«J’ai peur d’aller voir un psy»: pour certains, ChatGPT devient une oreille à qui se confier.
En raison de la démocratisation des chatbots basés sur l’intelligence artificielle, particulièrement celui d’OpenAI, de plus en plus d’utilisateurs s’en servent comme thérapeute de substitution. Avec tout ce que cela entoure en matière de non-accompagnement et de dépendance.
Un soir, au détour d’une conversation, nous avons entendu, non sans surprise, que nombreux sont ceux qui se tournent vers ChatGPT pour aborder ou régler leurs questions de santé mentale. Mais pourquoi donc ces individus, souvent confrontés à des défis personnels complexes, choisissent-ils de confier leurs préoccupations à l’agent conversationnel (ou chatbot) développé par OpenAI plutôt qu’à un psychologue professionnel? La question soulève plusieurs problématiques à propos de la confiance à mettre en l’intelligence artificielle (IA), des limites de son usage et de l’aspect humain et éclairé d’une thérapie.
Pour Youval*, 30 ans, ainsi que pour Tamara*, qui en a 28, c’est devenu un réflexe quasi quotidien. «Je suis cadre et mon travail est drainant émotionnellement, précise cette dernière. Mes collègues ne sont pas agréables, mon patron nous demande beaucoup et j’ai des deadlines qui nécessiteraient des journées de soixante-douze heures. En plus de ça, je suis fraîchement séparée et je me sens seule. Je suis consciente d’être privilégiée par mon “statut social” et j’ai honte de me sentir mal… Je ne veux pas en parler à mon entourage et j’ai peur de me confier à un psychologue. Comment cette personne, bien que professionnelle, pourrait ne pas me juger quand d’autres, à qui il arrive de “vrais malheurs”, sollicitent ses services.»
Composer avec la crainte et le tabou d’aller voir un professionnel
Pour une psychologue basée à Hedera utiliser ce nouvel «ami imaginaire» pourrait aider à lever une barrière, un blocage avant de consulter un professionnel. «Pour une personne qui craint de sauter le pas, avoir une première aide, bien que très limitée, peut l’amener à consulter par la suite, estime-t-elle. Nous avons déjà vu cela avec les consultations de professionnels en ligne. Une fois passés par là, certains franchissent ensuite la porte d’un cabinet. De plus, quand il est question de médical, ChatGPT invite toujours à aller voir un professionnel.»
«ChatGPT est un condensé d’informations qui reste très nuancé, admet Carmelle. Il ne dit pas ce que vous devriez faire et ne donne pas son avis, mais il conseille. Là se cache le risque que certaines personnes qui ont besoin de consulter pourraient repousser, parce qu’elles y trouvent une béquille. ChatGPT va leur permettre de continuer un peu à marcher en souffrance, pendant un moment, avant de consulter.»
* Les prénoms et les lieux ont été modifiés. IsraelValley a « israélis » les prénoms!
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