Article de Johanna Afriat pour Actualité Juive numéro 1761.
Malgré les nombreuses roquettes qui ont ciblé cette localité du Nord, les nouveaux immigrants de France ont impressionné par leur détermination.
En d’autres temps, les projecteurs auraient été braqués sur Nahariya pour ses superbes plages, sa qualité de vie, son air pur ou ses prix de l’immobilier attractifs. Mais l’époque étant ce qu’elle est, cette ville du nord d’Israël, située à moins de 20 kilomètres de la frontière libanaise, a fait la une de l’actualité ces trois derniers mois car elle a été la cible de tirs de missiles dont certains ont fait plusieurs morts et blessés. Si les 75 000 habitants de cette localité non évacuée ont impressionné par leur discipline et leur détermination, la palme du courage est revenue aux immigrants de France récemment arrivés, quelques-uns même durant ces dernières semaines.
« Pendant les neuf premiers mois de la guerre, la ville a été épargnée par les tirs du Hezbollah et nous avons vécu normalement. Mais ensuite, les roquettes ont commencé à cibler des localités plus éloignées de la frontière, dont Nahariya », relate Arié Betito, en charge de l’Alyah et de l’Intégration à la Municipalité. Une situation difficile qui n’a pas empêché l’arrivée de plusieurs nouvelles familles.
Parmi elles, Aline Koubbi et son mari, qui ont fait leur Alyah à Nahariya en août. Leur décision avait été longuement mûrie et rien n’aurait pu les dissuader, pas même la guerre. « Cela faisait des années que nous planifiions notre départ en Israël et nous attendions que je sois à la retraite pour sauter le pas. Nous avons opté pour cette ville car notre fils y vit déjà », explique Aline. Leurs autres enfants, restés en France et très inquiets de la situation en Israël, n’ont pas compris leur choix.
En dépit des roquettes qui tombaient sur la ville, le couple d’olim a pris le parti de vivre un quotidien aussi normal que possible. Tout en respectant les consignes de sécurité, Aline Koubbi a continué à aller à l’oulpan, à ses cours de gym, ou à participer à la confection de colis pour les soldats. « Dans la vie, on ne sait pas ce qui va nous arriver dans la prochaine heure ou les prochains jours. Ce n’est pourtant pas ce qui nous empêche de vaquer à nos occupations », dit cette retraitée, un brin fataliste. Chose étonnante, c’est elle qui rassurait ses proches en France lorsqu’ils s’inquiétaient : « Une sirène s’est déclenchée un jour alors que j’étais dans la rue en train de parler avec mon fils au téléphone. Il était complètement paniqué pour moi. J’ai dû le rassurer en lui disant que tout allait bien se passer et que j’allais trouver un abri », raconte Aline Koubbi.
Johanna Maman vivait à Versailles avec son mari et leur petite fille de deux ans et demi. Après le 7 octobre, elle a eu un déclic, désireuse de « retrouver son peuple et son pays ». La famille s’est installée à Nahariya fin juillet. « Pendant les moments les plus difficiles, nous nous sommes inspirés de la résilience israélienne, de cette capacité à continuer malgré tout », confie Johanna.
Ces nouveaux arrivants ont également bénéficié de la grande solidarité des habitants de la ville. « Les gens sont vraiment bienveillants et se disent admiratifs de notre Alyah. Avec la situation sécuritaire, nous avions un peu peur d’être perçus comme des “cheveux sur la soupe”, mais ce n’est pas du tout le cas », constate la jeune femme. Ces olim ont également pu compter sur une aide psychologique en cas de besoin, mais aussi et surtout sur Arié Betito qui les soutient et veille sur eux à chaque instant. Enfin, c’est leur sionisme qui a fait la différence. « Il faut beaucoup d’amour d’Israël pour quitter sa vie en France, et encore autant pour tenir dans une telle situation », commente Arié Betito.
Tous veulent désormais croire dans la viabilité du cessez-le-feu, qui devrait leur permettre d’entrer de plain-pied dans leur nouvelle vie.
Article de Johanna Afriat pour Actualité Juive numéro 1761