Le nom de Le Pen est très connu en Israël. La presse israélienne, occupé à relater la guerre actuelle, a très peu parlé de la mort de Jean-Marie Le Pen.
Le Figaro : « Israël : malgré les «provocations» de son père envers les juifs, «le FN a toujours été sioniste», considère Marine Le Pen ».
Times of Israël : « Un Front national gentil, ça n’intéresse personne », résumait Le Pen, en ironisant : « avant le « détail », 2,2 millions d’électeurs; après, 4,4 millions ».
« Le Pen père ayant notamment montré tout au long de sa carrière une obsession pour les juifs. En 1958, il avait pointé à l’endroit de l’ancien chef du gouvernement Pierre Mendès France « un certain nombre de répulsions patriotiques et presque physiques ».
Condamné à la fin des années 60 pour apologie de crime de guerre après avoir édité un disque de chants du IIIe Reich, c’est en 1987 qu’il compare pour la première fois la Shoah à « un détail de l’Histoire ». Un an plus tard, il ose un jeu de mot avec le nom du ministre Michel Durafour, « …crématoire! ». »
Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), a déclaré que la mort de l’homme « ne doit pas marquer le début de sa réhabilitation ». « Condamné à plusieurs reprises par la justice, Jean-Marie Le Pen est le premier à avoir donné une caution politique à l’antisémitisme, au racisme et au négationnisme après la guerre », a-t-il dénoncé, avertissant aussi que « le combat contre ses idées ne s’éteint pas avec la disparition de l’homme qui les a portées ».
Selon Radio Canada : « Jean-Marie Le Pen, dont les proches ont annoncé la mort le 7 janvier au matin, a récupéré une tradition extrémiste française – antisémite, raciste, autoritaire, collaborationniste pendant l’occupation nazie – qui remonte aux heures les plus noires de l’histoire européenne. C’est de là que venait ce personnage. Il l’assumait totalement et, pour lui, le terme s’applique parfaitement.
Au début des années 1970, il fonde son parti, le Front national, aux côtés de néonazis comme Pierre Bousquet, ancien membre français des SS, et aussi d’anciens terroristes de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), opposée au départ des Français d’Algérie et qui avait tenté d’assassiner le président Charles de Gaulle.
Il se présentera cinq fois aux élections présidentielles françaises, obtenant d’abord 0,7 % des voix en 1974, puis sautant l’élection de 1981. En 1988, il va chercher 14 %, puis 15 % en 1995, et 17 % des suffrages en 2002. Ce printemps-là, il se rend, à la stupéfaction générale, au second tour de l’élection.
Au premier tour, il bat d’un poil le socialiste Lionel Jospin pour la seconde place, perdant ensuite par le score de 18 % contre 82 % face à Jacques Chirac, alors réélu pour cinq ans.
Jean-Marie Le Pen a été marqué par son expérience en Algérie, où il a combattu le mouvement pour l’indépendance de ce pays.
Le côté bagarreur, provocateur, extrême du personnage, sa violence verbale et même parfois physique, ont sans doute été influencés par les horreurs de cette guerre des années 1950. De fortes présomptions veulent qu’il ait alors participé à des séances de torture – même s’il l’a nié ».
Courrier International reprend Haaretz :
« Pendant des décennies, Israël a refusé d’entretenir des relations officielles avec l’extrême droite française, en particulier lorsque celle-ci était dirigée par Jean-Marie Le Pen, un homme politique antisémite qui, quand il ne niait pas la Shoah, déclarait que les chambres à gaz d’Auschwitz n’étaient qu’“un détail de l’histoire”.
Mais, depuis une grosse décennie, sa fille, Marine Le Pen, devenue entre-temps la figure de proue incontestée de la droite nationaliste française, tente de convaincre la communauté juive de France qu’elle n’est pas complice de l’antisémitisme et du négationnisme de son père ».
LA CROIX. « On était dans l’avion, à Nairobi où on a fait une escale technique », et c’est là « que les journalistes présents dans le vol nous ont informés du décès », a expliqué le vice-président du Rassemblement national Louis Aliot.
Une photo de la scène, dans laquelle apparaît Marine Le Pen en pleurs dans l’avion, a été diffusée, puis retirée, par Paris Match mercredi soir, provoquant l’indignation du RN. « Une indignité sans commune mesure », s’est ainsi ému le patron du parti Jordan Bardella.
Les relations entre Jean-Marie et Marine Le Pen s’étaient dégradées au fil des ans après l’accession en 2011 de la fille à la tête du Front national (FN), parti co-fondé et dirigé 39 ans par le père, dont il avait fini par être exclu en 2015 à la suite de nouvelles déclarations antisémites.
Les liens avaient été renoués en juin 2018 à l’occasion du 90e anniversaire du patriarche. En janvier 2022, Marine Le Pen avait ainsi indiqué qu’en cas de victoire à la présidentielle, son premier coup de téléphone serait pour lui.
Obsèques intimes en Bretagne, cérémonie à Paris
Les obsèques de Jean-Marie Le Pen auront lieu samedi dans sa ville natale de La Trinité-sur-Mer (Morbihan), « dans la plus stricte intimité familiale », ont indiqué ses proches.
Il doit être inhumé dans le caveau où reposent ses parents.