L’Institut d’études politiques (IEP) de Strasbourg a annoncé jeudi « renouveler l’avis favorable » à son partenariat avec l’université Reichman de Herzlya, en Israël, qui avait été suspendu en juin dans le contexte entre Israël et le Hamas à Gaza.

Réuni mercredi soir, le Conseil d’administration de l’établissement a adopté un texte qui « réaffirme la confiance » de Sciences Po Strasbourg  envers l’université Reichman et exprime « son soutien à la poursuite du partenariat », indique Jean-Philippe Heurtin, le directeur de l’IEP, dans un communiqué.

Patrick Hetzel, ministre démissionnaire chargé de l’Enseignement supérieur, a applaudi sur X « une décision salutaire qui réaffirme les valeurs de coopération universitaire face aux dérives partisanes ».

Le Conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg a rappelé « le caractère privé de l’université Reichman, ce qui signifie sa pleine indépendance financière vis-à-vis du gouvernement israélien ».

Il a également relevé la « diversité de positions concernant les réformes illibérales et la conduite de la guerre » parmi les enseignants-chercheurs de l’université Reichman, et la présence parmi eux de « voix critiques » à l’encontre de l’actuel gouvernement israélien.

Il avance que le soutien de cette université aux forces armées israéliennes « se limite à la collecte de denrées alimentaires, à la mise en place de soutiens psychologiques et à une attention aux étudiants réservistes mobilisés ».

Le Conseil d’administration de l’établissement a aussi adopté une autre motion appelant à « rejoindre l’ensemble des forces sociales et politiques qui réclament un cessez le feu immédiat et pérenne et la libération des otages détenus par le Hamas ».

Le 3 décembre, un précédent Conseil d’administration de l’établissement, avec le même ordre du jour, avait été empêché par l’irruption d’étudiants anti-Israël.

Toutefois, cette décision fait toujours débat.

Mercredi soir, cinq des douze enseignants-chercheurs siégeant au conseil d’administration ont annoncé leur démission pour protester contre le rétablissement des liens avec l’université Reichman.

De son côté, l’association étudiante Alternative Étudiante Strasbourg (AES) a vivement critiqué cette décision, accusant l’IEP d’être « complice du génocide en Palestine ! ». La controverse semble loin d’être terminée.

La suspension du partenariat entre Sciences po Strasbourg et l’université Reichman avait été votée en juin mais rendue publique en octobre.

La motion à l’origine de cette décision estimait que l’université Reichman affichait un soutien jugé trop marqué à la guerre israélienne contre les terroristes du Hamas. Elle critiquait notamment les liens entre l’université et Tsahal ainsi que les services secrets israéliens.

Cette décision était le résultat d’une motion présentée par la liste Solidarit’Etudiants qui, tout en condamnant « sans réserve l’attaque terroriste subie par la population israélienne le 7 octobre 2023 », dénonçait les positions de l’université Reichman, « profondément bellicistes et dénuées de toute perspective humaniste (…) au regard de la guerre en cours à Gaza ».

Cette suspension avait suscité de nombreuses réactions au sein de la classe politique. Jean-Noël Barrot, alors ministre des Affaires étrangères, avait jugé la décision « affligeante ».

Cette motion avait été adoptée malgré l’opposition du directeur de l’IEP, qui avait ensuite cherché à faire invalider cette décision. Un nouveau vote, prévu le 3 décembre, avait été empêché par des étudiants anti-Israël pro-palestiniens perturbant la séance.

Hetzel s’était, toujours en octobre exprimé fermement contre la suspension du partenariat, la qualifiant d’« inacceptable ». Il avait alors déclaré qu’il « ne faut pas confondre la liberté d’expression, qui doit être totale, avec l’instrumentalisation politique dont elle fait l’objet sur certains campus. »

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