EDITORIAL de Dan Assayah (Kibboutz Palmahim). Les déclarations venant de France et d’Israël laissent présager d’un désastre relationnel. Peu de personnes tentent de calmer les esprits. Notre revue de presse:

ECONOMIE. (theconversation.com). La guerre qui dure depuis maintenant plus d’un an a eu des conséquences dévastatrices pour l’économie des territoires palestiniens. Déjà sinistrée avant le 7 octobre 2023, elle est désormais en lambeaux.


Dévastée, l’économie palestinienne est aujourd’hui méconnaissable. À Gaza, la guerre a provoqué des destructions sans précédent, anéantissant une grande partie des infrastructures essentielles, des habitations et des moyens de production agricole.

Gaza était déjà asphyxiée sur le plan économique avant le début de la guerre. Le blocus imposé par Israël en 2007 avait fortement limité l’importation et l’exportation de marchandises, et les pêcheurs s’étaient vu imposer une zone de pêche autorisée limitée à 6 milles nautiques – des conditions limitant la capacité des Palestiniens à gagner leur vie.

En raison du blocus, le PIB par habitant de Gaza (mesure de la richesse d’un pays) avait baissé de 27 % entre 2006 et 2022, et le taux de chômage avait atteint 45,3 %. Cela a donné lieu à une situation où 80 % des habitants dépendaient de l’aide internationale. (theconversation.com).

COURRIER INTERNATIONAL. Les principaux journaux palestiniens ont unanimement salué la reconnaissance, attendue en septembre, d’un État palestinien par la France, le Royaume-Uni – sous conditions –, le Canada, et la réactivation de la solution à deux États pour résoudre le conflit israélo-palestinien par la diplomatie. Ce jeudi 31 juillet, le Portugal s’est ajouté à la liste en annonçant à son tour vouloir consulter le président et le Parlement en vue d’une reconnaissance de l’État de Palestine en septembre.

Une “lumière” qui transperce “les colonnes de fumée obscurcissant l’horizon”, notamment dans la bande de Gaza, dévastée plus de vingt et un mois de guerre – qui ont fait plus de 60 000 morts – et dont la population crie famine, écrit le directeur de la rédaction du quotidien palestinien Al-Quds.

CRITIQUES. L’annonce du président français sur la Palestine a déclenché un tsunami de critiques en Israël, alors que les Palestiniens applaudissent l’initiative.

Emmanuel Macron a eu droit à une véritable volée de bois vert très éloignée dans sa forme des us et coutumes de la diplomatie. Les dirigeants israéliens se sont, en effet, livrés à une surenchère de critiques plus acerbes les unes que les autres, après l’annonce par le président français de son intention de reconnaître l’État de Palestine en septembre à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies

PALESTINE. Dix jours après avoir annoncé que la France allait reconnaître l’État de Palestine en septembre lors de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, la Grande-Bretagne puis le Canada paraissent décidées à le suivre. Quitte à rendre Israël furieux et s’attirer des représailles de Donald Trump, farouchement opposé à une telle reconnaissance.

« Le Canada a l’intention de reconnaître l’État de Palestine (….) en septembre 2025 », a déclaré mercredi soir le premier ministre, Mark Carney. Jusqu’à maintenant, Ottawa hésitait, mais « le niveau de souffrance humaine à Gaza  est intolérable », a-t-il expliqué. Même Donald Trump reconnaît « une vraie famine » dans l’enclave palestinienne, ravagée par 21 mois de guerre menée par Israël, après l’attaque terroriste du Hamas, le 7 octobre 2023, qui coûta la vie à plus de 1150 Israéliens, en majorité des civils.

DERAILLER. L’ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, a fustigé l’annonce d’Emmanuel Macron de reconnaître un État palestinien en septembre, l’accusant d’avoir torpillé les avancées dans les négociations entre Israël et l’Autorité palestinienne sur des « dossiers sensibles ». Dans une interview sur une chaîne chrétienne, Huckabee a évoqué, sans détails, les discussions sur la restitution de plus de 2 milliards de dollars de taxes retenues par Israël, paralysant Ramallah.

« Nous étions sur la bonne voie, mais Macron a tout fait dérailler. Nous repartons de zéro, c’est un sérieux revers », a-t-il déploré. Il impute aussi à cette annonce l’intransigeance accrue du Hamas dans les négociations sur les otages, après le retrait des émissaires américains et israéliens de Doha.


Sur Fox News, Huckabee a suggéré que la France serait plus utile en accueillant des Gazaouis, une option rejetée par beaucoup faute de garanties de retour. Il a balayé les rumeurs de discorde entre Benjamin Netanyahou et Donald Trump, les qualifiant d’« absurdes ». Alors que Trump admet une « vraie famine » à Gaza, Huckabee reconnaît des souffrances mais les juge exagérées par certains Européens.

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