« Les Scream Clubs » bientôt en Israël? Le psychologue Arthur Janov a développé le concept de « thérapie primale ».

Par |2025-10-27T06:07:58+01:0027 Oct 2025|Catégories : CULTURE|

Pour décompresser après une journée pourrie ou particulièrement stressante, chacun a sa méthode. Mais celle qui cartonne actuellement sur TikTok est pour le moins étonnante – et bruyante.

De Londres à Manchester, de New York à Chicago, en passant par Stockholm ou Austin, (pas encore à Tel-Aviv!) des centaines de jeunes urbains stressés se réunissent au sein de « scream clubs », ou « clubs de cris » en français. Leur principe est simple : se réunir entre adhérents dans un parc pour hurler à pleins poumons afin de relâcher toutes les tensions.

Depuis quelques semaines sur TikTok, des centaines de vidéos montrent des inconnus criant ensemble, unis par la portée cathartique des hurlements.

Une expérience sociale et thérapeutique

Car au-delà de l’effet de mode des scream clubs, ces derniers fonctionnent comme une vraie thérapie, selon ses adhérents. Non seulement crier permet de se défaire des tensions accumulées, mais cette forme d’expression sans contrainte aide à « nouer des liens avec les autres », assure ainsi auprès du Guardian Shania Barnes, une étudiante de 23 ans faisant partie du club de cris londonien. « Dans une ville comme Londres, les gens sont constamment stressés. C’est agréable de pouvoir se défouler ensemble. Ce n’est pas seulement un club de cris, c’est aussi un lieu de convivialité », explique la jeune femme, qui apprécie aussi d’avoir un tel espace de socialisation, qui n’exige ni de dépenser de l’argent, ni de boire de l’alcool.

D’autres participants au « scream club » citent la solitude et le manque de soins de santé mentale abordables comme motivations à se rassembler pour crier. « C’est vraiment difficile de consulter un thérapeute au Royaume-Uni. Les listes d’attente pour obtenir une consultation gratuite sont longues et les thérapies privées sont trop coûteuses, souligne Maliha, 21 ans. Je ne peux pas vraiment crier à la maison, mes parents seraient désemparés. Mais ici, tout le monde est dans le même bateau. Personne ne te juge. »

Ikhlas, 20 ans, étudiante en sciences politiques, estime elle aussi que s’époumoner fait du bien à sa santé mentale. « Ça m’aide à gérer mon anxiété sociale, explique-t-elle au Guardian. C’est amusant, et on rentre ensuite chez soi revigoré, car on a rencontré et discuté avec de nouvelles personnes. C’est en soi une sorte de thérapie. »

« Le cri est un réflexe archaïque, un déchargeur d’émotions brutes. Il mobilise le système nerveux parasympathique et permet, littéralement, de libérer la tension accumulée », confirme auprès de 20 Minutes la thérapeute Anissa Ali.

Peu d’efficacité en cas de réelle souffrance

En réalité, si les « scream clubs » ont récemment fait leur apparition dans de nombreuses grandes villes – le premier est né à Chicago en 2024 -, le fait de crier pour se décharger de tout son stress n’est pas un concept nouveau. Cela a été théorisé dès la fin des années 60 par le psychologue Arthur Janov, qui a développé le concept de « thérapie primale ». En substance, hurler et pleurer permettrait d’exprimer, et donc de libérer un traumatisme infantile refoulé, ce qui ouvre la voie à sa guérison. Pour l’anecdote, John Lennon et Yoko Ono ont été des patients d’Arthur Janov, et ont donc contribué à populariser la thérapie par le cri.

Mais est-elle vraiment si efficace ? Interrogé en 2022 par le Guardian, le professeur Sascha Frühholz du département de psychologie de l’Université de Zurich n’est pas convaincu. « À mon avis, il n’existe aucune preuve scientifique que la thérapie par le cri primal ait des effets positifs dans le traitement des troubles mentaux et psychologiques. La psychothérapie moderne étant une approche thérapeutique fondée sur des données probantes, aucune école de psychothérapie sérieuse n’utilise aujourd’hui des éléments de la thérapie par le cri primal », a-t-il déclaré. Les rares études scientifiques s’étant penchées sur le sujet de la thérapie par le cri primal ont en effet montré des résultats peu probants.

Évidemment, crier pour évacuer son stress et décharger les tensions ou sa frustration faire du bien et avoir une vraie fonction cathartique. Mais attention, cela ne peut remplacer une vraie thérapie, prévient Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne. « Si le besoin vient avec une perte de contrôle au quotidien, une souffrance chronique et qu’après la séance la personne ne perçoit aucun bénéfice à part celui d’alimenter une colère sans parvenir à la traiter, alors le concept a ses limites. » « Le cri ne guérit pas l’origine du mal-être, il en soulage seulement la pression. C’est une soupape, pas une thérapie », abonde Anissa Ali, qui conseille plutôt que de s’inscrire à un scream club, de se tourner vers la psychothérapie en cas de mal-être persistant.

https://www.huffingtonpost.fr

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