JACQUES BENDELAC. EDITORIAL. (T.O.I.). En ce début d’hiver, ce n’est pas le froid qui inquiète les Israéliens mais plutôt la rigueur des coupes budgétaires que prépare leur gouvernement pour financer la guerre et combler les déficits.
A l’approche de 2025, le vocabulaire économique des Israéliens s’est enrichi d’un nouveau terme : hakpaa en hébreu, ou « gel » en français.
Quel est donc ce gel qui menace les Israéliens ? Il ne s’agit pas d’un effet du changement climatique ; il s’agit, plus concrètement, de la politique économique de rigueur que le gouvernement israélien entend mener en 2025.
Pour réduire le déficit public qui dérape depuis le début de la guerre, le ministre des Finances Bezalel Smotrich a publié un programme économique détaillant les mesures d’austérité qui ne manqueront pas de toucher au portefeuille des Israéliens.
Le document intitulé Projet de plan économique pour 2025 contient 243 pages ; le ministère des Finances a évité l’emploi d’expressions embarrassantes comme « hausse des impôts », « baisse des revenus » ou « coupes budgétaires » qui auraient pu agacer le lecteur inquiet pour son niveau de vie.
En revanche, le document du ministère des Finances utilise 34 fois le terme hakpaa ; beaucoup de mesures prennent la forme d’un gel, terme plus élégant que restrictions.
Gel des impôts
L’exemple le plus marquant est le gel du barème de l’impôt sur le revenu : tous les ans, les tranches de revenu imposable sont indexées sur le taux d’inflation afin de protéger les contribuables d’une augmentation de la fiscalité liée à la seule hausse des prix.
À un moment où l’inflation relève la tête, l’indexation permet de maintenir le pouvoir d’achat en ajustant les revenus au coût de la vie.
En 2024, l’inflation sera de l’ordre de 3,5%, ce qui aurait dû conduire à une revalorisation des tranches et crédits d’impôt du même taux ; autrement dit, le gel des impôts prévus pour 2025 (la non-indexation à l’inflation), va réduire de 3,5% le revenu disponible de l’Israélien moyen. Même les travailleurs non soumis à l’impôt en raison de leurs bas revenus seront susceptibles de devenir redevable de l’impôt si leur salaire indexé à l’inflation dépasse dorénavant le minimum imposable.
Du reste, les salariés, indépendants et autres professions libérales ne seront pas les seuls touchés par la non-indexation de leur revenu à l’inflation : les retraités aussi paieront davantage d’impôt sur leurs pensions.
Gel des revenus
Par ailleurs, de nombreux revenus bruts seront gelés en 2025, c’est-à-dire que le pouvoir d’achat de leurs bénéficiaires sera amputé du montant de l’inflation, même s’ils ne sont pas imposables.
Les revenus gelés auront des formes très variées comme le salaire minimum, le salaire des fonctionnaires, les primes de vacances, les indemnisations des survivants de la Shoah, les aides aux soldats démobilisés, etc… Même les aides financières aux nouveaux immigrants (le panier de l’intégration) seront bloquées en 2025 à leur niveau de 2024.
Les Israéliens se préparent donc aux gels budgétaires de 2025, mais pas tous : au dernier moment, le gel des allocations sociales a été annulé pour être remplacé par le relèvement des cotisations sociales. Le chef du parti Shass Aryé Déry a usé de son influence sur le gouvernement pour éviter un coup dur aux plus défavorisés qui forment le gros de son électorat…