligne que l’hyper-terrorisme frappe la France, l’Europe, le monde, et « bien sûr » Israël.
« C’est le même combat que nous menons à Paris, à Bruxelles, à Barcelone et à Tel Aviv ou Jérusalem », affirme-t-il, « l’attentat du 8 juin 2016 dans un café de Tel Aviv ayant fait 4 morts est un attentat islamiste ».
L’ancien Premier ministre signale que les démocraties ont face à elles un même adversaire, l’islamisme radical, qui veut asservir et prendre contrôle de populations entières. Ces milliers de jeunes radicalisés sont un « terreau pour porter des coups contre nos valeurs et démocraties ».
« Nous avons un ennemi commun. Nous, démocraties, devons agir. Le terrorisme islamiste nous a déclaré la guerre », insiste-t-il.
Eradiquer le terrorisme islamique, une bataille idéologique
Pour gagner la lutte contre le terrorisme islamiste, selon Manuel Valls, il est essentiel d’augmenter les budgets de la Défense, des Renseignements et de la Justice, cette dernière étant responsables des prisons, nids de radicalisation pour de nombreux jeunes ayant commis des infractions mineures.
Il faut également créer une nouvelle culture de sécurité et souligne que la France a beaucoup à apprendre du modèle israélien dans ce domaine.
« Dans nos sociétés occidentales nous vivons avec une forme d’insouciance. En tant que Premier ministre, j’ai eu à dire que nous allions connaitre de nouveaux attentats, ce qui a créé de l’angoisse dans la société et a affaibli ma popularité », explique Manuel Valls.
« Et pourtant ce devoir de vérité est indispensable si nous voulons faire face à ces attentats », ajoute-t-il.
Un autre élément reste essentiel à ses yeux, celui de la bataille idéologique.
« Nous devons aider l’islam à se débarrasser du mal qui le ronge de l’intérieur, les musulmans dans le monde sont pris en otage », explique l’ancien Premier ministre français, ajoutant qu’il est nécessaire de « désigner clairement les adversaires: c’est le salafisme et les frères musulmans, qui ont pu trouver du soutien de la part de certains pays ».
La question qui se pose désormais est de savoir comment est-il possible pour les Etats de répondre à la montée en puissance d’un islam politique, sans verser dans le populisme et les acte antimusulmans, selon l’analyse de Manuel Valls.
« Ce n’est pas l’islamophobie qui provoque les attentats, ce sont les attentats qui peuvent provoquer des actes antimusulmans », semble-t-il vouloir corriger.
« Cela pose la responsabilité et l’engagement des musulmans, des institutions musulmanes et des pays musulmans », ajoute-t-il, « si l’islam a évolué en Afrique, c’est parce que les dirigeants africains en sont conscients ».
Ces enjeux représentent un défi essentiel pour l’Europe, en perte d’influence, selon lui.
« Le rôle des responsables politiques est de dire la vérité. Cette lucidité, les dirigeants européens doivent en être conscients », affirme-t-il.
Présentant rapidement son bilan en matière de politique anti-terroriste, Manuel Valls explique les difficultés liées aux moyens dans un Etat de droit, qui se placent dans un équilibre complexe entre sécurité et liberté.
« En tant que Premier ministre, j’ai fait voter une loi sur les renseignements », lâche-t-il, « ces moyens sont indispensables, mais ne sont pas suffisants », au regard de la protection des libertés.
Antisionisme, une nouvelle forme d’antisémitisme
Faisant référence à la violente agression d’une famille juive, survenue jeudi soir lors d’un cambriolage à leur domicile de Livry Gargan en Seine-Saint-Denis, Manuel Valls déclare que « dans l’antisémitisme, il y a la négation du foyer juif et de l’Etat d’Israël ».
Avant d’ajouter que « l’antisionisme est une nouvelle forme d’antisémitisme, sur fond de conflit israélo-palestinien », comme il l’a déjà déclaré par le passé, et se dit rassuré que le président français Emmanuel Macron ait fait le même constat lorsqu’il recevait le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, venu commémorer le 75e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv.
Enfin, l’ancien Premier ministre a affirmé partager les inquiétudes de l’Etat hébreu face à la menace que représente la République islamique d’Iran, ouvertement anti-israélienne. »J’entends avec beaucoup d’intérêt la préoccupation d’Israël concernant la montée en puissance de l’Iran », soutient-t-il.
Manuel Valls développe en assurant que Téhéran représente une menace qui « nous concerne tous », puisque son influence grandissante pourrait changer l’équilibre géopolitique dans la région et dans le monde: « Les ambitions stratégiques de l’Iran dans la région ne concernent pas seulement Israël, mais aussi l’équilibre du monde ».
Le sommet mondial de la lutte anti-terroriste s’étend sur quatre jours et est organisé par l’Institut international du contre-terrorisme de l’université IDC d’Herzliya. Le thème choisi cette année est la question des « labyrinthes du terrorisme ».
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