L’entreprise fondée par Jeff Bezos a unilatéralement décidé de faire revenir ses salariés au bureau –parfois contre leur gré– et leur a ensuite fait savoir qu’il n’y avait pas assez de place pour les accueillir, comme le raconte le média en ligne américain Quartz. En définitive, «venez, vous serez plus efficace dans des bureaux trop serrés que chez vous»…

Annoncé au mois de septembre, l’abandon du télétravail et le retour au bureau généralisé à partir du 2 janvier 2025 n’auront finalement pas lieu chez Amazon, en tout cas pas complètement dans les faits. En cause, une pénurie d’espace dans les bureaux qui ne seront pas capables dans l’immédiat d’accueillir tout le monde cinq jours par semaine. Dans certaines villes des États-Unis, les bureaux du géant du commerce en ligne ne pourront pas mettre cette nouvelle politique en vigueur avant mai 2025.

Oui, au sein d’une multinationale aussi puissante qu’Amazon, on peut faire preuve d’un amateurisme total, annoncer un retour au bureau à une date précise et réaliser deux mois après (et deux semaines avant l’échéance) que l’on n’a pas du tout préparé les bureaux en question. Les employés de certaines antennes ont ainsi reçu des notifications les encourageant à garder, au moins pour quelques semaines, leurs habitudes de travail à distance.

Ce sont particulièrement les très grandes villes, où l’entreprise s’est installée dans des centre d’affaires coûteux et très demandés, qui ont contraint les bureaux d’Amazon a repousser cette échéance. Les antennes du groupe situées à Atlanta (Géorgie), Houston (Texas), Nashville (Tennessee) ou New York sont actuellement incapables d’accueillir tous leurs employés et travaillent à adapter leurs locaux pour concrétiser cette volonté de la direction.

Encore moins de télétravail qu’avant la pandémie

L’annonce émise le 16 septembre par le directeur général d’Amazon, Andy Jassy, avait à l’époque fait grand bruit et envoyé un signal qui a encouragé certains salariés à s’interroger sur leur avenir au sein de l’entreprise. Un mois plus tard, Matt Garman, patron d’Amazon Web Services (AWS), confirmait la position de la multinationale en expliquant que le télétravail était un frein à l’innovation et en suggérant même aux employés réfractaires et mécontents d’aller voir ailleurs. De quoi alimenter un débat qui s’installait de plus en plus dans tous les secteurs et en particulier dans la tech.

En imposant ce retour au bureau cinq jours par semaine, Amazon se montre plus strict encore qu’à l’époque qui a précédé la pandémie de Covid-19. Ce n’est donc pas «un retour à la normale» pour l’entreprise, mais bien une inflexion prise par la direction dans sa gestion de ses effectifs. Pour beaucoup d’entreprises, l’après-Covid n’est donc qu’un prétexte pour exercer davantage de contrôle sur les employés, au risque de se les mettre à dos et sans garantie d’améliorer la productivité, comme le rappelle une étude menée par l’université de Pittsburgh (Pennsylvanie) et publiée en janvier 2024.

Si les entreprises abandonnent le télétravail, c’est avant tout parce qu’elles s’y prennent comme des manches

Cette stratégie d’Amazon est loin d’être anecdotique, puisqu’elle légitime un peu plus la volonté de la direction des autres entreprises de se montrer plus contraignante avec leurs salariés. Si Amazon le fait, pourquoi pas elles? Un grand nombre de sociétés américaines ou internationales ont d’ores et déjà fait savoir qu’elles voulaient voir tout le monde revenir au bureau, aux dépens des souhaits des employés, mais aussi de l’engagement environnemental, puisqu’elles contribuent ainsi à densifier le trafic routier et les transports vers leurs locaux.

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