Une usine de puces électroniques bientôt à Ashkelon.
Awz Ventures va investir 1,6 milliard de $ dans une fonderie pour produire des semi-conducteurs avancés destinés à la défense et aux entreprises civiles.
Jeudi, le fonds de capital-risque canado-israélien Awz Ventures Inc. a fait part de son intention de construire une usine de fabrication de puces électroniques dans la ville côtière d’Ashkelon, dans le sud d’Israël, pour un investissement initial d’un montant de 5 milliards de shekels.
Développée en coopération avec plusieurs ministères, cette usine de 70 000 mètres carrés, selon ses promoteurs, servira de fonderie nationale de semi-conducteurs. Elle sera conçue pour développer et produire des puces avancées destinées aux secteur israélien de la défense, mais pourra également fabriquer des puces sur commande pour des entreprises civiles ou des institutions universitaires.
Contrairement aux usines classiques qui se concentrent sur les puces en silicium couramment utilisées aujourd’hui, le projet d’Awz vise à produire des semi-conducteurs III-V fabriqués à partir d’éléments différents, mais très prisés pour leur utilisation dans des technologies de pointe, notamment liées à l’intelligence artificielle et aux systèmes de défense spécialisés.
Selon la société, l’usine sera construite dans la zone industrielle de Tera Park, à Ashkelon. Elle produira des puces avancées essentielles pour les infrastructures d’intelligence artificielle, l’informatique quantique, les communications 5G et 6G, les systèmes aérospatiaux et de défense, ainsi que d’autres applications stratégiques en matière de sécurité.
« Il s’agit là d’un projet national stratégique, avec des infrastructures essentielles et des technologies de pointe, permettant à renforcer la sécurité, la technologique et l’indépendance économique d’Israël, de la région sud et de la ville d’Ashkelon », a affirmé Yaron Ashkenazi, cofondateur d’Awz et ancien agent du Shin Bet. « Cet investissement s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’Awz visant à consolider la sécurité et l’indépendance économique d’Israël, ainsi qu’à augmenter les exportations de manière considérable, tout en apportant un soutien aux zones géographiques et sociales périphériques d’Israël. »
Israël accueille déjà deux usines de puces en silicium appartenant à Intel et Tower Semiconductor. Aucune des deux, toutefois, ne possède la capacité de produite les puces essentielles à certaines technologies, qui exigent des puissances et des vitesses de calcul toujours plus élevées.
Par ailleurs, Awz a cité plusieurs des partenaires publics du projet. Parmi eux, le ministère de l’Économie, la Direction de la recherche et du développement de la défense du ministère de la Défense, la municipalité d’Ashkelon, le ministère des Finances, l’Autorité foncière israélienne (ILA) et l’Autorité israélienne pour l’innovation.
La majorité des usines de fabrication de puces coûtent de 10 à 20 milliards de dollars. Awz, interrogée sur les sources de financement du projet, a indiqué que le projet avait bénéficié de fonds provenant « d’investisseurs privés internationaux et d’autres », sans fournir plus de détails, notamment quant à la participation ou aux investissements d’organismes publics.
Fondée en 2016 par Ashkenazi et l’investisseur immobilier canadien Ed Sonshine, Awz Ventures intervient dans les secteurs de la sécurité du cloud, la technologie quantique, l’aérospatiale, la deep tech, la robotique, l’intelligence artificielle et la cybersécurité en Israël. Parmi les conseillers du fonds figurent l’ancien chef d’état-major de l’armée israélienne Aviv Kohavi et l’ancien Premier ministre canadien Stephen Harper. Le fonds gère 500 millions de dollars d’actifs.

Pour le ministre de l’Économie Nir Barkat, ce projet est un « bond en avant » vers le positionnement d’Israël comme « puissance mondiale dans le domaine des puces électroniques et des technologies de pointe », qui permettra de créer des milliers d’emplois et renforcera l’économie. C’est au cours d’une visite sur le futur site de l’usine, en compagnie du maire d’Ashkelon, Tomer Glam, d’Ashkenazi et d’autres responsables gouvernementaux, que Barkat a prononcé ces mots.
La « deep tech » désigne une catégorie de start-ups qui visent à développer ou à concevoir de nouvelles technologies – par opposition aux entreprises qui se concentrent sur une utilisation innovante de technologies déjà existantes.
Au vu de la pénurie croissante de personnel d’ingénierie professionnel dans l’industrie, la création d’une académie destinée aux talents de la deep tech est également en cours de planification, en collaboration avec des institutions universitaires locales et mondiales, parallèlement à la mise ne place d’un incubateur de start-ups qui se spécialisera dans le développement de technologies de type deep tech, ont annoncé les promoteurs du projet.
« Ce projet vise à attirer de nouvelles populations à Ashkelon et dans la région sud, notamment de jeunes familles ainsi que des diplômés des principales unités technologiques de l’armée israélienne et d’autres branches de la sécurité », a indiqué Ashkenazi.
Dans le passé, Israël a cherché à orienter les grandes infrastructures de production technologiques vers des zones situées en dehors de la région de Tel-Aviv, offrant à cet effet des incitations fiscales substantielles à celles qui choisiraient de s’implanter dans le nord ou le sud du pays.
En août, le gouvernement a annoncé un plan de 1,4 milliard de shekels pour le développement de la ville d’Ashkelon, située à environ 13 kilomètres de la frontière nord de Gaza.
Cette somme fait partie d’un programme d’aide global de 3,2 milliards de shekels destiné au sud d’Israël, dans le but de réhabiliter la région après l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023.
